En février dernier, le ministère de la Santé annonçait allouer un million d’euros à un programme de recherche, piloté par le docteur Ivan Berlin, pour comparer l’efficacité de la cigarette électronique à celle du Champix dans le sevrage tabagique. L’appel d’offres rendu public au coeur de l’été nous en apprend un peu plus.

Vapoter du “tabac blond” avec nicotine, sans nicotine ou prendre du Champix ?

medecin-vape-medicament-docteurLe projet de recherche ECSMOKE mené par  l’Assistance Publique des Hôpitaux de paris (AP-HP) délivrera ses résultats en 2019. Pendant deux ans, les chercheurs vont suivre 700 fumeurs répartis dans trois groupes.

Un premier groupe sera composé d’hommes et femmes équipés de vaporisateurs avec nicotine. Le second groupe sera doté de cigarettes électroniques “placebo”, c’est à dire sans nicotine, enfin les fumeurs du troisième groupe auront droit au champix. Les fumeurs des deux premiers groupes auront accès exclusivement à une saveur “tabac blond”, et ceux du premier groupe utiliseront tous le même taux de nicotine (entre 10 et 16 mg/ml) qui reste à définir par les chercheurs.

Une consultation pour la fourniture de 1 000 cigarettes électroniques, 600 batteries, 3 000 résistances et 35 000 flacons d’e-liquides avec et sans nicotine était lancée fin juillet.

“Des chercheurs qui semblent confondre vape avec une prise de médicament”

Pour le blogueur Sébastien Beziau “la lecture de l’appel d’offres est extrêmement alarmante“. Il estime que les personnes en charge de l’étude n’ont “absolument pas pris conscience de la véritable nature de la vape, de sa complexité, de sa finesse d’adaptation à chaque profil de fumeur”.

Une seule saveur et un unique taux de nicotine seront proposés aux fumeurs à l’opposé de la démarche empirique des vapoteurs qui adaptent matériels, arômes et taux de nicotine selon leurs besoins, comme le recommandent d’ailleurs les tabacologues qui ont intégré le dispositif à leur démarche. Le blogueur insiste, ces conditions sont essentielles pour réussir à sortir du tabac grâce à l’e-cigarette et il anticipe des résultats en deçà des conditions réelles.

L’importance des arômes soulignée dans plusieurs études

Les dernières données publiées par ASH montrent qu’un tiers des vapoteurs seulement utilisent des arômes tabac.

Dès 2013, une étude de Konstantinos Farsalinos montrait l’importance des arômes chez les vapoteurs plus particulièrement chez les ex-fumeurs.

Une autre enquête publiée par des chercheurs américains en 2015 menée auprès de vapoteurs du Middle West montrait des proportions  d’utilisateurs d’arômes tabac similaires à celles recueillies par ASH au Royaume-Uni.

Le taux de nicotine, un choix très personnel

Le taux de nicotine est généralement l’un des premiers paramètres fixés par les vapoteurs, un peu à l’image de la taille d’un vêtement. En première approche, c’est le nombre de cigarettes fumées qui oriente le choix, choix qui sera généralement affiné par l’expérimentation et l’expérience. Les données recueillies par ASH sont éloquentes.

 

“Box ouvertes”, puissance limitée à 6 ou 9 watts, contrôle de température obligatoire, résistances comprises entre 1,5 et 2 ohms, une saveur et un taux de nicotine.

Les “cigarettes électroniques complètes” souhaitées par l’AP-HP devront présenter les caractéristiques suivantes :

  • Cigarettes électroniques de 3ème génération type « box ouverte » avec étui
  • Puissance théorique maximale de 6 à 9 Watts
  • Wattage réglable
  • Contrôle de température
  • Informations sur le type de batterie et le voltage
  • Informations sur l’autonomie de la batterie
  • Présence d’un témoin de charge de batterie
  • Information sur la Connectique du chargeur fourni : prise électrique, via USB, micro-USB…
  • des batteries de rechange, compatibles avec la cigarette électronique complète
  • des résistances de 1,5 à 2 ohms.

Ce cahier des charges semble poser problème. À moins de lancer une production sur mesure, il pourrait être difficile à satisfaire avec les produits sur le marché, où les box de moins de 9 watts, de troisième génération, proposant un contrôle de température avec des résistances de plus de 1,5 ohms font défaut à notre connaissance.

La date limite de dépôt des réponses est le 16 septembre. À suivre donc…

 

 

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