Une étude britannique vient rebattre les cartes dans le petit monde du sevrage tabagique. Elle démontre en effet que la vape est plus efficace que toutes les autres méthodes de sevrage, et de très, très loin. De quoi faire grincer les dents des grincheux.

Une première scientifique

Une nouvelle étude, publiée ce mercredi dans le New England Journal of Medicine, repositionne la vape dans la galaxie des méthodes de sevrage tabagique, et pas à n’importe quelle place : au sommet, plusieurs coudées au dessus de ses challengers.

Voilà qui devrait donner du grain à moudre aux défenseurs de cette méthode de sevrage, et peut-être mettre des bâtons dans les roues de la FDA aux Etats-Unis, où le NEJM est lu et très respecté. Cette dernière envisage effectivement une batterie de mesures très sévères contre la vape, accusée de propager le tabagisme chez les jeunes. Il sera difficile pour la FDA de brimer une méthode de sevrage tabagique extrêmement efficace au nom de la lutte contre le tabagisme.

Une étude comparative entre la vape et les substituts nicotiniques pharmaceutiques rebat les cartes. 

Soutenue par le programme d’évaluation des technologies de la santé du National Institute for Health Research (NIHR) et par une subvention de la Cancer Research UK Prevention Trials Unit, cette étude est notamment dirigée par Peter Hajek, grand nom de la lutte contre le tabagisme en Angleterre. Une équipe de 13 médecins, psychologues et pharmaciens s’est donc attaquée au grand sujet, comparer l’efficacité de la vape par rapport aux autres méthodes de sevrage tabagique.

886 fumeurs suivis sur 12 mois

L’équipe a assigné au hasard des adultes qui fréquentaient les services d’abandon du tabac du National Health Service du Royaume-Uni soit à des produits de remplacement de la nicotine de leur choix, y compris des combinaisons de produits, fournis pour une période maximale de trois mois, soit à un kit de démarrage de cigarettes électroniques (une cigarette électronique de deuxième génération rechargeable contenant une bouteille de e-liquide chargé à 18 mg de nicotine), avec une recommandation pour acheter de nouveaux liquides électroniques du goût et du dosage choisis par eux.

L’étude a porté sur des patients volontaires, qui ont eu le choix entre la vape et divers substituts, patchs, sprays et gommes.

Le traitement comprenait un soutien comportemental hebdomadaire d’au moins 4 semaines. Le principal résultat a été l’abstinence soutenue pendant un an, qui a été validée biochimiquement lors de la dernière visite. Les participants qui ont été perdus pour le suivi ou qui n’ont pas fourni de validation biochimique ont été considérés comme n’étant pas abstinents. Les résultats secondaires comprenaient l’utilisation du traitement et les symptômes respiratoires signalés par les participants.

18% d’efficacité dans le sevrage

Au total, les résultats de 886 participants ont été pris en compte dans l’étude. Le taux d’abstinence d’un an était de 18,0 % dans le groupe des vapoteurs, comparativement à 9,9 % dans le groupe des utilisateurs de substituts nicotiniques autres (patchs, gommes etc…) .

Les vapoteurs ont été 18 % à arrêter de fumer au bout de 52 semaines, contre 9 % pour les autres méthodes.

Parmi les participants ayant un an d’abstinence, ceux du groupe vape étaient plus susceptibles que ceux du groupe substitut de la nicotine d’utiliser le produit qui leur avait été assigné après 52 semaines (80 % contre 9 %).

Dans l’ensemble, l’irritation de la gorge ou de la bouche a été signalée plus fréquemment dans le groupe cigarette électronique (65,3 % contre 51,2 % dans le groupe remplacement de nicotine) et les nausées plus fréquemment dans le groupe remplacement de nicotine (37,9 % contre 31,3 % dans le groupe cigarette électronique).

Le groupe des fumeurs de cigarettes électroniques a signalé des baisses plus importantes de l’incidence de la production de toux et de mucosités de la ligne de base à 52 semaines que le groupe des fumeurs de remplacement de la nicotine. Il n’y avait pas de différences significatives entre les groupes quant à l’incidence de respiration sifflante ou d’essoufflement.

La science française toujours à la traîne

Que la vape soit plus efficace dans l’arrêt du tabac que les substituts nicotiniques pharmaceutiques était une intuition que de nombreux spécialistes du sevrage partageaient. L’étude « A Randomized Trial of E-Cigarettes versus Nicotine-Replacement Therapy » en apporte une preuve scientifique.

L’étude, une première mondiale, apporte de l’eau au moulin de la vape. 

Et encore, les résultats sont à relativiser. L’équipe a fourni à tous les patients un kit de démarrage identique, avec pour consigne de choisir ensuite leur e-liquide. La possibilité pour chacun de choisir son matériel aurait peut-être donné des résultats légèrement supérieurs à la vape. Mais il y a de quoi fortement se satisfaire de ce résultat.

L’étude comparative aux substituts médicamenteux se fait, elle, encore attendre. 

L’étude n’est pas comparable à l’ECSMOKE menée actuellement, pour une durée de quatre ans, par le Dr Berlin pour l’AP-HP. Celle-ci porte en effet sur les méthodes de sevrage incluant les traitements médicamenteux, contrairement à l’Anglaise qui ne portait que sur les méthodes de sevrage. Ses premiers résultats ne sont pas espérés avant au moins deux ans. 

Mais ce qu’il faut retenir est là : si vous choisissez la vape, vous avez deux fois plus de chances de réussir, au minimum, qu’avec tout autre substitut nicotinique.

Source : “A Randomized Trial of E-Cigarettes versus Nicotine-Replacement Therapy” New England Journal of Medicine

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