Une pseudo-étude fait actuellement le tour du net, une de plus, avec des allégations fantaisistes, encore, sur la vape. La routine. Mais, en y regardant bien, si cette étude fait le tour du net, et qu’elle fonctionne, c’est, totalement, irrémédiablement et absolument, de notre faute à tous. Sus, mes preux, boutons les putaclic hors de la vape !
Crédibilité, avec un C, comme Comme
Comme le dit Jolitorax dans Astérix chez les Bretons, « Gardez votre lèvre supérieure rigide ». Encore une fois, un article relayé par un site de santé portant sur une étude douteuse fait son petit buzz. Buzz, réellement ? En réalité, l’article tourne dans la communauté des vapoteurs, qui, afin de pouvoir l’insulter copieusement, le propage abondamment.
Parce que, vérification faite, ni les grands titres de la presse nationale ou régionale, pas plus que les titres spécialisés reconnus dans la vape, ne diffusent ce… Bidule ? Appelons-le bidule, ce sera commode, et ça évitera d’insulter les Machins et les Trucs.
Ce type de site, communément appelé « putaclic », ou, plus poliment, « péripatéticienne du bouton gauche » a un principe de fonctionnement assez simple, inspiré directement de la nature. Oui, oui, au final, tout cela est de la faute à Darwin.
L’eau ça mouille, mais le feu, ça fait quoi ?
La première étape consiste à provoquer une cible. Pour cela, il suffit de jouer sur un ressort : la curiosité. L’homo sapiens (en réalité sapiens sapiens, « qui sait qu’il sait », mais bref) est curieux de nature. C’est une caractéristique fondamentale. C’est ainsi qu’après avoir contemple les flammes qui dévoraient la forêt après que la foudre lui soit tombée dessus, il s’est demandé quel effet ça ferait de plonger son steak tartare dedans, inventant du même coup le barbecue et l’éradication des germes par la chaleur. Jusqu’ici, en effet, l’homme des cavernes mangeaient son poulet rôti du dimanche cru.
Un titre bien choisi incitera donc l’homo sapiens sapiens à cliquer sur le lien. Et vous qui me lisez, vous êtes un homo sapiens sapiens. Et si vous ne l’êtes pas, évitez de le dire, parce que sinon des savants fous vont vouloir faire des expériences sur vous, j’ai vu ça dans E.T.
Vecteur de propagation virale
Une fois la cible atteinte, ce qu’en médecine, on appelle « patient zéro », le site en question agit comme un virus. Encore une fois, c’est la nature. L’idée est simple à saisir. Tenez, prenez ma maladie préférée, la peste. C’est fascinant, la peste, j’en parle dans tous mes livres, tous les trois, vous pouvez vérifier, ils sont disponibles en librairie. De l’auto-promotion, chef ? Pas vu.
L’idée est simple à saisir : personne n’aime la peste, pourtant, les gens passent leur temps à se la refiler entre eux.
Ainsi, vous tombez sur cet article, vous lisez, vous vous mettez à bouillir de rage, et vous voulez mettre les gens en garde contre les fadaises qu’il raconte. Donc, vous PARTAGEZ l’article, avec un commentaire qui l’assassine. Peu importe : votre partage atteindra d’autres homo sapiens sapiens qui se souviendront du poulet cru du dimanche et qui voudront eux aussi savoir ce qui y est écrit. Vont bouillir de rage. Vont partager. Et toucher d’autres cibles. Etc…
Comme si le messager chargé de prévenir la population de l’arrivée de la peste noire était lui-même porteur et contaminait en même temps la population.
Mais, et si on ne partage pas ?
Vous me direz « Oui, mais si on ne partage pas, d’autres gens vont le partager dans le but de nuire à la vape ».
Oui, mais non. Effectivement, des gens vont partager l’article. Comme ils vont partager plein d’articles qui mettent en garde contre « Tout ce que les médecins ne veulent pas que vous sachiez », « Les vaccins donnent le cancer » ou « Guérir le SIDA avec des huiles essentielles ». Ces sites oscillent souvent entre médecine naturelle farfelue (attention, sujet sensible : je ne dis en aucun cas que les médecines naturelle sont farfelues, il est bien question ici de ces sites), thèses complotistes, le tout avec une bonne dose d’incompétence pour faire le liant.
En un mot, l’article sera partagé par des gens qui n’ont aucune crédibilité, aucune audience, bref, qui ne seront pas écoutés.
Certains d’entre vous vont peut-être s’escrimer à démolir l’article en commentaire. Alors, là, stop. Ca ne sert à rien. Les auteurs de ces articles se fichent de ce que vous en pensez. Plus fort : ils se moquent éperdument de ce qu’ils y écrivent. Leur but, leur unique but, c’est de vendre de la pub en vous faisant cliquer. Sauf qu’à la différence d’un journal qui va vendre de la pub en proposant un contenu de qualité, eux vont juste chercher à vous énerver. Et ça marche.
Bref, le meilleur moyen de lutter contre ce genre d’articles, c’est de les ignorer et de se consacrer aux news des vrais organes de presse. Tout est question de crédibilité. Tenez, si un jour vous attrapez la peste, à qui demanderez-vous comment vous soigner, à un de ces sites, ou à votre médecin ?