Les vapoteurs expérimentés diminuent la concentration en nicotine des e-liquides qu’ils utilisent mais en consomment une plus grande quantité pour maintenir leur niveau de cotinine constante. C’est la conclusion à laquelle est arrivée le professeur Jean-François Etter au terme d’une étude conduite entre 2013 et 2015.

les vapoteurs compenseraient une concentration plus faible de nicotine par une plus grande consommation d’e-liquide

analyses-liquidesJean-François Etter a publié récemment une étude [1] dans la revue Drug and alcohol dependence.  98 vapoteurs exclusifs, recrutés à travers des sites internet et des forums spécialisés lui ont transmis pour analyse un premier échantillon de salive puis un second 8 mois plus tard, accompagnés les deux fois d’un questionnaire décrivant leur utilisation du vaporisateur. Il étaient anciens fumeurs et utilisaient la cigarette électronique quotidiennement depuis 9 mois en moyenne au moment du premier prélèvement.

Les analyses des seconds prélèvement effectués huit mois après les premiers ont révélé des taux de cotinine dans la salive en progression alors que les vapoteurs déclaraient un nombre de bouffées quotidiennes constant, des concentrations de nicotine d’e-liquides plus faibles mais une augmentation de la consommation d’e-liquide.

Ce constat suggère que les vapoteurs compenseraient une plus faible concentration de nicotine par une plus grande consommation d’e-liquide.

Jean-François Etter avance plusieurs hypothèses dont l’évolution de la puissance des dispositifs et aussi la probable amélioration de leur performance dans la délivrance de la nicotine. Deux autres hypothèses peuvent expliquer la diminution du taux de nicotine.

Projet d’abstinence, méfiance envers la nicotine, évolution de la façon de vapoter ?

D’une part certains vapoteurs souhaitent aller vers une abstinence complète, d’autre part la crainte à l’égard de cette substance s’est développée suite à des rapports alarmistes relayés dans les médias et d’une conception erronée de certains acteurs de santé publique des facteurs de risque associés à la combustion, la tabac non fumé et la nicotine. Le professeur s’interroge aussi sur la possibilité que certains consommateurs aient modifié leur comportement de vapoteur.

Sans remettre en cause la moindre toxicité de la vapeur par rapport à la fumée, le professionnel de santé publique voit là tout de même un effet indésirable et encourage les vapoteurs à préférer des taux de nicotine plus élevé avec l’inhalation d’une quantité moindre de vapeur.


[1] A longitudinal study of cotinine in long-term daily users of e-cigarettes
Etter, Jean-François, Drug & Alcohol Dependence, Volume 0, Issue 0, http://dx.doi.org/10.1016/j.drugalcdep.2016.01.003

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