La DGCCRF publie les résultats d’une enquête qu’elle a menée en 2014 sur la sécurité des cigarettes électroniques. L’organisme de contrôle a constaté de nombreuses anomalies sur des flacons et du matériel mis sur le marché français. Pour la Fivape, qui travaille depuis plus de deux ans avec l’administration, c’est l’incompréhension.
L’ouverture du journal de 20h de TF1 hier soir et une dépêche AFP ont déclenché une vague médiatique pour le moins anxiogène dès hier soir. Une enquête de l’administration qui devrait être rendue publique aujourd’hui, montrerait que 90% des e-liquides sont non conformes. Un mauvais étiquetage et des erreurs sur les dosages des produits seraient en cause.
Le président de la Fivape, Jean Moiroud, réagissait ce matin sur RMC : “Il est pratiquement impossible de bien étiqueter les produits aux yeux de la DGCCRF. La réglementation est trop complexe et est illisible.”
“C’est un coup bas et nous le prenons très mal”
La fédération professionnelle travaille depuis plus de deux ans avec la DGCRFF sur ces les problématiques d’étiquetage “pour avoir des produits cohérents et en règle”. Jean Moiroud ne cache pas “un sentiment de trahison et d’incompréhension (…) On leur demande (leur aide) parce que nous sommes des petites entreprises qui essaient de comprendre une législation européenne complexe”.
Evoquant les normes AFNOR, le président de la Fivape rappelle que la DGCCRF a participé aux travaux, mais “ils ne se sont exprimés à aucun moment. Alors sortir un document comme celui-là en plein débat sur la cigarette électronique, c’est un coup bas et nous le prenons très mal”.
Pour le professeur Dautzenberg, il s’agit là d’une “opération de communication”
La DGCCRF a mis en ligne son communiqué de presse et diffusé une synthèse du rapport à l’origine du battage médiatique.
L’Aiduce a réagi constate qu’il “n’est donc fait nulle mention – et pour cause – d’antigel, d’arsenic ou de cancérogènes concentrés” et souligne qu’il s’agit en fait “d’erreurs dans la composition indiquée sur l’étiquetage, du mauvais usage des symboles normés de toxicité ou de nocivité, ou de manque de sécurité de certains bouchons”. Ces résultats ne prennent pas en compte que depuis “les acteurs du marché se sont réunis pour mettre en place des normes AFNOR” et s’interroge sur l’agenda de cette communication anxiogène.
Dans un communiqué de presse, la Fivape dénonce une “omission grave” de la DGCCRF, “jamais elle ne précise que les contrôles et analyses s’effectuaient au regard d’une réglementation inexistante ou inadaptée, et dont l’application était contradictoire d’une Direction départementale à une autre” et s’interroge : “Comment respecter des règles lorsque celles-ci n’existent pas ?” Le « contact permanent avec les professionnels du secteur » vanté par la DGCCRF, regrette la fédération des professionnels de la vape, “n’est finalement qu’un leurre”
Dans le Quotidien du Médecin le Dr Anne Borgne réagit : “il ne faut pas se tromper de message” et “rappeler face à quoi on est – le tabac – avec toute sa dangerosité archi-prouvée et reconnue. La e-cigarette est un produit qui, peut-être, n’a pas une inocuité totale, mais dont la dangerosité par rapport au tabac n’est même pas à discuter.”
Interrogé par Sciences et Avenir, le Pr Dautzenberg confirme ses propos tenus plus tôt sur Europe 1 : “Il s’agit d’une communication organisée pour couler la cigarette électronique à quelques jours d’un vote parlementaire sur le tabac. C’est une campagne pro-tabac”.
Pragmatique, Jacques Le Houezec recommande aux boutiques d’exiger des fournisseurs des étiquettes conformes et “d’arrêter de vendre les produits” de ceux qui le refuseraient “pour le bien de tous les vapeurs actuels et futurs, et de la vape en général”.
Olivier Laurelli publie sur vape.li deux versions du communiqué de la DGCCRF et commente : “Faire du « sécuritaire » c’est bien mais la démagogie ne devrait pas avoir sa place quand on évoque la première cause de mortalité évitable en France et dans le monde”.