Et si on parlait d’autre chose que de vape ? Mieux, si on parlait de vape sans parler de vape ? Derrière cette industrie bouillonnant d’idées, il y a des créateurs. Mais d’où viennent leurs univers singuliers ? Qu’est-ce qui les a influencés ? Reconnaîtrez-vous l’expérience de leurs produits à travers leur histoire ?

Comme dans un livre

Jean Lorcy et Jean Moiroud sont les deux fondateurs de Fuu, une des marques leader du marché français, et de celles qui vont le plus loin dans l’innovation. Mais ce n’est pas la passion de la vape qui a réuni les deux hommes, qui se connaissent depuis bien plus longtemps, comme l’explique Jean Lorcy : “Avec Jean, c’est une histoire d’amitié qui remonte à la 4e. On a commencé à devenir potes en s’échangeant des livres au collège.” Et les livres vont être présents tout au long de leur histoire.

“Puis on s’est retrouvés en coloc à Paris, et c’est à ce moment-là que nous avons décidé de devenir entrepreneurs, continue Jean Lorcy. Parce que c’est aussi une des choses qui nous rapproche, notre passion pour les idées progressistes. Nous sommes de tendance anarchiste libéral de gauche, attachés à la fois à l’État et au progressisme. Nous avons créé une entreprise de communication. Puis, au bout d’un certain temps est venue l’envie de se diversifier. C’est là que la vape a croisé notre route.” Et c’est là, dans une cave parisienne, que naît Fuu. “Une passion qu’on a en commun et qui transcende toutes les autres, c’est l’entrepreneuriat”, soulignent les deux Jean.

Chacun, pendant ses études, avait suivi son parcours. Jean Lorcy dans une trajectoire qui devait l’amener vers la haute fonction publique, et Jean Moiroud plus en rupture avec ces idées très scolaires communes aux énarques.

“Aujourd’hui, sur la partie idées politiques, je suis alimenté par ma compagne, explique Jean Lorcy. Elle est dans le milieu et très au fait de tout ce qui se dit.” Des deux Jean, c’est lui le plus gros lecteur.

“Quand on s’est connus en 4e, donc, nous étions tous les deux de gros lecteurs de romans policiers américains, de nature writing (un genre littéraire politico-philosophique né aux États-Unis, mêlant histoires humaines et observation de la nature, le plus connu grâce à son adaptation étant sans doute Danse avec les loups de Michael Blake, NDLR), de classiques et de romans de pop culture.”

En route vers les étoiles

Puis, ils atteignent le trop-plein. “On est arrivés à saturation à un moment, et on a switché tous les deux sur la science-fiction”, explique Jean Lorcy, qui a ensuite pris un virage fantasy prononcé.

“Je me suis fait l’intégralité de La Roue du temps de Robert Jordan, explique-t-il. Soit une dizaine de milliers de pages en deux mois.” Autre saga littéraire à inscrire au tableau de Jean Lorcy, le cycle de Robin Hobbs, l’auteur de L’Assassin royal.

“Un auteur qu’on a en commun, c’est Peter Hamilton, écrivain anglais de SF. Sur notre amour de la science-fiction, je crois que c’est un besoin de s’échapper de notre réalité, et du réalisme des œuvres qui nous fascinaient quand nous étions plus jeunes. Quand on connaît mieux la réalité, au fur et à mesure qu’on avance en âge, on se rend compte de notre incapacité à changer le monde, et la lecture est un refuge”, explique Jean Lorcy.

“Il y a une fascination commune pour le sense of wonder, souligne Jean Moiroud. Ce qu’on ressent à la description d’un monde autre et extraordinaire.” Celui qui est aussi président de la Fivape souligne un attachement particulier à Becky Chambers. “Elle écrit de la SF feel good, sans violence, qui décrit des relations respectueuses, une branche de la SF engagée et un peu woke.”

Anecdote amusante pour les deux fans de SF : “Dans des locaux que nous avons occupés, notre voisin c’était Alain Damasio, l’auteur de La Horde du Contrevent.” Leurs lectures ne sont pas exclusivement SF. “Nous restons tous les deux fans de Don Winslow et quand un bon polar passe, on est dessus.”

Ce qu’ils mitonnent

Au-delà de la lecture, les deux amis sont aussi réunis par la cuisine. “Dans nos familles respectives, on a la même approche du foyer, héritée de nos parents, nous sommes responsables de l’intendance.” Chacun fait la cuisine pour sa compagne et ses enfants, et ils échangent leurs idées. “Le lundi matin, quand on se retrouve, on parle de nos recettes et de nos stratégies de courses.”

Tous les ans, Fuu organise un repas d’entreprise. “On a fait un atelier pizza, raconte Jean Lorcy. On a fait vingt kilos de pâte, et des pizzas pour 40 personnes. On a fait du hacking de pizzas pour faire des napolitaines, avec une cuisson sous vide pour une maîtrise parfaite.”

“On a des phases, chacun a ses spécialités, on s’alimente régulièrement en idées et découvertes, confie Jean Lorcy. Quand je cuisine, je suis totalement absorbé, je ne pense à rien d’autre.” Et un instrument de cuisine ne doit pas manquer en particulier…

Une passion affûtée

“Depuis que je suis tout petit, j’aime les couteaux”, explique Jean Moiroud, qui s’empresse de préciser : “Ça n’a jamais été une obsession malsaine, juste j’étais fasciné par la qualité des finitions, et ça a connecté avec mon quotidien de cuisinier. J’ai acheté une maison de campagne, qui avait une dépendance. Et là, je me suis dit : pourquoi pas ? J’ai franchi le pas pour fabriquer moi-même des couteaux.”

La dépendance se retrouve annexée. “Au fur et à mesure, j’ai mis sur pied un atelier complet de fabrication de couteaux. J’ai même une presse de forge pour faire de l’acier de Damas. Tracés, symétrie obsessionnelle, et précision des ajustements, je vais investir beaucoup de temps pour faire un couteau qui a de la gueule. Que ce soit en bois ou en matière synthétique, j’essaie d’acquérir une maîtrise pour arriver à un niveau d’expertise qui me permet de développer différentes techniques.”

“On touche l’immense différence entre Jean et moi, je n’ai pas de passion à proprement parler, intervient Jean Lorcy. Ce qu’il fait, c’est du haut niveau, et c’est profond. Ça se ressent chez Fuu, où c’est Jean qui entre dans les sujets techniques, quand moi, je suis principalement sur l’ordonnancement et le comptable.”

Cuisine et lecture unissent donc les deux amis, un programme parfait pour un honnête homme de la Renaissance. “Notre passion, c’est la liberté, et nous avons tous les deux une forme de rejet du monde moderne”, expliquent-ils. “Nous avons aussi une passion pour les road trips, on en a fait chacun de notre côté.” Jean Moiroud a fait le tour de l’Afrique du Sud en voiture, et Jean Lorcy une traversée de l’Afrique australe.

La conclusion ? “Notre but, c’est de ne pas dépendre de contraintes extérieures”, résume Jean Lorcy. “On a la chance de pouvoir le faire”, ajoute Jean Moiroud. Voilà qui clôt une rencontre différente avec deux gentlemen humanistes.

Le Panthéon de Jean Moiroud

  • Spécialité : raviolis asiatiques “un peu thaïlandais”.
  • Livre préféré : le cycle Rupture dans le réel de Peter Hamilton.
  • Hobby : fabriquer des couteaux.
  • Jeux vidéo préférés : Assassin’s Creed Odyssey et Cyberpunk 2077.

Le Panthéon de Jean Lorcy

    • Plat signature : “Je pense que je fais les meilleures pizzas du quartier.”
    • Livre préféré : La Découverte du ciel de Harry Mulisch, les cycles de Robin Hobb.
    • Jeu vidéo préféré : The Battle of Polytopia, un jeu de gestion/stratégie en tour par tour sur mobile qui réunit une communauté mondiale de fans. “Jean Lorcy est dans le top 10 mondial des meilleurs joueurs au classement officiel”, précise Jean Moiroud.

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