A l’origine du rapport de l’OFT en 2013, le Professeur Dautzenberg a contribué à dédiaboliser la cigarette électronique en France. Après la publication du récent rapport des autorités de santé anglaises sur le vaporisateur, nous l’avons interrogé pour connaître sa position.
95% moins dangereux que le tabac : Un rapport de réduction des risques trop pessimiste
Le rapport de risque de la vape face au tabac serait plutôt de 200 à 300 fois moindre.
Le pneumologue note que si cette position gouvernementale confirme que “la cigarette électronique ne sera jamais un produit complètement sain (…) les incertitudes sont de moins en moins nombreuses” et que ce produit “est beaucoup moins dangereux que la cigarette traditionnelle”.
Le rapport du PHE fournit notamment des chiffres sur cette dangerosité et indique que la cigarette électronique serait au moins 20 fois moindre que le tabac. Si Bertrand Dautzenberg juge que ce chiffre est réaliste, il reconnaît en revanche qu’il ne “repose pas sur des données scientifiques solides”. Selon lui le rapport de risque de la vape face au tabac serait plutôt de “200 à 300 fois moindre”. En tout état de cause, nous dit-il, “si le chiffre précis est inconnu, le bénéfice lui est certain”.
Une influence britannique souhaitable en France
A la question des répercussions de cette analyse britannique sur la politique française de lutte contre le tabagisme, cet expert en tabacologie n’a aucun doute. “Ce rapport a et aura des répercussions sur la politique des différents pays européens”. Le document publié le 19 août s’inscrit en effet dans une intense période législative où la transposition de la directive tabac est en train d’être discutée au sein des différents États membres.
Le Haut Conseil de Santé devrait revoir sa position face avec ces nouvelles données
“Les données rassurantes s’accumulent” confie le professionnel de santé qui rappelle encore une fois que l’e-cigarette “ne constitue pas une passerelle vers le tabagisme chez les jeunes et que dans la vie réelle elle est utilisée presque exclusivement par les fumeurs. Si l’on ajoute à cela la publication des normes AFNOR [ndlr : dont il a présidé les travaux], tous ces éléments rassurent les consommateurs et les décideurs”.
Bertrand Dautzenberg estime qu’il serait souhaitable qu’en France, le Haut Conseil de Santé (HAS) révise son rapport de façon à l’adapter “aux données nouvelles”.
Une Directive européenne très excessive
Interrogé sur sa vision de la nouvelle Directive sur les produits du tabac (TPD) Bertrand Dautzenberg est très clair : “Il ne faut pas tout réglementer de façon excessive”. Pour lui les précisions techniques en provenance de l’Union européenne sont “excessives” et soulève le paradoxe de normes techniques qui pourraient diminuer la sécurité des produits.
La France doit encadrer mais ne doit pas diriger l’évolution de la cigarette électronique
Il cite notamment l’exemple de la contenance maximum de 2 ml pour les réservoirs qu’il juge insuffisante. “Certains vapoteurs ont en effet besoin d’une quantité supérieure dans leur consommation quotidienne, ce qui les obligerait à remplir leur réservoir plus souvent et dans des conditions qui ne correspondent pas à une sécurité maximum.”
Avec le minimum de textes législatifs, déjà longs à modifier lorsque les évolutions technologiques changent, et quelques textes règlementaires adaptés, “la France doit encadrer mais ne doit pas diriger l’évolution de la cigarette électronique.”
“On ne peut que se réjouir qu’en France l’industrie du tabac reste quasi-absente du marché de la cigarette électronique. Les acteurs de la vape indépendante du tabac sont plus forts en France qu’au Royaume-Uni ou aux USA”. Une différence que le pneumologue juge très positive.