Les fabricants d’e-liquide, pour se distinguer ne peuvent plus uniquement se contenter de sortir un produit de qualité. Le marketing, qui donne envie de tester le liquide, compte beaucoup. Belle imagerie, belles étiquettes… Certains en oublient parfois l’aspect pratique.

L’air malin avec la vue basse

Une boutique de vape qui marche obéit aux trois règles de base de l’immobilier : d’abord, l’emplacement, ensuite, l’emplacement, et enfin, l’emplacement. Avec une plus grande latitude, mais le sujet n’est pas là : la question est que, bien souvent, les boutiques de vape ne sont pas installées où elles le voudraient, mais où elles le peuvent.

Sur le même principe, elles ne disposent pas du local qu’elles voudraient, mais du local qu’elles peuvent. Les parties les plus accueillantes sont réservées prioritairement à l’accueil du public, alors que les parties techniques, réserve par exemple, sont les endroits les plus vétustes, et souvent, les moins biens éclairés.

Pourquoi parler de ça ? Et bien, imaginez un vendeur, soit qui a passé la quarantaine et qui a la vue qui baisse, soit qui a la vingtaine et la vue naturellement basse, obligé d’aller dans un endroit sombre déchiffrer une étiquette, certes jolie, mais rédigée avec des caractères minuscules sur un papier brillant, en noir sur fond foncé.

Les limites pratiques du marketing

C’est un phénomène qui peut apparaître idiot, formulé comme ça, mais qui pourtant trouve sa concrétisation tous les jours en magasin physique. Selon un axiome simple : moins le produit sera pratique à vendre, moins il sera mis en avant.

Surprenant ? Pas tellement. Le choix des vendeurs en boutique est vaste, et si beaucoup de clients choisissent eux-même leurs liquides au bar à vape, une majorité, spécialement des débutants, font une sélection en suivant les conseils du vendeur, qui cherchera à les orienter en tenant compte de leurs goûts… Et de son propre intérêt.

Si l’on ajoute à cet axiome le fait qu’une majorité de vapoteurs, quand ils ont trouvé un liquide qui leur plaît, y reste fidèle, consciemment ou on, le vendeur cherchera à lui faire adopter un produit pratique, c’est à dire qui tient compte de deux contraintes : qui est disponible régulièrement, et qui est simple à servir.

Sur la disponibilité des liquides, inutile de s’attarder : il n’y a rien de plus désagréable, pour le client comme pour le vendeur, de proposer un liquide qui est régulièrement en rupture de stock. Sur certaines marques haut de gamme destinées à une vape un peu exceptionnelle, c’est tout à fait compréhensible, mais sur un liquide all day, c’est moins acceptable.

La simplicité à servir un liquide est également un paramètre aisément compréhensible : le client demande son produit, le vendeur va le chercher et le lui donne. L’opération ne doit pas prendre plus de quelques secondes. Si le vendeur met de longues minutes rien qu’à déchiffrer l’étiquette pour donner au client le bon liquide et le bon dosage, c’est préjudiciable pour tous : le vendeur qui s’agace et qui se fatigue, le client, qui attend pour rien, et les autres clients de la boutique, qui attendent leur tour et perdent également leur temps.

Le grain de sable

Détail ? Peut-être. Mais il n’empêche : bon nombre de vendeurs en shops se plaignent de la difficulté de lire certaines étiquettes, et ont tendance à ne pas mettre ces liquides en avant, malgré leur qualité. Ce qui ne se traduit pas forcément pour le fabricant par une perte de chiffre d’affaire forcément perceptible : le liquide ne vend, mais pourrait se vendre mieux, simplement il est impossible de s’en rendre compte.

Et qui irait penser à un détail pareil ? Saturation du marché, concurrence effrénée, liquide pas en adéquation avec les goûts du public, la mode ou la saison… Les fabricants creusent les raisons du manque de succès d’un liquide, mais combien se demandent si ils l’ont conçu pour simplifier la vie du vendeur ?

Certains rétorquerons que les vendeurs n’ont qu’à aller chez un ophtalmologiste, ou que le patron n’a qu’à revoir l’éclairage ou la disposition de sa boutique. Oui, mais non. Déjà, parce que décrocher un rendez-vous chez l’ophtalmo, ça prend des mois, parce que la boutique, on en a parlé, n’est pas forcément aménageable à l’idéal, et qu’ensuite, ce n’est pas au vendeur de faire l’effort, c’est au fabricant.

C’est quand même dommage, avoir travaillé sur les qualités du liquide pour plaire au consommateur et faire des efforts sur l’offre commerciale pour plaire au patron du shop, et perdre des ventes juste parce qu’on n’a pas pensé à simplifier la vie au vendeur…

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