Invité à s’exprimer sur le site de la Royal Society of Public Health, Martin Dockrell, directeur de la lutte contre le tabac de l’agence de santé publique anglaise (PHE) dévoile le cheminement de sa pensée d’une position méfiante vis à vis de la vape à la position ouverte que nous connaissons aujourd’hui.

Groupe de vapoteurs en extérieur

Initialement, explique Martin Dockrell, l’agence Public Health England ne faisait pas de distinction avec le tabac, ainsi à l’intérieur des bâtiments qu’elle occupe, il était interdit de fumer et de vapoter. Mais la position de l’agence a évolué. L’évolution des connaissances et l’absence de preuve de danger associée au vapotage passif l’a incité à modifier ses recommandations et ses propres règles de fonctionnement.

Discutant avec un salarié du PHE, Martin Dockrell raconte comment il a été frappé par les conséquences inattendues de certaines décisions de santé publique. Cet employé fumait lorsque vapoter devenait trop inconfortable pour lui. Ainsi, lorsqu’il devait sortir totalement du périmètre du PHE pour avoir sa dose de nicotine, il choisissait de fumer plutôt que de vapoter.

Que se passe-t-il si à cause de l’interdiction de fumer dans les parcs  les parents qui fument (souvent les plus défavorisés) y emmènent moins leurs enfants ?

Dans les locaux du PHE il est toujours interdit de fumer et de vapoter à l’intérieur. En revanche, il est désormais autorisé d’utiliser une cigarette électronique dans l’enceinte de l’établissement en extérieur et toujours proscrit de griller une cigarette. Il est important de distinguer les deux produits explique les responsable de santé publique, ce que ne fait pas tout le monde.

Pour le PHE, faciliter le vapotage pourrait augmenter le sevrage tabagique

Lorsque la loi anti-tabac est entrée en vigueur en Angleterre, certains redoutaient que la consommation de tabac soit largement déplacée vers les domiciles des particuliers, mais cette mesure a finalement eu l’effet inverse. Les fumeurs se sont en effet rendus compte qu’il était important de protéger leurs enfants et beaucoup d’entre eux ont fait disparaître le tabac de leur maison.

Craignant des conséquences inattendues, il s’interroge sur l’extension des interdictions de fumer en extérieur. “Que se passe-t-il si à cause de l’interdiction de fumer dans les parcs  les parents qui fument (souvent les plus défavorisés) y emmènent moins leurs enfants ?” Il se demande encore si l’interdiction de fumer à l’extérieur autour des habitations risque de pousser les gens à recommencer à fumer chez eux à l’intérieur ?

Autoriser le vapotage dans les parcs où il est interdit de fumer ?

A long terme, la réponse viendra de l’évaluation rigoureuse des politiques, mais à court terme, nous pouvons anticiper certains risques. Il est tout à fait plausible que les politiques d’interdiction de de fumer, couplées  à  l’encouragement à vapoter poussent plus de fumeurs à basculer.

 

Autoriser le vapotage dans les parcs pourrait encourager les fumeurs à quitter la cigarette conventionnelle pour la vape. Ils seraient alors plus à même de faire disparaître de leur maison la cigarette et tous les risques qu’elle comporte. Pour Dockrell, “il faut essayer pour savoir si cela va fonctionner et évaluer rigoureusement les résultats“.

 

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