Les antivape sont des gens absolument fascinants. Ils nous haïssent, ils voudraient nous voir tous disparaître, et, en retour, nous ne pouvons nous empêcher de les regarder avec une forme d’amusement attendri. Enfin, attendri façon ormeaux, quand même…

Les fantômes de la vape

Le plus grand repaire mondial d’antivape, l’OMS, m’a toujours fait penser à quelqu’un, mais à qui ? Ce n’est pas comme « lui, je l’ai déjà vu quelque part » quand on regarde un film ou une série, non, d’autant que de nos jours, il suffit de demander à Google.

Alors que si vous interrogez votre moteur de recherche, quelle que soit la formulation, « à qui me font penser les antivape » vous renverra toujours un « je n’ai pas compris votre demande » synthétiquement désolé.

Dans ce genre de situations, il faut savoir s’en remettre au destin. Plus lent, moins fiable, mais, peu importe, lorsqu’il nous donne satisfaction, on est prêt à tout lui pardonner.

Parce que contrairement à un moteur de recherche, le destin ne nous apporte pas seulement la réponse, mais souvent une bonne histoire pour l’accompagner. Comme les frites pour accompagner… Ce que vous voulez, les frites, ça va avec tout (tout ce qui est salé, évidemment, barbares !).

Donc, l’autre jour, je discutais avec un chasseur de fantômes. Qui est aussi un ami. Non, c’est l’inverse. Je veux dire : c’est un ami. Qui chasse les fantômes. Bon, pour faire simple : le fait qu’il chasse les fantômes n’a rien à voir avec le fait qu’on soit potes.

D’ailleurs, je n’y crois pas. Quand on est mort, on est mort, sinon les pompes funèbres auraient un service après-vente, et, pour y avoir passé les plus belles années de ma jeunesse (pas en tant que client, évidemment), je sais très bien qu’un tel service n’existe pas. Sinon, certains auraient déjà trouvé le moyen de vendre des extensions de garanties.

Je sais, à ce stade, vous vous demandez si l’on parle toujours de vape, où si au moins l’auteur a prévu d’y venir un jour, puisque là, on s’écarte du sujet. La réponse sera une question : quoi, vous n’avez jamais lu un article du vendredi avant ?

Et lui le sait, mon ami chasseur de fantômes, que je n’y crois pas. Et ça ne le dérange pas, ce qui est réciproque. Je veux dire : je sais que ce n’est pas le genre de type qui va essayer de convaincre tout le monde, ou de monter une secte. D’autant que sa femme n’est pas d’accord : une secte, c’est chronophage, et ça fait déjà quatre ans qu’elle attend qu’il range le garage, comme il le lui avait promis.

Ça ne le dérange pas que je ne le croie pas, mais il ne peut pas s’empêcher d’en parler de temps à autre. Je ne lui en veux pas non plus, notez : moi, à chaque fois que je vois un fumeur, je ne peux pas m’empêcher de lui demander pourquoi il fume encore maintenant que la vape existe. Oui, je suis conscient des lacunes de cet exemple. 

Mais une fois, je lui ai demandé de me montrer sa collection.

« Collection de quoi ? », m’a-t-il demandé, intrigué.

« Ben ta collection de preuves ». Devant son regard interloqué, je précisais « depuis le temps que tu chasses les fantômes, ça fait quoi, tu m’as dit ? 25 ans ? Tu dois avoir une sacrée collection de preuves, non ? »

« Ben non, pas une seule, sinon tu penses bien que je l’aurais publiée il y a longtemps. J’ai des trucs bizarres, oui, mais pas que toi, tu considérerais comme des preuves ». Il m’expliqua que c’était le cas de tous les chasseurs de fantômes, que trouver LA preuve c’était le Graal de cette corporation, mais que, jusqu’ici, personne n’y était parvenu.

Là, c’était à mon tour d’être un peu interloqué. « Attends… Depuis 25 ans, tu passes tes nuits à chasser les fantômes, en 25 ans tu n’as jamais rien trouvé, et pourtant, tu continues ? Mais… pourquoi ? ».

Et sa réponse me fut apportée par le destin lui-même, par ricochet. Il me dit calmement « je n’ai aucune preuve, mais je sais qu’ils existent ».

L’image qui me vint alors, les gens si austères et sérieux, de l’OMS et d’ailleurs, qui passaient leurs journées à combattre la vape de toutes leurs forces, et leurs nuits à errer dans les couloirs de vape shops hantés en brandissant un micro à la recherche de preuves qu’elle était nuisible, était sans doute la meilleure assiette de frites que le destin ne m’ait jamais servie.

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