Et de deux ! Le docteur Farsalinos reproduit les conditions d’expérimentation d’une deuxième étude sur les émissions d’aldéhydes. Non content de torpiller les conclusions de l’étude originale avec le même matériel obsolète et les mêmes procédures, il montre que les dispositifs plus récents sont aussi beaucoup plus sûrs.
L’équivalent de 604 à 3.257 de cigarettes de tabac
Après avoir tordu le cou aux conclusions de l’équipe de chercheurs de l’Université de Portland dont les travaux avaient provoqué un tsunami médiatique début 2015, le cardiologue grec réplique (1) cette fois l’expérimentation d’une autre équipe de chercheurs menée par le Dr Sleiman.
En juillet 2016, Sleiman publiait (2) les résultats de travaux sur les émissions produites par la cigarette électronique et aboutissait à la conclusion que ces dispositifs émettent de fortes émissions d’aldéhydes. Un euphémisme, puisque selon Farsalinos, ramenées à un vapotage quotidien moyen, l’exposition au formaldéhyde serait, d’après ces données, équivalente à une consommation comprise entre 604 et 3257 de cigarettes de tabac.
Pour cette nouvelle campagne de mesure, des atomiseurs CE4v2 ont été utilisés à 3,8 V et 4,8 V, une autre série de mesures a été effectuée avec un atomiseur Nautilus Mini à 9,0 W et 13,5 W.
Farsalinos a observé des concentrations de formaldéhyde plus de 10 fois plus faibles, d’acétaldéhyde de 6 à 9 fois inférieures et de 16 à 26 fois moindre pour l’acroléïne que le Dr Sleiman. Il a également identifié l’apparition de “bouffées sèches” pour chacun des règlages utilisés. Ce phénomène se produit lorsque la mèche n’est plus imbibée de liquide, le goût et l’acreté résultant rendent le vapotage proprement impossible.
Les écarts des mesures, malgré l’utilisation de réglages identiques de tension et de tirage, interrogent Farsalinos qui émet plusieurs hypothèses d’erreurs expérimentales possibles. De surcroît, Sleiman et al. n’ont pas vérifié la présence de bouffées sèches. Ce phénomène, rappelle-t-il, est un paramètre organoleptique, il ne peut être détecté que par des utilisateurs expérimentés de cigarettes électroniques.
Pour aller plus loin, l’équipe de Farsalinos a effectué d’autres mesures avec un atomiseur plus moderne, un Nautilus Mini. Avec ce dispositif, dans les mêmes conditions d’expérimentation, aucune bouffée sèche n’a été constatée et des quantités minimes d’aldéhydes ont été mesurées malgré une production d’aérosols par bouffée supérieure de plus de 100 % à celle du CE4v2. Avec le même calcul que précédemment, ramené à un vapotage quotidien raisonnable, l’exposition à l’aldéhyde était réduite de 94,4 à 99,8 % par rapport à la consommation de 20 cigarettes de tabac.
Sur twitter, un internaute fait remarquer au cardiologue, “c’est la quantité de liquide consommé plus que la puissance d’utilisation qui est corrélée à la quantité d’aldéhyde” et il demande “comment cela affecte la tendance au sub-ohm et à la faible teneur en nicotine“. “Exactement comme attendu” lui répond Farsalinos. “Au plus on consomme de liquide au plus on s’expose. Une association directe, parfaitement linéaire.”
Ce qui nous ramène à la question : plus de nicotine, moins de risques ?
(1) Farsalinos, K.E., Kistler, K.A., Pennington, A., Spyrou, A., Kouretas, D., Gillman, G., Aldehyde levels in e-cigarette aerosol: Findings from a replication study and from use of a new-generation device, Food and Chemical Toxicology (2017), doi: 10.1016/j.fct.2017.11.002.
(2) Sleiman, M., Logue, J. M., Montesinos, V. N., Russell, M. L., Litter, M. I., Gundel, L. A., Destaillats, H., 2016. Emissions from Electronic Cigarettes: Key Parameters Affecting the Release of Harmful Chemicals. Environ Sci Technol 50:9644-9651.