Alors que la Journée mondiale sans tabac aurait dû unir tous les acteurs de santé publique, les annonces de la ministre Catherine Vautrin ont provoqué une onde de choc dans la filière indépendante du vapotage. Entre mesures bienvenues et perspectives de restrictions injustifiées, la Fivape réagit à froid à une séquence politique qui interroge sur l’avenir du vapotage en France.

Une journée pas comme les autres

Chaque 31 mai devrait être un moment de cohésion nationale autour d’une priorité de santé publique : la lutte contre le tabagisme. Pourtant, en 2025, la Journée mondiale sans tabac (JMST) a laissé une partie de la communauté engagée dans la réduction des risques avec un sentiment d’incompréhension – voire de stupéfaction.

Quelques heures avant l’événement, Catherine Vautrin, la ministre de la Santé a dévoilé dans Ouest-France une série de mesures, mêlant avancées attendues et propositions inquiétantes. Si l’interdiction du tabac dans de nombreux espaces publics en présence d’enfants semble faire consensus, ses intentions de réduire le taux de nicotine autorisé dans les e-liquides et de restreindre les arômes disponibles dans les produits du vapotage ont jeté un trouble.

La science évacuée du débat

Ces annonces, formulées sans concertation préalable, ignorent les données scientifiques sur lesquelles repose la légitimité de la vape comme outil de réduction des risques. Elles frappent de plein fouet une filière pourtant indépendante, structurée, responsable – et qui représente 85 % du marché français, sans lien avec l’industrie du tabac.

L’efficacité du vapotage n’est plus à démontrer : les études sont nombreuses, les avis des agences de santé publique convergent, et les résultats sont tangibles, notamment chez les jeunes, qui ont connu une baisse historique du tabagisme depuis l’arrivée de la vape.

Une filière mobilisée, une réponse en construction

Du côté de la Fivape, cette séquence a été vécue comme un signal d’alerte, mais aussi comme une confirmation : plus que jamais, l’unité, la vigilance et la clarté seront décisives dans les mois à venir. Car les attaques se précisent, et l’enjeu est simple : maintenir l’accès à une vape efficace, diversifiée, de qualité – et indépendante.

Le syndicat a donné des suites très concrètes à ces annonces, portant auprès du personnel politique une vision pragmatique de la vape qui protège les enjeux sanitaires et économiques d’une filière forte de 20 000 emplois. En bref, tout donner pour garantir que la politique de santé publique française ne s’éloigne pas de ce qui sauve réellement des vies.

Une organisation unique en Europe

La Fivape joue, dans ce contexte, un rôle structurant unique en Europe. C’est l’un des seuls syndicats professionnels unissant toute une filière indépendante, avec une mission claire : défendre les conditions d’un vapotage accessible, fiable et efficace pour les fumeurs. Ce modèle syndical, fondé sur l’unité et la représentativité, constitue une rareté en Europe – et une force précieuse dans les temps troublés que traverse le secteur.

Plus que jamais, être ensemble, structurés et représentés, devient un impératif. Face à la désinformation constante, alimentée par des amalgames ou des postures idéologiques, les moyens manquent encore pour produire, relayer, expliquer. Il faut répondre, déconstruire, proposer. Et cela demande du temps, des ressources, des adhésions. Car sans cette force collective, il est illusoire de croire que la voix de la vape indépendante pourra continuer à peser dans les débats nationaux et européens.

 

Les associations unies dans l’alerte

Les annonces de la JMST ont déclenché une onde de réactions immédiates au sein de la société civile engagée pour la réduction des risques. Trois prises de parole notables ont exprimé une inquiétude profonde, à la mesure des enjeux.

La Fédération Addiction, qui représente les professionnels des addictions, salue les mesures de protection contre le tabac, mais alerte clairement : “Réduction du taux de nicotine, limitation des arômes : ces mesures risquent de freiner l’un des outils les plus efficaces de réduction des risques et de sortie du tabac.” Elle rappelle que la nicotine n’est pas responsable des pathologies du tabac, et que la vape offre une alternative sans combustion, bien plus sûre, en particulier pour les publics les plus précaires.

La Vape du Cœur, association d’aide aux personnes en situation de précarité, met en garde contre une double erreur : “Diminuer le taux maximal de nicotine compromettrait l’efficacité du vapotage comme outil de sevrage. […] Les arômes sont essentiels à la réussite du sevrage, comme l’ont montré toutes les enquêtes, notamment Merci la Vape.” Elle souligne que les arômes ne sont pas une coquetterie, mais une clé de l’abstinence durable.

L’Aiduce, association d’usagers, a quant à elle publié un message sans ambiguïté : “Baisser le taux de nicotine des e-liquides est un cadeau aux cigarettiers pour entraver l’efficacité de la vape. […] La loi doit se fonder sur des droits et des raisons scientifiques, pas sur des idéologies.” Elle rappelle que le vapotage a permis à plus de 2 millions de Français d’éviter le tabac fumé, et appelle à une régulation fondée sur les faits, non sur la peur.

Trois voix. Trois angles. Un seul message : la régulation de demain doit renforcer la vape comme solution, pas l’affaiblir.
 

Une opinion publique toujours en décalage avec la science

À l’occasion de la JMST, la Fivape a publié un sondage OpinionWay qui reprend les deux questions fondatrices du baromètre conduit chaque année par l’ex-association Sovape :

  • Vapoter est-il moins risqué que fumer ?
  • La nicotine est-elle cancérogène ?

Les résultats sont édifiants :

  • seuls 9 % des Français savent que vapoter est beaucoup moins risqué que fumer ;
  • 53 % pensent que ce n’est pas le cas, voire que c’est pire ;
  • 77 % croient à tort que la nicotine est cancérogène.

Ces idées reçues sont en contradiction totale avec les données scientifiques établies. Depuis 2015, les autorités sanitaires britanniques estiment que le vapotage est environ 95 % moins nocif que le tabac fumé. La revue Cochrane confirme que la vape est plus efficace que les substituts classiques pour arrêter de fumer. Et l’OMS comme l’Institut national du Cancer en France l’ont affirmé : la nicotine n’est pas cancérogène.

Ce fossé entre perception et réalité nuit à la santé publique. Il dissuade des fumeurs de franchir le pas, prive les plus vulnérables d’une solution adaptée, et laisse la place aux produits les plus nocifs.

En reprenant ce baromètre annuel après la censure subie par Sovape en 2024, la Fivape entend rétablir un principe fondamental : l’opinion publique a le droit à une information claire, loyale et fondée sur la science. Parce qu’un fumeur bien informé est un fumeur qui a une vraie chance d’en sortir.

Par Jean Moiroud, président de la Fivape

La FIVAPE s’exprime

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