Si il y a bien un métier qui fait rêver, c’est hôtesse de l’air ou steward. Parcourir le monde à bord d’un avion, voir du pays… et faire face aux pire galères, comme le raconte avec humour Isabelle Tronquet, hôtesse de l’air, écrivaine et blogueuse. Interview de haut vol.
Le Vaping Post (VP) : Isabelle Tronquet bonjour, merci beaucoup de répondre aux questions du Vaping Post. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter ?
VP : Vous êtes l’auteure, aux Éditions de l’Opportun, de deux livres, « Attachez vos ceintures – Décollage immédiat » et « Confidences d’une hôtesse de l’air ». Quelle est la genèse de ces livres ?
IT : Depuis une dizaine d’année, je tiens le blog flying-mama.com , où je parle principalement de ma vie de maman hôtesse de l’air, et de la difficulté de concilier ces deux casquettes. Le temps passant, je me suis aperçue que je n’avais jamais vraiment démystifié ce qui se passait réellement à bord de mes avions. J’ai donc collecté les récits de nombreuses expériences, toutes plus hallucinantes les unes que les autres, vécues par certains de mes collègues et moi même.
VP : Il s’en passe de drôles là-haut. Où s’arrête le rôle d’une hôtesse de l’air ? A partir de quel moment pouvez-vous dire « non, là, la situation devient trop dingue, je laisse tomber » ?
IT : On ne peut pas vraiment laisser tomber lorsque l’on est hôtesse de l’air dans un avion. Personne à qui refiler le bébé en quelque sorte, à part un autre membre d’équipage. Chacun se relaie comme il peut mais à la fin du vol, il est impératif qu’aucun des problèmes rencontrés n’ait dégénéré. Nous sommes capables de bien des miracles, tant au niveau relationnel que médical, etc…
VP : Il y a un paragraphe dans votre contrat ou le règlement de votre compagnie qui vous interdit de rire face à certains situations un peu… Ridicules, par exemple ? Parce que, quand on lit votre livre, certaines fois, on se demande comment vous n’êtes pas partie en fou-rire ?
VP : Il y a des fois où vous vous êtes sentie en danger face à un passager particulièrement agité ?
IT : À partir du moment où une personne, sous l’empire d’un état alcoolique, ou bien de drogues ou de médicaments, la reprise de contrôle est très compliquée. Nous sommes dans un endroit assez exigu, et maîtriser ce genre de personne peu s’avérer très dangereux, surtout si l’hôtesse pèse 45 kg et le passager en question 120… J’avoue que c’est assez rare, et heureusement, parce que je ne suis clairement pas de taille à maitriser par la force ce genre d’individu!
VP : C’est quoi la demande la plus bizarre qu’on vous ait faite en vol ?
IT : Au moment du survol de Madrid, une passagère m’a demandé si on pouvait s’arrêter là parce que c’était sa destination finale… Nous arrivions de Buenos Aires, mais notre altitude ne nous permettait pas de la débarquer !
VP : Il y a plein de légendes sur l’aviation, le fait qu’un bébé naisse en plein vol, par exemple, qui lui vaudrait la gratuité à vie, c’est vrai, ça ?
IT : Absolument pas ! On ne peut pas inciter des femmes sur le point d’accoucher à prendre l’avion en leur faisant miroiter un si joli cadeau de naissance ! Ça serait complètement fou. Nous ne sommes pas bien équipés à bord de nos avions pour pratiquer autre chose qu’un accouchement parfait. Un cordon autour du cou, un accouchement par le siège, une hémorragie, le rêve peut tourner au cauchemar d’une seconde à l’autre.
VP : Et c’est quoi ce fameux club des 10000 ? (Et non, je ne vous poserai pas la question de savoir si vous en faites partie, c’est trop indiscret).
IT : Je ne répondrai qu’en présence de mon avocat ahahaha ! Le club des 10000, est un club complètement virtuel, dont se vantent de faire partie les personnes qui ont eu des relations sexuelles à bord d’un avion, à plus de 10000 mètres d’altitude ! Ce fantasme a la vie dure, et il est fréquent que des passagers, en couple ou qui ne se connaissaient pas avant le vol, cherchent à l’assouvir.
VP : Quand on suit un peu vos pérégrinations, on vous voit voyager dans le monde entier, avec parfois assez de temps pour profiter des lieux où vous faites escale… Mais, du coup, les vacances parfaites, c’est quoi ? Rester chez vous à cocooner ?
IT : J’ai en effet parfois besoin de me recentrer sur mon chez-moi, ma famille, mon fils en particulier. Cette année, cela m’a longuement été offert par le covid 19. Maintenant, c’est bon, je suis à nouveau prête à partir sillonner le monde. J’ai de la famille aux quatre coins de la planète que je rêve de voir autrement qu’en Visio !
VP : Il y a un pays où vous avez toujours voulu aller mais où vous n’avez jamais fait escale ?
IT : Mon grand rêve à moi, c’est de partir un long mois en Namibie et d’emmener mon fils voir des animaux en liberté dans leur habitat naturel tant qu’il en existe encore. S’il n’y avait pas eu ce virus en 2020, nous nous y serions rendus cette année.
VP : Au Vaping Post, on parle beaucoup de vape et d’addiction nicotinique… Les passagers en manque de tabac sont ils vraiment plus compliqués à gérer ?
VP : Quels conseils donneriez-vous à un consommateur de nicotine lors d’un vol long courrier pour éviter le manque ?
IT : Grignoter, regarder des films, se promener dans l’avion, ou bien dormir, quitte à s’aider de médicaments légers pour y parvenir peuvent être des solutions. Il existe aussi des substituts nicotiniques très performants. Le mieux est de demander conseil à son médecin avant le voyage.
VP : Vous avez des formations spécifiques, d’ailleurs, sur le tabac, la vape, la dépendance ?
IT : Nous n’avons pas de formation particulière, mais nous connaissons les lois qui concernent nos avions, et sommes habilités à les faire appliquer, sous la tutelle du commandant de bord. Nous sommes par ailleurs d’excellents psychologues, ce qui nous permet, avec douceur, d’aider des personnes à mieux passer ces longues heures sans nicotine.
VP : Quelle est la politique de votre compagnie aérienne concernant la vape ? Et quels conseils donneriez-vous à un vapoteur pour transporter son matériel ?
VP : Que diriez-vous à un ou une jeune qui voudrait faire hôtesse ou steward ?
IT : J’ai l’impression d’avoir commencé hier et d’être encore une toute jeune hôtesse parfois. On ne se voit pas vieillir, il n’y a aucune routine. Il engendre cependant une fatigue intense, notre espérance de vie est souvent diminuée. Mais quelle vie ! Que d’expériences incroyables en vol ou en escale ! Même si le métier change, comme c’est le cas depuis 20 ans, que les rythmes s’intensifie, que les escales se réduisent, qu’elle chance nous avons de continuer à être des nomades du ciel !
VP : Isabelle, merci d’avoir répondu à nos questions, la dernière est pour vous, que souhaiteriez-vous dire aux lecteurs du Vaping Post ?
IT : N’oubliez pas de garder votre cigarette électronique sur vous (éteinte ), lors de vos voyages, et profitez du paysage !
Les livres d’Isabelle sur la page des éditions de l’Opportun :
www.editionsopportun.com/auteur/130/isabelle-tronquet
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