Le National Vapers Club (NVC) est un groupe de vapoteurs créé en mars 2009 aux Etats-Unis, dans l’état de New York. Durant cette même année cet état a banni l’utilisation de cigarettes électroniques à l’intérieur des lieux publics.
Bien organisé et très engagé le NVC a tenté alors de faire prendre conscience aux autorités locales que la cigarette électronique ne provoquait pas de risque pour l’entourage. Mais les législateurs leur ont répété que sans preuve scientifique du contraire, l’interdiction de vapoter dans les lieux publics ne serait pas levée.
Qu’à cela ne tienne, le NVC a passé deux ans à récolter des fonds auprès de la communauté (notamment lors des festivals vapefest) et des professionnels de la cigarette électronique afin de financer une étude leur donnant peut être l’espoir d’obtenir gain de cause.
100 000 dollars récoltés pour financer une étude
L’incroyable somme de 100 000 dollars USD récoltée via des donations a pu enfin permettre au NVC d’employer les consultants de la société CHANGE afin de superviser une étude sur la vapote passive (l’équivalent du tabagisme passif mais pour l’e-cigarette). Le projet de l’étude, baptisé IVAQS pour Indoor Vapor Air Quality Study, a pu alors être initié en 2011.
C’est au centre universitaire de Clarkson (état de New York), que les premières données brutes ont été produites, puis présentées à un toxicologiste indépendant pour analyse.
Début 2012 les résultats sont publiés et, comme le veut la tradition scientifique, diffusés dans le journal Inhalation Toxicology (Informa) en octobre 2012 pour critique (techniquement on appelle cela une révision par les pairs).
Les résultats de l’étude vont être très prochainement soumis aux autorités de l’état de New York dans l’espoir de pouvoir faire lever l’interdiction à l’origine de cette démarche. On croise les doigts pour eux.
Résumé de l’étude
Comparaison des effets de la vapeur de l’e-cigarette et de la fumée de cigarette sur la qualité de l’air intérieur
Les chercheurs ont tenté d’analyser la qualité de l’air dans une pièce de 40m3 après une utilisation d’e-cigarettes composées de 4 e-liquides à fort dosage en nicotine. Une comparaison suivant les mêmes conditions a ensuite été faite avec des cigarettes traditionnelles. Le but étant d’identifier les différences de concentration de polluants entre la vapeur émise par la cigarette électronique et celle de la fumée issue des cigarettes puis de les mettre en perspective pour les risques de cancer qu’ils pourraient causer.
Les polluants analysés dans l’air :
- les composants organiques volatiles (VOCs)
- les composés carbonylés (Carbonyls)
- les hydrocarbures aromatiques polycycliques
- la nicotine
- les nitrosamines dérivés du tabac (TSNAs)
- les glycols (appelés aussi polyols)
Conclusion : pas de risques de cancer significatifs pour la vapeur de cigarette électronique
Une très faible quantité des polluants mentionnés plus haut ont été trouvés dans la vapeur de cigarette électronique. Cette quantité reste en dessous des niveaux acceptables pour l’être humain.
Qu’en pense le maître Yoda, le docteur Siegel de l’université de Boston ?
Le seul composant préoccupant repéré dans cette étude est le formaldéhyde (appelé aussi méthanal) généralement issu d’une combustion incomplète de produits organiques (feux de forêts, gaz d’échappement, etc.) et que d’autres études sur la cigarette électronique avaient déjà pu détecter à de très faibles doses.
L’hypothèse d’une origine associée au Propylène Glycol (PG) n’est pas à écarter selon le Docteur Siegel. (Note : il s’agit à priori de traces très faibles qui ne compromettent pas la conclusion précédente).
Des résultats surestimés
Le docteur Siegel que je mentionne très souvent ici, rappelle également que la vapeur analysée a été générée à l’aide de machines, et non par des êtres humains, ce qui sous entend que l’absorption de certains composants par les poumons pourrait encore plus diminuer les taux de polluants détectés dans l’air. Une bonne nouvelle.
Il est encore trop tôt pour dire que l’e-cigarette n’est pas nocive pour l’entourage mais rien ne justifie son interdiction dans les lieux publics
Cette étude confirme encore une fois de plus que l’e-cigarette représente une alternative beaucoup plus saine aux cigarettes. Mais les conditions mises en place pour sa conduite ne sont pas représentatives de conditions réelles (air ambiant naturel avec exhalation de la vapeur par un être humain). Il est donc encore trop tôt, selon lui, pour affirmer que la cigarette électronique ne représente aucun danger pour l’entourage, mais que rien ne justifie non plus l’interdiction de vapoter dans les lieux publiques au vu des risques mesurés jusqu’à présent.
Le Docteur Murray Laugesen (Nouvelle-Zélande), qui est à l’origine de nombreuses études sur l’e-cigarette, s’est exprimé également au sujet de ces résultats en disant qu’ils confirmaient les conclusions de ses quatre dernières années de recherche.
Une belle leçon d’engagement communautaire
A ma connaissance ceci est la première étude commanditée entièrement par des utilisateurs de cigarette électronique, et même si certains vendeurs ont contribués à son financement, elle est le fruit d’une force humaine, guidée par la volonté d’améliorer la santé des fumeurs, je dit chapeau. J’espère qu’en France les choses pourront permettre de faire de même, même si j’ai toujours considéré que les américains avaient une culture de groupe beaucoup plus forte que chez nous, je garde espoir et n’hésiterai à relayer l’information si jamais une telle initiative se produirait.
Références
Vapers Club : http://www.vapersclub.com/
Projet IVAQS : http://www.vapersclub.com/IVAQSProposal.pdf
Résumé de l’étude (et achat du document officiel) : http://informahealthcare.com/doi/abs/10.3109/08958378.2012.724728 (Comparison of the Effects of E-cigarette Vapor and Cigarette Smoke on Indoor Air Quality – T. R. McAuley, P. K. Hopke, J. Zhao, S. Babaian)