Composé présent dans certains e-liquides, le sucralose possède un profil inquiétant. Nous vous expliquons pourquoi il vaut mieux l’éviter.
Un composé inquiétant
Depuis quelques années, certains fabricants d’e-liquides mettent en avant l’absence de sucralose dans leurs préparations. D’autres, lorsqu’ils sont questionnés sur la question, préfèrent botter en touche et éviter le sujet. Mais pourquoi autant de mystère autour du sucralose ? Ce composé représente-t-il un vrai danger pour les consommateurs ? Nous faisons le point.
Le sucralose est un édulcorant artificiel utilisé pour remplacer le sucre dont il provient. Il possède la propriété d’être 400 à 700 fois plus sucrant que le saccharose (le sucre traditionnel), tout en ayant la capacité de ne pas être métabolisé par l’organisme. Autrement dit, le sucralose offre un excellent pouvoir sucrant, et sans faire grossir. Dans l’industrie alimentaire, il est souvent utilisé dans les produits dits lights, ou allégés en sucre. Il est même possible de s’en procurer pour agrémenter son café, grâce à des produits comme le Canderel® par exemple.
Du sucre au chlore
Pour mieux comprendre le problème du sucralose dans les e-liquides, il est important de connaître la manière dont il est créé. Le sucralose est produit à partir de la molécule de saccharose dont on remplace trois groupes hydroxyles par des atomes de chlore. Ce faisant, on obtient du sucralose, c’est-à-dire une nouvelle molécule qui conserve un pouvoir sucrant, mais dont la structure chlorée empêche les enzymes digestives de le reconnaître comme une source d’énergie. Le sucralose peut donc passer dans le tube digestif, mais sans y être absorbé ni transformé en calories.
Le sucralose est autorisé comme additif alimentaire en Europe et aux États-Unis. L’EFSA et la FDA le jugent sans danger par voie orale, dans les limites de la dose journalière admissible. En revanche, ces évaluations ne concernent que l’ingestion. À ce jour, aucune autorité n’a évalué officiellement les risques liés à l’inhalation de sucralose dégradé par la chaleur dans le cadre du vapotage.
Si l’ingestion de la molécule de sucralose en tant que tel ne pose pas de problème particulier, tout est très différent avec la vape, puisque, dans le cadre de la cigarette électronique, le sucralose contenu dans les e-liquides est chauffé. Lors de ce processus, le sucralose produit des composés chlorés, comme l’acide chlorhydrique, le chloroacetaldéhyde, des hydrocarbures aromatiques polychlorés et des molécules de la famille des chloropropanols.
Parmi les molécules appartenant à la famille chimique des chloropropanols se trouve le 3-chloro-1,2-propanediol (3-MCPD), qui présente une forte toxicité et un aspect cancérogène pour l’Homme.
Une étude alertait dès 2019
En 2019, le laboratoire ingésciences s’est intéressé de près au sucralose lors d’une étude. Grâce à son robot spécialement fabriqué pour reproduire la manière dont un vapoteur se comporte avec une cigarette électronique, il a réalisé divers essais pour étudier la quantité de 3-MCPD présente dans l’aérosol inhalé par un utilisateur qui vapoterait un e-liquide contenant du sucralose.
Cette recherche a permis de mettre en lumière plusieurs points importants :
- La présence de sucralose dans un e-liquide conduit toujours à la formation de 3-MCPD.
- La quantité de 3-MCPD retrouvée dans la vapeur dépend du modèle de cigarette électronique utilisé.
- Plus l’e-liquide contient de sucralose, plus la quantité de 3-MCPD est élevée.
- Le sucralose noircit rapidement la résistance et sa mèche (réaction de Maillard).
Aujourd’hui, il n’existe aucune norme fixant une dose quotidienne tolérable quant à l’inhalation de 3-MCPD. Tout simplement parce qu’avant la popularisation du vapotage, il n’y avait aucune raison d’être amené à inhaler cette molécule.
L’absence de cette norme oblige à utiliser celle qui existe dans le cadre de l’ingestion. Et, comme l’a démontré ingésciences dans son étude, dans le cadre d’un régime de vapotage normal, la dose inhalée de 3-MCPD peut être jusqu’à 10 fois supérieures à la dose journalière tolérable. De plus, les quantités maximales journalières recommandées par les normes européennes sont fixées pour un mode de consommation par ingestion. En inhalant cette molécule dans le cadre du vapotage, celle-ci se retrouve dans le système pulmonaire, bien plus sensible que le système digestif.
Soulignons aussi que cette recherche ne s’est intéressée qu’au 3-MCPD. Lorsque le sucralose est chauffé, de nombreux autres produits de dégradation émergent, dont certains pourraient aussi représenter un risque sanitaire. Mieux vaut donc éviter le vapotage d’e-liquides qui en contiennent.
Certains e-liquides possèdent la certification AFNOR NF XP D90-300-2. Cette norme interdit explicitement l’utilisation du sucralose. Elle précise : « Les édulcorants suivants : acésulfame de potassium, aspartame, saccharinate de sodium, sucralose ne doivent pas être utilisés comme substance lors de la fabrication d’un e-liquide ». Acheter un e-liquide qui possède cette certification assure donc l’absence de sucralose dans sa composition.
Les questions fréquentes sur le sucralose
Par ingestion, les autorités sanitaires comme l’EFSA ou la FDA considèrent le sucralose comme sans danger dans les doses autorisées. En revanche, par inhalation, comme dans le cadre de la vape, il n’existe pas d’évaluation officielle complète. Des études montrent qu’il peut produire des composés toxiques quand il est chauffé.
Le sucralose apporte un goût sucré intense, qui peut renforcer les arômes fruités ou gourmands. Certains fabricants l’utilisent pour séduire les vapoteurs amateurs de liquides sucrés.
Oui, sauf dans les e-liquides qui répondent à la norme AFNOR NF XP D90-300-2.
Quand il est chauffé, le sucralose peut produire des composés chlorés, comme le 3-MCPD, considéré comme toxique et cancérogène. Il peut aussi encrasser plus vite les résistances.
Non. Il n’existe aujourd’hui aucune norme spécifique à l’inhalation de ces substances. Les seules références disponibles concernent l’ingestion, ce qui ne permet pas d’évaluer précisément les risques par inhalation.
Ce n’est pas toujours facile. Le plus simple reste de lire l’étiquette du e-liquide, bien que certains fabricants n’indiquent pas clairement la présence de cette substance. Par contre, certains liquidiers mettent en avant l’absence de sucralose comme argument commercial. Se procurer un e-liquide certifié par la norme AFNOR NF XP D90-300-2 est également l’assurance d’obtenir un produit qui ne contient pas de sucralose puisque cette norme en interdit l’utilisation.
Oui ! En fait, pour que ce composé produise un effet sucrant intéressant, il est nécessaire d’en intégrer une quantité minimum dans l’e-liquide. Même dans cette configuration, les quantités de 3-MCPD produites restent supérieures aux recommandations européennes.