La vape est-elle un truc de mecs ? En voyant cette question un peu stupide et franchement sexiste posée sur un réseau social, nous nous sommes dit que, évidemment, non. C’était un peu court, alors nous avons décidé d’aller à la rencontre de femmes qui non seulement sont dans la vape, mais la font. Aujourd’hui Sarah Boudard, de Calumette.
Bonjour, tout d’abord, pouvez-vous vous présenter ? Qui êtes vous dans la vie, quelle est votre situation familiale ?
Mon conjoint entrepreneur a voulu se lancer dans la vape en ligne, j’ai adhéré et nous avons créé ensemble CALUMETTE, une entreprise familiale. Comme il avait déjà une société à s’occuper, au début c’est moi qui faisais tous les textes du site, les fiches article, la relation client, jusqu’aux colis ! Je faisais tourner la boutique au quotidien quasiment à moi toute seule et on pilotait à deux avec une vrai réflexion sur les valeurs et la stratégie, en s’appuyant sur l’expertise de Sébastien. J’ai créé mon métier en apprenant sur le tas. J’ai trouvé ma place dans la vape avec des valeurs qui me correspondent, moi qui venait du monde de la formation professionnelle avec des méthodes de management qui ne me convenaient pas. Ensuite nous avons structuré la société, j’ai passé le relais à des salariés et suis passé à d’autres missions au sein de la société.
Comment êtes vous devenue une vapoteuse ?
S.B : Je ne suis pas vapoteuse mais je me définis comme une vapoteuse de conviction, après avoir vu mon conjoint quitter le tabac pour le vaporisateur personnel. Et je porte les valeurs de la vape : participer à améliorer la santé, sécurité des produits, plaisir, liberté et indépendance par rapport à l’industrie du tabac. Voir les clients se libérer du tabac et revivre, retrouver le souffle, l’odorat, le goût suffit à faire de la vape une évidence pour moi.
Quelle fonction occupez-vous aujourd’hui au sein de Calumette ? Quel parcours professionnel avez-vous fait dans le vapotage ?
S.B : J’ai occupé tous les postes de la société : logistique, administratif, relation clients, rédactrice web, photographe produits. Et à chaque fois j’ai appris un métier différent qui m’était étranger à l’origine.
Aujourd’hui je suis toujours co-gérante de CALUMETTE avec mon conjoint, et nous poursuivons la structuration et le développement de la société. En tant que femme j’apporte un regard particulier sur le sens et les valeurs dans notre activité. Au-delà des débauches de marketing de beaucoup de marques, ce qui m’importe c’est l’éthique et la qualité des produits. J’estime qu’on se doit d’être différent de l’industrie du tabac, en promouvant uniquement des produits sains, j’y porte donc une grande attention, et nous continuerons dans ce sens.
Avez-vous rencontré des difficultés dans ce milieu du fait d’être une femme ?
S.B : La vape est un milieu assez masculin, mais je n’ai pas rencontré de difficulté particulière. Je pense que c’est comme toute entreprise, quand on est co-décideuse, les interlocuteurs commerciaux s’abstiennent et doivent bien faire avec (sourire). C’est plus dans l’entourage, que j’ai senti au début un peu de doute… probablement comme toute femme que se lance dans une création d’entreprise. Autrement dit, les difficultés éventuelles ne sont pas du ressort de la place de la femme dans la vape, mais de la place de la femme dans la société.
L’imagerie de la vape, sur les réseaux sociaux et dans la publicité, recours souvent à l’image du hipster barbu et tatoué ou de la bimbo dévêtue. Pourtant, quand on se poste à l’entrée d’une boutique, on se rend compte que le vapoteur est une vapoteuse la moitié du temps. D’où vient ce phénomène, d’après vous ?
S.B : Au début la vape était un peu confidentielle et réservée à quelques geeks qui postaient leurs vidéos. Cela a créé une image stéréotypée du vapoteur et de la vapoteuse, qui a persisté en partie (et que certains entretiennent pensant que cela fait vendre), alors que la réalité est toute autre : aujourd’hui le vapoteur et la vapoteuse sont monsieur et madame tout le monde, et de tout âge.
Quel est votre regard sur les vape girls ?
S.B : C’est conforme à notre ère des réseaux sociaux où il faut avoir le plus de like, faire le buzz etc. L’ère de la désirabilité de la génération Instagram… Je n’en pense rien de particulier, sans jugement, c’est le reflet de notre société de l’image.
Certaines sociétés, particulièrement des magasins, nous disent régulièrement qu’ils aimeraient recruter des femmes pour équilibrer des équipes majoritairement masculines, mais qu’ils n’en trouvent pas. D’après vous, les métiers de la vape sont moins attirants ? Ou il y a d’autres raisons ?
S.B : Les métiers de la vape ne sont pas moins attirants mais souffrent d’une image qui s’est inscrite dans l’imaginaire collectif : des produits pouvant paraître techniques et mécaniques donc supposés plus masculins. Or c’est surtout de l’écoute, de l’accompagnement, du conseil, tout cela est fondamental pour sortir du tabac et ce sont souvent des qualités féminines.
D’après votre expérience et les informations dont vous disposez, l’égalité salariale entre hommes et femmes est elle un fait, ou est-ce qu’il existe des disparités comme dans le reste du marché du travail ?
S.B : Je pense que cela dépend surtout des entreprises, en tout cas la disparité salariale hommes/femmes à poste égal n’est pas le cas chez Calumette.
Quels sujets vous tiennent particulièrement à cœur ?
S.B : La qualité des produits vendus, et l’éthique. L’avenir de la vape est l’exigence de qualité et l’éthique, par opposition à l’industrie du tabac.
Et enfin, la question vapoteuse : quels sont vos set-up et liquides préférés ?
S.B : Je ne vape pas, mais dans l’équipe nous avons des fans de Petit Nuage “La Petite Limo”, Furiosa Eggz “Doom” et plus classique : de la menthe bien fraîche. Le tout sur de l’Armour Pro, Zenith+T80, Dotmod MTL. On a des amateurs de tirage indirect !