Il est temps d’opérer un changement radical dans les articles du vendredi, en y apportant un peu de rigueur. Ils seront désormais écrits et publiés en 2025, par pur souci de continuité spatio-temporelle. Mais que cette austérité calendaire ne nous empêche pas de fêter ça dignement.
Jamais déçu
Sans doute votre humble serviteur a-t-il déjà fait un article sur le sujet, mais à un certain âge, la courbe de la mémoire, en baisse, ne suit plus la courbe de la production, qui augmente mécaniquement à chaque touche frappée sur le clavier. Mais peu importe, et, de toute façon, on ne se lasse pas des bonnes choses : c’est un régal de voir ce que nos contemporains peuvent faire lorsqu’ils sont fins bourrés.
C’est un fait : lorsqu’une manchette de journal commence par « Ivre, il… » on n’est jamais déçu. Tenez, dès le début d’année, un policier zambien, après avoir fêté dignement le passage en 2025, libéré 13 prisonniers, certains soupçonnés de crimes graves, « pour la bonne année ».
C’est pas mal, même si c’est un démarrage relativement en douceur. Les connaisseurs diront qu’on est loin du niveau de certaines prestations, comme la légendaire, en 2021 : « Ivre, il jette une vache sur une voiture » qui reste tout de même épique. C’était une vache en plastique rose, parce que l’aventure continuait bien au delà du titre de l’article.
Mais, si l’année a démarré en douceur, c’était pour mieux monter en puissance, puisque, cette semaine du 9 janvier, on a eu droit à « Ivre, il conduit une voiture sans permis avec un poulet vivant comme copilote ». Et ça, ça fait plaisir.
Petite note à l’attention des délicats : bien entendu, avant d’écrire « ça fait plaisir », votre serviteur a lu l’article pour s’assurer que personne n’a été blessé.
Mais on imagine la scène, le conducteur, complètement saoul, qui conduit sa voiture bridée à 50 kilomètres par heures, en choisissant sa direction en fonction des « cot » intempestifs. Les deux se rendaient chez un ami du conducteur pour lui souhaiter la bonne année, a-t-il expliqué aux gendarmes. A expliqué le conducteur, oui, son passager ayant, semble-t-il, fait valoir son droit au silence. Les gendarmes ont expliqué qu’il en était assez au gallinacé, et ont embarqué tout le monde en dégrisement.
C’est un changement agréable de voir que ce n’est pas toujours au poulet d’être rôti. C’est vrai, un peu ou tour des autres de finir au vin.
La meilleure de l’année
Mais la meilleure de l’année a été cette pépite dénichée par Alistair, « Ivre, elle achète des cigarettes à son fils pour l’aider à arrêter la vape ».
Pardon ? Attendez, on me parle à l’oreillette. Que dis-tu ? Ce n’est pas possible ! Alistair m’indique que, non, la mère est parfaitement à jeun. Non seulement elle le fait en pleine possession de ses moyens, mais de plus, elle est journaliste, ce qui lui offre un accès privilégié à une certaine visibilité.
La morale de cette histoire, finalement, c’est qu’il est possible d’être totalement ridicule à jeun comme ivre mort. Mais il y a plus d’espoir pour les buveurs : il leur suffit de reposer la bouteille pour redevenir lucides. Notre grand malheur, ce sont les antivape abstinents.