Une étude publiée ce mardi 8 décembre 2015 par des chercheurs de Harvard dans le journal scientifique “Environmental Health Perspectives” soulève une nouvelle fois la problématique du diacétyle et de l’acétyle propionyle dans certains e-liquides.
Alarmisme à l’université d’Harvard
Les chercheurs de la Harvard T.H. Chan School of Public Health expliquent avoir analysé 51 e-liquides de différentes marques et contenant différents arômes.
Selon leurs analyses 92% des échantillons contenaient au moins l’une des deux substances, et 76% contenaient du diacétyle. Au vu de leurs résultats les auteurs ont recommandé une action urgente afin d’évaluer l’étendue de l’exposition de diacétyle de e-cigarettes.
Réaction de Konstantinos Farsalinos, chercheur spécialisé dans l’étude sur les cigarettes électroniques
“Bien que je sois d’accord sur le fait que nous devrions savoir si les e-liquides contiennent du diacétyle et de l’acétyle propionyle, je dois noter que l’étude a omis quelques points très importants. L’un concerne l’évaluation des niveaux trouvés dans leurs échantillons.
Les niveaux présentés dans la figure 2 de leur étude sont assez bas, beaucoup plus bas que ce que nous avons pu trouver dans notre propre étude. Dans de nombreux cas, les niveaux de ces composés sont absolument minimes, et ne devraient pas soulever de préoccupations concernant leurs effets potentiels sur la santé. De plus les auteurs ont omis de mentionner la présence de ces composés dans la fumée de tabac. Cette omission donne l’impression que les e-cigarettes exposent les utilisateurs à un nouveau risque chimique, tandis que, en réalité, leur exposition sera beaucoup plus faible par rapport au tabagisme.
A propos de l’argument selon lequel les limites de sécurité définies par le NIOSH ne doivent pas être utilisées car elles renvoient à des seuils définis pour les environnements de travail et non à la population générale :
Cette dernière peut inclure des personnes vulnérables ou des personnes atteintes de maladies. Cependant, nous avons déjà fait valoir qu’un tel argument est inopérant pour une raison simple : les e-cigarettes sont utilisés par les fumeurs. Que vous soyez en bonne santé ou pas, le tabagisme sera un facteur de risque beaucoup plus fort comparé à toutes expositions potentielles provenant des cigarettes électroniques (au moins aux niveaux moyens trouvés dans notre étude et dans cette nouvelle étude). Ainsi, cet argument est invalide et se réfère uniquement aux personnes qui n’ont jamais fumé. Or tout le monde est d’accord sur le fait qu’il n’y a aucune raison pour qu’un non-fumeur se mette à utiliser une cigarette électronique, qu’elle contienne ou non du diacétyle dans son e-liquide.
En conclusion, l’article créé de fausses impressions et exagère le risque potentiel du diacétyle et de l’acétyle propionyle potentiellement contenus dans les e-liquides. Ils ont omis de mentionner que ces produits chimiques étaient bel et bien présents dans la fumée du tabac et ont ainsi violé un principe toxicologique classique qui veut que ce soit la quantité d’un composé qui détermine son risque et sa toxicité.
Je suis un fervent partisan de l’élimination de toutes traces de diacétyle et d”acétyle propionyle dans les e-liquides. Et je maintiens la même position aujourd’hui, en dépit des critiques. Ces produits chimiques ne doivent pas être utilisés dans les e-liquides. Cependant, nous devrions être responsables et réalistes afin d’évaluer la situation.
Les fumeurs ont besoin d’être informés sur les risques de continuer à fumer en comparaison du risque provenant de l’utilisation du diacétyle potentiellement contenu dans certains e-liquides. Nous ne devons pas oublier que le risque de décourager les fumeurs à utiliser les e-cigarettes comme un outil de sevrage tabagique est plus élevé que le risque d’être exposé au diacétyle et à l’acétyle propionyle, même aux niveaux moyens constatés dans cette étude.”
Via Ecigarette Research
Jean-Yves Nau a réagi sur son blog : “Cigarette électronique : nouvelle dramatisation des risques inhérents à l’inhalation d’additifs alimentaires”
Pour Jacques Le Houezec : “Une nouvelle étude va jeter le doute dans la tête des fumeurs”
Dans Libération, “Cigarette électronique, la confusion se poursuit”
Un article du New York Times pointait en 2009 des problémes de conflits d’intérêt de l’Université de médecine de Harvard avec l’industrie pharmaceutique.
La libre.be l’affirme “In fine, mieux vaut vapoter que fumer!”