Voici la traduction de l’article que le docteur Konstantinos Farsalinos a publié dans le journal scientifique BMJ, le 2 octobre 2013 :
Les stratégies de commercialisation des cigarettes électroniques seraient une réelle source d’inquiétude si elles étaient orientées vers l’adoption d’une nouvelle habitude pour toute la population. Ces dernières décennies, les cigarettes de tabac étaient commercialisées comme une nouvelle habitude à la mode. À l’inverse, les cigarettes électroniques sont (et doivent être) commercialisées comme une alternative au tabac.
Le groupe ciblé est clairement défini. Les campagnes de commercialisation visent essentiellement à encourager les fumeurs à utiliser les e-cigarettes comme un substitut partiel ou total aux cigarettes de tabac mais doivent être règlementées afin d’empêcher toute tentative pour promouvoir leur utilisation dans les autres groupes de la population.
L’utilisation simultanée de cigarettes de tabac et de cigarettes électroniques est d’un intérêt lorsque les fumeurs réduisent leur consommation de cigarettes. Etter et Bullen ont questionné 3.587 fumeurs adultes de cigarettes électroniques dont plus de 90% ont déclaré que les e-cigarettes les avaient aidé à réduire leur consommation de cigarettes, voire même à arrêter de fumer (1).
Dans une autre étude menée par Dawkins et associés, 71% des participants avaient indiqué qu’ils n’avaient plus fumé depuis plusieurs semaines alors que 55% ont indiqué une « baisse spectaculaire » de la consommation de cigarettes de tabac depuis qu’ils utilisaient les e-cigarettes (2).
Une étude au niveau mondial sur plus de 19.000 utilisateurs d’e-cigarettes, menée par notre groupe, a montré que 80% des participants ont arrêté de fumer alors que la consommation de cigarettes est passé de 20 à 7 cigarettes par jour (valeur moyenne) parmi ceux qui continuaient à fumer (données non publiées). La sélection effectuée lors de telles études (il est attendu que les participants sont principalement des utilisateurs motivés et satisfaits) ne peut discréditer le fait qu’il existe une proportion importante de fumeurs qui ont arrêté ou réduit considérablement leur consommation grâce à l’utilisation d’e-cigarettes comme l’ont également prouvé les résultats d’une étude aléatoire contrôlée, menée par Bullen et associés.
Bien que cette étude ait fait preuve de partialité à l’égard des e-cigarettes (les e-cigarettes sont utilisées comme un substitut à long terme au tabac, néanmoins, il n’y a aucune cigarette électronique contenant de la nicotine disponible en Nouvelle-Zélande ; pour ce qui est des patchs de nicotine, les auteurs affirment clairement dans les manuscrits qu’ils offrent des bons pour que les bénéficiaires couvrent leurs frais d’ordonnance), on a découvert que les e-cigarettes étaient plus efficaces que les patchs nicotiniques pour arrêter de fumer et pour ce qui est de la satisfaction des utilisateurs (3).
À l’inverse, il est faux de soutenir l’idée que les e-cigarettes ne sont pas efficaces en se basant sur l’étude de Vickerman et associés (4). De manière évidente, cette étude a examiné les taux de cessation parmi les fumeurs qui ont arrêté de fumer et qui ont indiqué une certaine utilisation de cigarettes électroniques par le passé, et non lors de leur démarche pour se sevrer du tabac. En effet, AllereWellbeing (l’institut qui emploi les auteurs et qui a mené cette étude) a publié un communiqué qui explique cela : « De nombreux personnes interprètent cela de manière erronée en pensant que les e-cigarettes n’ont pas aidé ceux qui se sont inscrits aux QL Services (ligne téléphonique pour aider les fumeurs à se sevrer du tabac) à arrêter de fumer. L’analyse n’a jamais eu pour but de répondre à cette question (5). Mise à part l’efficacité en tant que substitut tabagique, les preuves disponibles à l’heure actuelle issues d’études chimiques (6) et toxicologiques (7) soutiennent le fait que les e-cigarettes sont de loin moins nocives que les cigarettes de tabac.
Il est paradoxal de soutenir l’idée que les e-cigarettes puissent être une passerelle vers le tabac pour la seule raison qu’il existe une utilisation simultanée de cigarettes électroniques et de cigarettes de tabac. -K. Farsalinos
Les personnes qui utilisent ces deux types de cigarettes sont d’anciens fumeurs qui, à un moment donné, ont commencé à utiliser les e-cigarettes. Il existe trois possibilités pour ces fumeurs : (a) ils peuvent arrêter de fumer des cigarettes de tabac, (b) arrêter de fumer des cigarettes électroniques mais continuer à fumer des cigarettes de tabac ou (c) ils peuvent continuer à fumer simultanément des e-cigarettes et des cigarettes de tabac. Dans aucune de ces options les e-cigarettes peuvent être considérées comme une passerelle au tabac. Il n’y a aucune preuve qui montre que les fumeurs ont commencé à fumer suite à une utilisation initiale d’e-cigarettes pour finir par fumer des cigarettes de tabac (8).
Références
1. Etter JF, Bullen C. Electronic cigarette: users profile, utilization, satisfaction and perceived efficacy. Addiction 2011;106:2017-2028.
2. Dawkins L, Turner J, Roberts A, Soar K. ‘Vaping’ profiles and preferences: an online survey of electronic cigarette users. Addiction 2013;108:1115-1125.
3. Bullen C, Howe C, Laugesen M, McRobbie H et al . Electtonic cigarettes for smoking cessation: a randomized controlled trial. Lancet September 7, 2013 http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(13)61842-5
4. Vickerman KA, Carpenter KM, Altman T, Nash CM, Zbikowski SM. Use of Electronic Cigarettes Among State Tobacco Cessation Quitline Callers. Nicotine Tob Res 2013;15:1787-1791.
5. Alere Wellbeing Blog. E-Cigs: Are They A Problem Or A Solution? Posted by Ken Wassum May 22, 2013.
6. Goniewicz ML, Knysak J, Gawron M, Kosmider L, Sobczak A, Kurek J, Prokopowicz A, Jablonska-Czapla M, Rosik-Dulewska C, Havel C, Jacob P 3rd, Benowitz N. Levels of selected carcinogens and toxicants in vapour from electronic cigarettes. Tob Control. 2013 March 6, 2013 doi:10.1136/tobaccocontrol-2012-050859.
7. Romagna G, Allifranchini E, Bocchietto E, Todeschi S, Esposito M, Farsalinos KE. Cytotoxicity evaluation of electronic cigarette vapor extract on cultured mammalian fibroblasts (ClearStream-LIFE): comparison with tobacco cigarette smoke extract. Inhal Toxicol 2013;25:354-361.
8. MHRA Commission on Human Medicines, Working Group on Nicotine Containing Products. Current use of electronic cigarettes. 2013, available at:http://www.mhra.gov.uk/home/groups/comms-ic/documents/websiteresources/
con286845.pdf
Intérêts concurrentiels : Le Dr. Farsalinos est le principal chercheur d’études sur l’innocuité des e-cigarettes pour laquelle l’institution (mais pas les chercheurs) a reçu un financement de la part des fabricants d’e-cigarettes.
Article source : http://www.bmj.com/content/347/bmj.f5780/rr/664916