La nicotine est-elle efficace pour lutter contre le coronavirus COVID-19 ? C’est en tout cas ce sur quoi se penchent certains chercheurs, sur la base d’études statistiques. Les fumeurs seraient en effet moins enclins à tomber malade que les autres.
Curiosité et études font science
Une étude chinoise, publiée dans le New England Journal of Medicine (revue avec comité de lecture) montre une proportion de fumeurs de 12.8 % chez les malades atteints du coronavirus, alors qu’elle est de 28 % dans la population chinoise. Une autre statistique, publiée par l’AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) signale quand à elle 8,5 % de fumeurs chez les malades contre 25,4 % de fumeurs dans la population.
Il y a de quoi s’interroger : la plupart des maladies virales touchent indifféremment fumeurs et non-fumeurs, et les complications sont souvent au désavantage des fumeurs (source : JIM). Là, l’effet est inversé, avec 4,4 % de fumeur parmi les patients hospitalisés avec une forme grave de coronavirus.
Zahir Amoura, le professeur de médecine interne qui a mené l’étude à l’AP-HP, reformulait pour RTL : « Il y 80% de moins de fumeurs chez les patients Covid qu’en population générale de même sexe et de même âge ».
Certains retours de terrains, qui n’ont néanmoins pas fait l’étude spécifiques et sont donc à prendre avec des pincettes, feraient part d’aggravation subite de l’état de certains patients subitement sevrés de la nicotine. Jean-Pierre Changeux, neurobiologiste spécialiste des récepteurs nicotiniques, suggère que la nicotine pourrait empêcher le virus de se fixer, limitant ainsi sa propagation.
Les professeurs Changeux et Amoura restent néanmoins très prudents : la nicotine est addictive, et la mortalité due au tabac est bien supérieure à celle du COVID-19. Le rapport bénéfice/risque est donc en défaveur de la cigarette, mais cela mérite une étude sur la nicotine. Sous l’égide des deux scientifiques, des essais vont bientôt débuter.
Dès qu’ils auront reçu le feu vert des autorités, des patches nicotiniques vont être administrés à trois publics différents, et à des dosages différents : à des soignants, en préventif, pour voir si cela les protège, à des patients hospitalisés, pour voir si les symptômes diminuent et à des patients graves en réanimation, pour voir si leur état inflammatoire s’atténue.
Et la vape ?
Les études menées par le professeur Amoura laissent à penser qu’elles n’ont été menées que sur des consommateurs de tabac combustible. Aucune mention n’est faite de vapoteurs, et l’on ignore si ceux-ci on été considérés comme des fumeurs ou comme des non-fumeurs.
Mais ceci pourrait bien constituer une chance pour la vape, s’il s’avérait que la nicotine est efficace pour lutter contre la diffusion du coronavirus. Moyen d’administration alternatif au patch, elle permettrait peut-être de laisser certains patients continuer à consommer de la nicotine de façon plus incitative que le patch, tant il semblerait étonnant que le tabac soit, même si il est efficace, autorisé aux soins intensifs.
En attendant les résultats de ces études, et la façon dont ils seront exploités, mieux vaut observer toutes les réserves possibles et imaginable. Si, en effet, le COVID-19 tue environ 1 malade sur 30, un chiffre qui restera à préciser une fois l’épidémie terminée, le tabac tue un fumeur sur deux, et ce chiffre là est amplement démontré.