Une nouvelle étude révèle la présence de diverses bactéries au sein de certaines cigarettes électroniques de première génération. Ses résultats sont cependant à tempérer.

2 bactéries détectées dans certains produits de la vape

Les vaporisateurs personnels sont-ils bourrés de champignons et de bactéries ? Si la question peut paraître surprenante, pour certains chercheurs, elle est on ne peut plus sérieuse. En effet, une équipe de scientifiques du National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH), a récemment mené une étude [1] sur le sujet. Selon ses résultats, 23 % des échantillons testés contenaient de l’endotoxine, et 81 % présentaient de grandes quantités de glucane.

Que sont les endotoxines et le glucane ?

L’endotoxine est un agent microbien faisant partie de la membrane externe des bactéries à Gram Négatif. Elle est présente de façon naturelle dans l’air, et dans des concentrations plus élevées que la normale dans la fumée de tabac, dans certains bâtiments professionnels où sont travaillés des textiles tels que le coton, mais également dans le milieu agricole ainsi que dans les installations d’incinération des déchets.

Le glucane est quant à lui un polymère de glucose présent dans les parois cellulaires de la plupart des champignons, plantes, ainsi que dans certaines bactéries et algues. Il est également présent naturellement dans la poussière domestique.

Méthodologie

Afin de réaliser leur étude, les chercheurs se sont procurés un total de 75 produits de la vape, répartis en deux groupes : 37 vaporisateurs personnels de 1e génération, également appelés cigalikes, et 38 flacons d’e-liquides nicotinés (classic, fruités, mentholés et gourmands) fabriqués par les 10 marques les plus vendues aux USA. 69 des 75 produits testés provenaient de 9 sites internet de sociétés, et les 6 restants, d’une boutique non-spécialisée.

Tous les échantillons ont été extraits en utilisant des techniques aseptiques.

Voir les méthodes utilisées afin de tester les produits

Extrait de l’étude après traduction :

« Tous les échantillons ont été extraits dans une hotte à flux laminaire en utilisant des techniques aseptiques ».

« Les cartouches, qui sont des chambres cylindriques, contiennent des tampons fibreux qui absorbent l’e-liquide et agissent comme une mèche pour délivrer le liquide à l’atomiseur. Des pinces dépyrogénées ont été utilisées pour retirer le tampon de chaque cartouche et en extraire le liquide. Le liquide provenant de trois cartouches du même produit provenant du même emballage a été mis en commun dans un bécher dépyrogéné et transféré dans des tubes de verre dépyrogéné pour être conservé et analysé. Les échantillons ont été dilués avec du LRW en dilution en série et testés, en double, pour trouver des dilutions minimales sans interférence ».

« Les échantillons de liquide électronique n’ont pas été mis en commun et une petite partie du liquide électronique a été prélevée dans une bouteille de liquide électronique. De la même manière que les échantillons de cartouches ont été prélevés, les échantillons d’e-liquide ont été dilués et testés pour trouver des dilutions minimales non interférentes ».

Résultats

Suite aux divers tests réalisés par les chercheurs, il s’est avéré que « les concentrations d’endotoxines étaient supérieures à la limite de détection dans 17 produits (23 %) et les concentrations de glucane étaient supérieures à la limite de détection dans 61 produits (81 %) ».

Dans le détail, 12 des 37 cigalikes analysés présentaient un taux d’endotoxine supérieur à la normale, tout comme 4 des 16 liquides classics (25%), 1 des 15 liquides mentholés (6,66 %), 7 des 29 liquides aux fruits (24 %) et enfin 5 des 15 liquides gourmands (33,33 %).

Concernant le glucane, les concentrations étaient supérieures « dans tous les produits testés pour 8 marques, et dans 3 des 7 et 8 des 18 produits des marques F et I, respectivement. Les deux contaminants microbiens étaient inférieurs à la limite de détection dans 13 produits (17 %), dont 3 des 7 produits de la marque F et 10 des 18 produits de la marque I » (voir tableau ci-dessous).

Concentrations d’endotoxines et de glucane pour les 75 produits testés

Des résultats à tempérer

Si diverses études ont d’ores et déjà démontré que l’endotoxine et le glucane peuvent conduire à divers troubles respiratoires, cette recherche a des limites que ses auteurs reconnaissent.

Les scientifiques expliquent ainsi n’avoir réalisé ces tests que sur des produits de 1e génération, et que les résultats communiqués pourraient être différents s’ils étaient reproduits sur des vaporisateurs personnels plus récents (atomiseurs, clearomiseurs, pods…).

Ils notent également ne pas avoir reproduit ces tests sur des produits similaires, mais provenant de lots différents. De plus, les scientifiques rappellent également ne pas avoir « évalué la contamination des aérosols inhalés par les utilisateurs ».

Et concernant la contamination justement, les auteurs de la recherche reconnaissent également qu’une contamination « peut s’être produite à n’importe quel moment de la production d’ingrédients ou de produits finis de la cigarette électronique ». Ce à quoi ils ajoutent que « des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si les contaminants microbiens présents dans les liquides électroniques avant l’aérosolisation entraînent des expositions ou des risques pour la santé des utilisateurs ».


[1] Endotoxin and (1→3)-β-D-Glucan Contamination in Electronic Cigarette Products Sold in the United States – Mi-Sun Lee, Joseph G. Allen, and David C. Christiani – Environmental Health Perspectives 2019 127:4 CID: 047008 – https://doi.org/10.1289/EHP3469

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