La Nouvelle Zélande veut avoir éradiqué le tabac en 2025. Il lui reste huit ans pour atteindre cet objectif, c’est trop peu pour des chercheurs de l’Université de Otago qui présentent au gouvernement des stratégies qui pourraient l’aider.

Malgré les mesures, le tabagisme des Maoris est loin de l’objectif

En 2025, la Nouvelle-Zélande en aura fini avec le tabagisme. C’est en tout cas, l’objectif ambitieux affirmé par les autorités de santé. Néanmoins, selon des scientifiques de l’Université d’Otago, cela semble mal engagé, particulièrement lorsqu’on se penche sur le taux de fumeurs de certaines populations comme les Maoris.

Ces universitaires reconnaissent les progrès réalisés avec les mesures prises par le gouvernement comme la hausse annuelle des taxes, l’instauration du paquet neutre et la légalisation des cigarettes électroniques contenant de la nicotine.

L’impact de chaque mesure modélisé

Ils regrettent cependant l’absence de plan détaillé pour l’atteinte de l’objectif en 2025. Des recherches suggèrent, selon ces universitaires, que les taux de tabagisme quotidien chez les Maoris pourraient plafonner aux alentours de 17% à l’horizon prévu. Ils ont travaillé et évalué différentes stratégies pour aider le gouvernement. Les mesures qu’ils proposent recouvrent différents axes :

  • la hausse annuelle de la taxe sur les cigarettes, de l’ordre de 10% jusqu’en 2025.
  • la diminution significative du nombre de points de vente du tabac (un point de vente pour 50 000 habitants en 2025) ;
  • l’interdiction de vendre des cigarettes aux futures générations néo-zélandaises (la “génération sans tabac”) ;
  • l’application simultanée des trois mesures précédentes ;
  • la réduction annuelle de la quantité de tabac distribuée sur le marché jusqu’à son interdiction en 2025.

Pour évaluer l’impact de la mise en oeuvre de ces stratégies, les auteurs de cette étude parue dans la revue Tobacco Control ont conçu deux modèles prévisionnels. Le premier projette la future prévalence du tabagisme selon le sexe, l’âge et l’appartenance ethnique (Maori et non-Maori). Le second est une estimation des années de vie sauvées (QALY) et des dépenses de santé économisées. 

La première conclusion n’est pas la moins intéressante : les chercheurs ont constaté que toutes les stratégies accéléraient les progrès vers l’objectif, au regard de la politique actuelle et de son impact estimé. Elles diminuraient toutes aussi la disparité de la prévalence du tabagisme entre les Maoris et les non Maoris.

Figure 2 : Gains de santé (QALY) accumulés par décennie pour la durée de vie restante

Les universitaires concluent que la stratégie qui vise à empêcher la vente de tabac en 2025 est la seule qui permet d’atteindre l’objectif zéro fumeur chez les Maoris et les non-Maoris en apportant des gains de santé considérables (282 000 QALY) et en favorisant des économies sur les dépenses de santé de l’ordre de 5 milliards de NZ.

La cigarette électronique pour remplacer le tabac

Les auteurs soulignent que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les populations maories et les fumeurs les plus démunis, soutiennent  ces mesures, à la condition toutefois que des substituts efficaces de nicotine soient disponibles notamment les cigarettes électroniques.

Si la proposition de prohibition des néo-zélandais interpelle, elle n’est pas sans rappeler “Le grand soir des vapoteurs” un article d’Antoine Flahault rédigé en mai 2013. “Désormais,” constatait-il, “nous assistons probablement, avec l’arrivée des cigarettes électroniques, à une rupture majeure qui permet d’envisager la phase ultime, celle de l’interdiction totale et rapide du tabac fumé, avec peut-être la possibilité de son acceptation par la population.” 

Le sujet de la prohibition du tabac fumé avait été porté en juin 2015 par le Global Forum on Nicotine. Cette année là, son thème était en effet le “Endgame“, l’éradication du tabagisme. Clive Bates invité à présenter sa vision de la “fin de partie” avait averti des risques inhérents aux politiques de prohibition, notamment celui de la criminalisation. Il  soulignait également qu’un produit prohibé peut rester largement consommé et prônait – comme les chercheurs néo-zélandais – le recours aux solutions de réduction des risques, telles que la cigarette électronique. 

 

 

 

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