Il est très fréquent de constater que les utilisateurs de vaporisateurs personnels baissent progressivement le taux de nicotine utilisé dans leurs e-liquides. Une récente étude américaine apporte de nouveaux éléments qui viennent confirmer ce phénomène et qui proposent également une nouvelle approche du double usage tabac / e-cigarette. Explications avec Michael Siegel, professeur à l’Université de Boston.
Une nouvelle étude sur la trajectoire de l’utilisation des e-cigarettes révèle une baisse de la dépendance à la cigarette et à la nicotine
Dans l’une des premières études à se pencher sur la trajectoire de l’utilisation des cigarettes électroniques, Lechner et ses collègues ont montré qu’une utilisation prolongée d’e-cigarettes était associée à une diminution de la consommation de cigarettes traditionnelles ainsi qu’à une baisse du dosage de nicotine lors du vapotage.
(Voir: Lechner et al. Effects of duration of electronic cigarette use. Nicotine and Tobacco Research. Publié en ligne le 13 mai 2014. doi: 10.1093/ntr/ntu061.)
Voici les différentes méthodes employées pour réaliser cette étude : « Les individus ont été recrutés dans des points de vente de cigarettes électroniques d’une grande ville du Midwest des Etats-Unis en juillet 2013. Au total, 159 participants ont complété une autoévaluation en 29 points afin d’évaluer les comportements et les perceptions d’utilisation ».
Les résultats furent les suivants : « Une période prolongée d’utilisation de cigarettes électroniques était associée à une réduction du nombre de cigarettes traditionnelles consommées par jour et à des profils différents de dépendance aux cigarettes de tabac selon les antécédents de tabagisme. De plus, une période prolongée d’utilisation de cigarettes électroniques était associée à une augmentation de la fréquence d’utilisation. Cependant, ces résultats furent négligeables vu que l’utilisation de cigarettes de tabac a été prise en compte, ce qui suggère que les individus pourraient accroître la fréquence d’utilisation de cigarettes électroniques tout en réduisant la consommation de cigarettes de tabac. Dans l’ensemble, les vapoteurs ont eu tendance à diminuer le dosage de nicotine de leurs e-cigarettes indépendamment de la durée d’utilisation ».
Trois points importants – tous préliminaires – ressortent de cette étude.
Tout d’abord, contrairement à ce que Stan Glantz affirme, une consommation de cigarettes de tabac et de cigarettes électroniques ne semble pas avoir de « conséquences défavorables » sur l’expérimentation des cigarettes électroniques. Au lieu de cela, il semblerait qu’une telle utilisation ait des effets positifs qui conduisent à une diminution considérable de la consommation de cigarettes de tabac parmi les fumeurs qui n’auraient probablement pas arrêté de fumer si les cigarettes électroniques n’existaient pas.
Deuxièmement, parmi les fumeurs qui consomment aussi bien des cigarettes de tabac que des cigarettes électroniques, la quantité totale de nicotine absorbée a diminué. L’augmentation de l’utilisation de cigarettes électroniques s’accompagne d’une baisse concomitante de l’usage de cigarettes de tabac et donc, d’une baisse générale de la nicotine.
Enfin, les utilisateurs de cigarettes électroniques ont tendance à réduire le dosage de nicotine dans leurs cigarettes, ce qui pousse à croire que le niveau global de dépendance à la nicotine diminue par rapport à leur statut de fumeur comme point de référence.
Si l’on rajoute ces résultats à ceux déjà publiés, il en ressort que l’historique de l’utilisation des cigarettes électroniques est caractérisé, en règle générale, par :
- a. Une baisse considérable de l’utilisation de cigarettes de tabac ;
- b. Une baisse de l’absorption quotidienne de nicotine ; et
- c. Un degré inférieur de dépendance globale à la nicotine.
Au bout du compte, il semblerait que l’utilisation de cigarettes électroniques offre d’incroyables avantages en matière de santé non seulement pour ceux qui arrêtent de fumer mais également pour ceux qui consomment les deux types de cigarettes. Bien que ces individus pourraient prendre plus de temps pour se défaire totalement de la nicotine, il semblerait que le passage à la cigarette électronique offre un degré de dépendance à la nicotine bien inférieur, ce qui rend plus aisé, et non plus difficile, la fin de l’absorption de nicotine, si c’est ce qu’ils souhaitent réellement.
Une des principales critiques avancées par les détracteurs des cigarettes électroniques au sein des groupes de lutte anti-tabac est qu’il existe un très grand nombre de fumeurs aussi bien de cigarettes de tabac que de cigarettes électroniques et que cela a des conséquences néfastes sur la santé publique.
[…] il semblerait que pour de nombreux fumeurs une double utilisation [tabac / ecig] serve de passerelle afin de réduire la dépendance à la nicotine […]
Les résultats de ces deux études démontrent que contrairement aux affirmations lancées par de nombreux groupes antitabac, une double utilisation de cigarettes électroniques et de tabac n’a pas nécessairement des conséquences néfastes sur la santé publique. En fait, il semblerait que pour de nombreux fumeurs, une double utilisation serve de passerelle afin de réduire la dépendance à la nicotine et peut être même à terme, d’arrêter complètement le tabac.
Les résultats de cette étude suggèrent que les partisans de la lutte anti-tabac, comme le Dr. Glantz, ont tort d’affirmer que très peu de fumeurs « se sont défaits des cigarettes de tabac ou sont parvenus à les utiliser comme une passerelle pour s’en défaire ».
« Au lieu de cela, il semblerait qu’il existe un très grand nombre de fumeurs qui soient passés en effet du tabac à la cigarette électronique et il semblerait également qu’il existe un très grand nombre de fumeurs qui aient utilisé avec succès les cigarettes électroniques comme une passerelle pour complètement arrêter de fumer ».
Au bout du compte, une utilisation aussi bien de cigarettes de tabac que de cigarettes traditionnelles n’est pas nécessairement une mauvaise chose. En fait, cela pourrait servir de passerelle pour certain pour complètement arrêter de fumer.
Traduit de l’anglais d’après l’article original : http://tobaccoanalysis.blogspot.hu/2014/05/new-study-of-trajectory-of-e-cigarette.html