Une manifestation lors d’une réunion du Hamptons Health and Safety Board (HHSB) a failli dégénérer en émeute après avoir été interrompue par des automobilistes furieux. En cause, l’interdiction de fumer seins nus dans sa voiture. Oui, vous avez bien lu. Mais eux, non. Ou comment passer d’un malentendu absurde à un autre malentendu non moins absurde.
La réunion de la terreur
Les réunions du Hamptons Health and Safety Board ne sont habituellement pas réputées pour leur particulière animation. La commission de santé et de sécurité publique, à l’organisation aussi austère que son nom l’indique, privilégie en effet plus volontiers les longues réunions pleines de cravates et de chiffres à la reconstitution de batailles pleines de sang et de fureur.
Mais voilà que cette paisible routine a été interrompue récemment par l‘irruption, lors d’une réunion, d’un groupe d’automobilistes bien décidés à en découdre. Une situation à laquelle les paisibles Hamptons ont rarement à faire face.
Et ces braves citoyens habituellement placides étaient vraiment remontés. Songez donc : on voulait les empêcher de fumer seins nus dans leur bagnole adorée ! Et même si la pratique est, somme toutes, peu répandue dans les Hamptons, qui préfère le polo, c’était une question de principe.
Les empêcher de fumer ou de vaper. Parce que, dans l’État de New York, pour le législateur, c’est pareil.
Il se trouve que, sur les rives de ce fleuve, on a construit un petit village américain dont vous avez peut-être entendu parler : New York.
Les Hamptons sont devenus, au fil du temps, un lieu de villégiature pour les riches New-Yorkais, et plus généralement pour une partie de l’élite intellectuelle et financière américaine. La petite bourgade de Saraponak est ainsi devenue le village le plus cher des Etats-Unis.
En un mot, les Hamptons n’ont rien d’une zone urbaine sensible et les seuls rapports qu’entretiennent les habitants avec les gangs, c’est quand ils regardent leur feuilleton à la télévision.
Tous à poil, c’est la guerre !
Il fut rapidement établi, en réalité, que cette histoire de sein qu’on ne saurait voir était un énorme malentendu. Le HHSB avait utilisé le mot « topless », non pas pour désigner le dévoilement de poitrines féminines ou masculines, mais dans le sens « top less », sans toit, référence au « roof top » des voitures, souvent amovible sur les onéreux modèles en circulation dans les Hamptons. La confusion avait été faite par un journaliste local qui lisait l’ordre du jour.
Pour faire simple : les voitures décapotables devaient restées capotées lorsqu’on s’allumait une cigarette, un cigare, et même lorsqu’on vapotait puisque l’état de New York ne fait aucun distinguo entre ces activités.
Ceci, suite à des plaintes d’automobilistes. Plaintes justifiées de la manière suivante : la route menant aux Hamptons est, le week end, souvent encombrée, et en proie à des embouteillages. De nombreux automobilistes, prenant leur mal en patience, profitent du soleil pour décapoter leur voiture et s’allumer, qui une cigarette, qui un barreau de chaise cubain, dans le plus pur style Wall Street, qui sa vape favorite parce que c’est bien meilleur.
Et les automobilistes non fumeurs, dans les voitures autour, déplorent cette habitude, parce qu’elle « génère dans l’aire une pollution qui peut avoir des effets néfastes sur leur santé ». Songez donc, on les oblige à côtoyer un fumeur à moins de sept mètres, et les empêcher d’emplir leurs poumons de l’air pur des Hamptons délicatement parfumé du monoxyde de carbone émis par des centaines de moteurs V8.
Tout est bien qui finit bien
Heureusement, c’est l’Amérique, et comme une production à gros budget Hollywoodienne (intégralement dépensée, on est dans les Hamptons, en voitures de luxe), ces braves citoyens ont été ramenés au calme, sans doute grâce à un discours sur le fait que les Américains devaient s’unir contre leurs ennemis naturels, la Corée du Nord, la Russie, les opposants aux armes à feu et Justin Bieber.
Tous ces braves gens ont donc renoncé à en venir aux mains et ont décidé de traiter le sujet comme tout bon américain. Ils s’expliqueront donc devant un tribunal, débourseront des sommes colossales en avocats et en détectives privés pour traîner leurs adversaires dans la boue, répandront les pires rumeurs sur la vie privée des membres du HHSB et remettront sans cesse en cause publiquement leur compétence, sans jamais oublier de souligner ce que coûtent ces fainéants incapables au contribuable américain. Bref, une vraie attitude de gentlemen civilisés.
Quand au touriste de passage, qu’il soit donc rassuré, il pourra donc vapoter, ou fumer, mais vapoter, c’est mieux pour la santé, on se tue à vous l’expliquer, seins nus, ou dans les bars à danseuses topless. Même s’il n’y en a pas, dans les Hamptons. Ce n’est pas vraiment, si vous ne l’aviez pas compris, le genre de la maison.