Plusieurs experts de la santé publique aux Etats-Unis ont écrit une lettre à la Food and Drug Administration afin d’accuser l’un de ses membres de propager de fausses informations concernant la vape et le COVID-19. Pour eux, il n’y a aucune preuve scientifique que le vapotage puisse aggraver les symptômes du virus.

Aucune preuve scientifique sur le fait que vapoter pourrait aggraver les symptômes du virus

Comme tout un chacun le sait, l’épidémie de COVID-19 qui sévit dans le monde depuis plusieurs semaines maintenant, s’aggrave de jour en jour. Si la façon dont se propage le virus est de mieux en mieux comprise par les scientifiques, certaines fake news continuent pourtant de circuler. Certaines fausses informations auxquelles la vape n’a d’ailleurs pas échappé.

En effet, le 23 mars dernier par exemple, Jerome Adams, administrateur de la santé publique des Etats-Unis, a déclaré lors de sa participation à l’émission télévisée matinale Today Show, diffusée sur la NBC, que le fait que les USA et l’Italie sont particulièrement touchés par l’épidémie n’est pas un hasard mais la cause d’une « plus grande proportion de personnes » qui vapent dans ces pays. Une information rapidement relayée par de nombreux médias, et notamment par Bloomberg News, qui titrait quelques heures plus tard : « le vapotage pourrait aggraver les risques sanitaires liés aux virus, selon la FDA », à la suite de cette déclaration et d’un échange de mails entre la rédaction du site et un membre de la Food and Drug Administration, dont nous ne savons rien.

Il y a quelques jours, le procureur général de l’Iowa, Tom Miller, ainsi que 12 experts de la santé publique ont écrit une lettre à la FDA afin de se plaindre de ces déclarations.

Dans le document, les auteurs se disent « surpris et déçus de voir une déclaration sur la vape et le COVID-19 de la part d’un porte-parole de la FDA », et tiennent à faire trois remarques « sur ce regrettable épisode ».

Les fumeurs et vapoteurs des USA méritent mieux qu’un courrier publicitaire

Les experts commencent tout d’abord par rappeler que les Etats-Unis comptent 12 millions de vapoteurs et 34 millions de fumeurs et que s’ils doivent recevoir des informations ayant des conséquences de vie ou de mort en cette période de pressions personnelles fortement accrues, « ils méritent mieux qu’un courrier publicitaire d’un porte-parole de la FDA envoyé à un service de news ». Ils ajoutent que si le gouvernement fédéral doit fournir des conseils, ceux-ci doivent être disponibles sur les sites web de la FDA et du CDC, « validés pour leur véracité et leur clarté, testés pour détecter les conséquences involontaires et largement diffusés par des professionnels de la santé reconnus et dignes de confiance ».

Les auteurs rappellent ensuite qu’il est probable que les vapoteurs les plus âgés présentent des conditions sous-jacentes qui augmentent leur vulnérabilité et la probabilité de symptômes graves ou mortels du COVID-19. Conditions sous-jacentes qui pourraient être le fruit « des dommages sur leurs systèmes cardiovasculaire et respiratoire au cours de leurs nombreuses années de tabagisme ».

Où se trouve le raisonnement fondé sur des preuves selon lequel conseiller aux fumeurs adultes de ne pas vaper est approprié pour protéger la santé publique ?

« Sur quelle base la FDA est-elle convaincue qu’il est juste de dissuader les personnes souffrant de troubles sous-jacents liés au tabagisme d’arrêter de vaper à l’heure actuelle, étant donné que l’alternative probable pour beaucoup est un retour au tabagisme ? Où se trouve le raisonnement fondé sur des preuves selon lequel conseiller aux fumeurs adultes de ne pas vaper est approprié pour protéger la santé publique à tout moment, mais surtout pendant la crise du COVID-19 ? Nous n’avons pas connaissance de preuves pertinentes et informatives sur la vape et le COVID-19, et les preuves sur le tabagisme et le virus sont peu concluantes et contradictoires » expliquent-ils ainsi.

Enfin, les experts rappellent que si la FDA doit fournir des conseils sur le tabagisme et le vapotage en ce moment, elle doit le faire « en tenant compte de la différence marquée entre les risques liés au tabagisme et à la vape ».

Ils ajoutent :

La réduction des risques est un concept valable et son potentiel est bien établi

« La réduction des risques est un concept valable et son potentiel est bien établi. Nous pensons que la FDA n’a pas de base pour faire des recommandations sur le tabagisme et le vapotage qui soient spécifiques au COVID-19 pour le moment. À ce stade, nous pensons donc que les conseils aux fumeurs devraient être compatibles avec l’impératif de santé publique de longue date qui consiste à arrêter de fumer en utilisant toutes les méthodes qui fonctionnent, y compris en passant à la vaporisation d’autres produits à base de nicotine non combustible et à faible risque. Il est important que la FDA n’affirme ni n’implique, en aucune circonstance, une équivalence de risque entre le tabagisme et la vaporisation », avant de se dire également « préoccupés par le fait que les déclarations de la FDA ont des effets en dehors des États-Unis et dans le monde entier, ce qui est une autre raison de faire preuve d’une grande prudence ».

Ils concluent ainsi :

Il serait préférable que la FDA et ses porte-parole ne fassent pas d’autres commentaires pour le moment

« Si la FDA est en mesure de fournir des conseils clairs qui placent la santé de millions d’Américains au premier plan, et ce sur la base de connaissances comportementales et biomédicales solides, alors elle devrait le faire, et nous serions heureux que l’agence y contribue. Si, toutefois, ses communications sont arbitraires et mal conçues, répandent la peur et la confusion avec peu de base scientifique et des conséquences imprévisibles, alors il serait préférable que la FDA et ses porte-parole ne fassent pas d’autres commentaires pour le moment ».

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