Le marché de la vape… Vaste sujet. Ou plutôt sujets, tant les problématiques à aborder sont nombreuses. Et il y en a une qui s’avère particulièrement agaçante : la pénurie organisée. A ne pas confondre avec la rareté. Et vous me connaissez : dès qu’il s’agit de s’énerver, je réponds présent.

Pénurie organisée

Oui, cet article cible spécifiquement un modeur. Je ne le citerai pas, mais disons, pour les curieux, que le nom de son premier atomiseur pouvait se confondre avec celui d’un déodorant, et que sa gamme se décline aujourd’hui en trois produits, …Da, …Ta, …Ba. Tiens, bonne idée, ça : appelons le DaTaBa.

Ces atomiseurs comptent, aujourd’hui, parmi les produits les plus recherchés de la vape. A juste titre, paraît-il. Peut être, puisqu’il faut croire sur parole une poignée d’élus, dont, pour certains, l’objectivité est sujette à caution.

Le problème, quel est il ? Il est simple : le DaTaBa est affiché, à la vente, sur le site du modeur, à environ 130 dollars. Ce qui est onéreux, certes, mais reste tout à fait raisonnable pour de la production haut de gamme. Sauf que…

… Sauf que, soyons clair : acheter un DaTaBa sur le site du modeur au prix affiché, de façon tout à fait classique, voir l’atomiseur, le mettre dans son panier, payer, recevoir son atomiseur, équivaut aujourd’hui à avoir, sur la même photo, le monstre du Loch Ness, le Yeti et l’extraterrestre de Roswell. C’est simple, disons le tout net : un DaTaBa à 129 dollars, ça n’existe pas.

Et cette impossibilité constitue un des gros mensonges de la vape. Parce qu’il ne faut pas confondre rareté et pénurie organisée.

Rareté et pénurie

La rareté est assez simple à définir : c’est tout simplement un produit dont les capacités de production ne parviennent pas à satisfaire la demande. Soit parce que le produit est artisanal : on pensera aux box en bois stabilisé réalisées en grande partie à la main par un modeur dans son atelier, par obligation ou par choix. Soit parce qu’il est difficile à produire : on pensera au Skyline de ESG, dont la précision que demande sa production la limite en terme de capacités. Soit parce que le modeur est trop petit : on songera à Taifun ou Svoemesto… à leurs débuts.

Mais… Le DaTaBa n’entre dans aucune de ces catégories.

Ce n’est pas un objet artisanal fabriqué à la main. Un simple examen superficiel montre que l’objet peut aisément être produit en série sur une machine à commande numérique, comme l’atteste, de plus, son tarif.

Il est peut être délicat à fabriquer. On ne le dirait pas, mais… Allez savoir. Sauf que, dans les cas d’atomiseurs à la production longue, on songera, actuellement, au Hussar RDTA ou au Skyline, dans les deux cas, les modeurs ont affiché clairement la couleur : patience, c’est long, mais il y en aura pour tout le monde. Leurs groupes tiennent régulièrement les amateurs au courant de l’avancée du travail, et surtout, les deux ont un discours similaire : ne payez pas vos atomiseurs trop chers, patientez !

Quand au modeur trop petit, qui n’a peut-être pas les moyens… Le succès et la quête de ses pièces peuvent le rassurer sur le fait que sa production s’écoulera, il peut investir. Et si vraiment il ne peut ou ne veut pas, et bien… Il existe les pré-commandes. Honnêtement, si on vous dit : vous pouvez avoir un DaTaBa, il suffit de le payer maintenant et on vous le livre dans trois mois, des milliers de personnes seront prêtes à payer pour cela. Le fabriquant peut alors lancer une production payée d’avance, et pré-vendue.

Les raisons de la colère

Jusqu’ici, on pourrait se dire que l’on a affaire à un modeur timoré ou mauvais gestionnaire. Ce qui pose question, c’est l’apparition, dans certains groupes très pointus de vente pour matériel haut de gamme d’occasion, de DaTaBa à des tarifs… Comment dire ? Pardon, je suis en panne de mot adéquat. On en a vu se négocier pour 600 dollars, jusqu’à 800 m’a-t-ton dit sans avoir pu le vérifier de visu. Mais, en tout cas, plutôt pas mal pour un atomiseur proposé à la base à 129 dollars.

Rareté et réputation d’excellence, oui, il existe des vapoteurs fous de désir capables de payer des fortunes pour acquérir une de ces merveilles. La preuve : le dernier que j’ai vu passer, proposé 500 euros, s’est vendu en… Une minute, montre en main.

Ce qui trouble encore plus, c’est que ces atomiseurs sont vendus, pour beaucoup, par des gens qui semblent connaître personnellement le modeur.

Ce qui éveille carrément les soupçons, c’est que le modeur envoie des atomiseurs, ou du moins facilite leur acquisition, par des reviewers en vue. Ces derniers ne sont pas en cause : on leur envoie un atomiseur, ils le testent. Mais on s’interroge sur l’intérêt de créer autant de désir pour un atomiseur qu’on sera incapable de fournir.

Posons la question

Posons alors la question : le modeur entretient-il sciemment la pénurie ?

Il y a quelques années, un petit scandale avait coupé un modeur de beaucoup de ses revendeurs. Rappelez-vous : le Nectar était, à ses débuts, proposé à 90 euros. Quand, soudain, tout le monde s’est avisé qu’il s’agissait d’un excellent atomiseur, la demande a explosé. Le modeur a alors fortement augmenté ses capacités de production… en profitant pour passer le pris à 110 euros. C’était, quand on y pense, de bonne guerre, puisque, d’un atomiseur fait sur son temps libre, on passait à une occupation à plein temps. Mais ce fut mal accepté.

Le fabriquant du DaTaBa aurait-il trouvé le moyen de vendre un atomiseur 600 dollars sans que personne ne trouve rien à y redire ? Il lui suffirait d’en fabriquer un pour gagner autant d’argent qu’en en fabriquant cinq, ce qui s’appelle un bon plan…

Certes, on m’objectera qu’on peut en trouver facilement à 200 ou 300 euros. Oui… Mais c’est toujours au dessus du prix du marché. On m’objectera aussi que certains ont pu l’acquérir sur liste, sur la page FB. Oui, quelques uns, lorsque la pression se fait trop forte. Mais pourquoi sur liste ? A quoi sert son site de e-commerce ?

Je finirai en signalant que, si on en trouve autant d’occasion, c’est peut être parce qu’il n’est pas aussi formidable.

Le silence

Je me suis fait confirmer ce que je pensais par quelques boutiques, en France et à l’étranger. Le témoignage le plus édifiant, à mon sens, vient d’un magasin, qui m’expliquait qu’il était prêt à lui commander 500 pièces, ferme, avec une avance à la commande qui couvrirait les coûts de fabrication. Le modeur ne s’est même pas donné la peine de répondre.

Procédé malhonnête ? C’est mon avis. Peut être pas le vôtre, après tout, nous sommes dans un pays libre. Mais le constat est là : tant qu’il existera des gens prêts à payer n’importe quel prix pour cet atomiseur, il restera rare, je suis prêt à le parier. Le jour ou la communauté de la vape dira « Non, nous refusons de le payer au dessus du prix demandé tant que vous ne nous aurez pas expliqué pourquoi il est si rare » parions que, soudain, la boutique sera approvisionnée, et qu’on pourra acheter un DaTaBa aussi facilement qu’on achète un Big mac.

Mais ce jour n’est pas prêt d’arriver. Parce que la communauté de la vape, comment dire ? C’est un peu le quatrième, sur la photo, à côté du monstre du Loch Ness, du Yeti et de l’extraterrestre de Roswell…

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