Alors qu’aux quatre coins du monde la cigarette électronique est sur le point de trouver sa place réglementaire, les pressions scientifiques en faveur ou en défaveur du produit font rage. Deux grands acteurs pro et anti-vape se sont affrontés hier sur Twitter. Sortez le pop-corn.

La guerre de l'e-cigarette s'intensifie. Bates et Glantz s'échauffent sur Twitter.

La guerre de l’e-cigarette s’intensifie. Bates et Glantz s’échauffent sur Twitter.

Difficile de dresser un état des lieux précis des échanges qui ont eu lieu ces derniers mois entre les différents leaders d’opinion scientifique ou experts en santé publique au sujet de la cigarette électronique mais on peut néanmoins identifier certains des acteurs les plus médiatisés.

Parmi ces boxers de l’information, deux d’entre eux ont particulièrement fait du bruit hier sur Twitter. Il s’agit de Clive Bates et Stanton Glantz. L’un est britannique, spécialiste des questions de santé publique et fondateur de l’association ASH, alors que l’autre est américain, professeur de médecine et directeur du centre de recherche pour le contrôle du tabac à l’Université de San Francisco en Californie.

Cela fait longtemps que Bates critique les propos de Glantz sur son blog The counterfactual mais le combat semble s’être intensifié ces derniers jours suite aux réactions de Glantz lui même, qui s’écartait jusqu’à présent des communications directes avec son détracteur.

La lettre envoyée à l’OMS lourdement critiquée

Pour ne reprendre la chronologie qu’à ces derniers jours, Glantz a tout d’abord critiqué la lettre envoyée à l’OMS par la cinquantaine de scientifiques dont Bates est à l’origine. Le document, qui fait l’apologie de l’ecig en tant que méthode de réduction des risques, dresserait un dangereux portrait de la nicotine selon Glantz, qui maintient fermement sa position sur le caractère dangereux du produit. Après avoir démonté presque un à un les arguments présents dans le document, Glantz invite enfin ses signataires à considérer l’option de retirer leur nom de cette communication.

Bien entendu les réactions ne se sont pas faites attendre. L’un des premiers à avoir réagi est Antoine Flahault, professeur de santé publique à la Faculté de Médecine Paris Descartes, dont l’article sur le journal Le Monde avait fait le tour des réseaux sociaux il y a quelques semaines.

Flahault ne voit dans la critique de Glantz qu’arrogance et conformisme :

Ignorant les attaques latérales, Glantz se focalise plutôt sur la réponse de son adversaire et presse alors Bates de répondre à ses contre-arguments. Ce dernier lui rétorque avec une certaine insolence de bien vouloir patienter et de répondre en attendant à ses précédentes attaques toujours restées sans réponses. Le sujet de la passerelle vers le tabagisme chez les jeunes, une théorie que Glantz soutient avec force, semble énerver au plus haut point Clives Bates qui n’a pas manqué de le souligner sur son site.

Il faut dire que Glantz subit des attaques assez intenses depuis qu’il mène un combat presque acharné contre l’ecig. Passerelle vers le tabagisme chez les jeunes, inefficacité dans le sevrage, effets cardiovasculaires, particules fines, composés cancérigènes, tous les grands arguments qui justifient une réglementation restrictive du produit passent systématiquement par son réseau de diffusion. Mais les arguments scientifiques manquent et peinent à effacer la réalité des choses : les gens fument moins avec l’e-cigarette et de nombreux scientifiques se rallient aujourd’hui à sa cause, en attestent les récentes prises de position publiques de ces derniers mois.

Est-ce la pression d’un étau qui se resserre lentement contre lui qui aurait poussé Glantz à commettre une fausse accusation ? « Qui a payé pour le voyage de Clive Bates aux Philippes afin qu’il fasse du lobbying contre la réglementation des e-cigarettes ? » lança-t-il hier soir sur Twitter. Sauf que Bates n’y est jamais allé.

Les échanges entre experts de santé publique n’ont jamais été aussi virulents. Simple anecdote, chronique de la vie ordinaire de l’e-cigarette, combat futile ou réelle joute scientifique, on pourra suivre à sa manière les différentes réactions de ces acteurs et entendre à part égale le raisonnement de chacun. Mais si l’on est vapoteur et que le tabac est aujourd’hui un bien lointain souvenir, le choix du camp sera je pense, bien rapide à faire …

Il est intéressant de noter qu’en France, ce genre de débat n’est pas fréquent. Même si des divergences existent, nos scientifiques et experts semblent plus ou moins d’accord : la cigarette électronique est une méthode de réduction des risques pour le fumeur et représente une superbe opportunité pour réduire le tabagisme dans notre pays. Reste à espérer que nos politiques suivront.

#ecig

Mise à jour 13 juin 2014 : Konstantinos Farsalinos répond à Stanton Glantz
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