Chaque année, le Vaping Post interroge différents experts du domaine de la cigarette électronique afin d’avoir leur ressenti sur l’année écoulée et de recueillir les espérances pour celle à venir. Aujourd’hui, la parole est donnée à 11 personnalités.

2021 touche à sa fin.

 

Sommaire

 

ETHRA (European Tobacco Harm Reduction Advocates), association européenne de défense de la réduction des risques liés au tabac

2022 sera une bataille et nous devons nous organiser et nous engager auprès des politiciens.

Quel(s) événement(s) retenez-vous de l’année 2021 ?

2021 a été une année mouvementée pour les défenseurs de la réduction des risques liés au tabac avec la publication de plusieurs rapports (Scheer, application de la TPD, plan européen de lutte contre le cancer) qui auront une influence sur la future réglementation des produits à base de nicotine plus sûrs, et pas de manière positive. L’amalgame entre les produits à plus forte teneur en nicotine et le tabac combustible, les appels à l’interdiction des arômes et à l’augmentation des taxes sont récurrents dans ces rapports. Au moment où nous écrivons ces lignes, des amendements de compromis au projet de rapport BECA (le point de vue du Parlement européen sur le Plan cancer) sont en cours de discussion. Là encore, les arômes sont menacés, certains députés européens demandant une interdiction totale des arômes, tandis que d’autres plaident en faveur de la réduction des risques.

Le meilleur de 2021 ?

La publication de l’enquête de l’ETHRA sur les consommateurs de nicotine. L’enquête a été un énorme succès avec plus de 37 000 répondants (la plus grande enquête de ce type en Europe). Le résultat principal est que 83,5 % des fumeurs et 73,7 % des utilisateurs de SNUS ont réussi à arrêter de fumer.

Le pire de 2021 ?

L’interdiction des arômes au Danemark et aux Pays-Bas, et la taxation excessive des produits de vapotage en Allemagne, qui rendra le vapotage plus cher que le tabagisme.

Selon vous, comment évoluera la situation dans les 12 prochains mois ?

L’année à venir pourrait être décisive pour l’avenir de la vape dans l’Union européenne. La bonne nouvelle est que la proposition de la Commission sur la prochaine TPD n’est pas attendue avant 2024, une évaluation et une étude d’impact seront réalisées respectivement en 2022 et 2023. Cependant, si une interdiction des arômes est incluse dans le rapport final de la BECA, les arômes seront sérieusement menacés. Les discussions sur la directive relative à la taxation du tabac auront lieu en 2022, ce qui fixera le niveau minimum de taxation, le cas échéant, qui sera appliqué aux alternatives plus sûres au tabagisme. 2022 sera une bataille et nous devons nous organiser et nous engager auprès des politiciens aux niveaux local, national et européen. Nous devons envoyer un message fort et clair : nous n’accepterons pas de restrictions irresponsables sur les produits nicotiniques plus sûrs.

Jean Moiroud, président de la Fivape

Les travaux du Parlement européen nous laissent avec un goût doux-amer : quelques victoires mais des points de vigilance.

Quel(s) événement(s) retenez-vous de l’année 2021 ?

Jean Moiroud

L’année 2021 a été un premier pas dans le sens du retour à un fonctionnement ordinaire de la filière. Bien que la première partie de l’année ait été marquée par des couvre-feux et qu’il soit encore compliqué d’effectuer des tests en boutique, la fin des confinements généralisés et le retour des fumeurs dans les boutiques ont permis à chacun de retrouver une activité sensiblement comparable à celle d’avant le Covid. La pandémie a tout de même changé quelques habitudes, avec une légère augmentation de la vente en ligne.

Sur le plan politique, 2021 a été l’année de la réapparition de la vape au cœur des débats de nos élus européens à Bruxelles, ce qui n’était pas arrivé depuis 2014 ! À la sortie, les travaux du Parlement européen nous laissent avec un goût doux-amer : quelques victoires mais des points de vigilance.

Le meilleur de 2021 ?

La tenue du magnifique Vapexpo 2021 (enfin) !

Le pire de 2021 ?

La statue ratée en mémoire de Johnny Hallyday.

Selon vous, comment évoluera la situation dans les 12 prochains mois ?

Pour l’année 2022, nous sommes dans l’expectative sur plusieurs points. Sortirons-nous définitivement du Covid ou devrons-nous faire face à un nouveau variant qui mettra en danger nos activités ? Le renouvellement (ou pas) de la classe politique française avec les élections présidentielles et législatives est également une inconnue de taille. Au niveau européen, la Commission présentera avant l’été son projet de révision de directive sur la taxation des produits du tabac avec une potentielle inclusion des produits du vapotage, mais rien n’est encore joué à ce stade. Ma seule certitude à l’arrivée, c’est que notre énergie et notre motivation sont intactes pour continuer, au sein de la Fivape, à mener un combat quotidien pour défendre la vape !

Riccardo Polosa, professeur de médecine interne et fondateur du CoEHAR (Centre d’excellence pour l’accélération de la réduction des risques)

L’OMS [...] ne fait que nier les droits fondamentaux en matière de santé pour des millions de fumeurs.

Quel(s) événement(s) retenez-vous de l’année 2021 ?

Riccardo Polosa

2021 a été une année cruciale pour la vape et la réduction des risques liés au tabac dans le monde grâce à d’importantes actions positives. Par exemple, aux États-Unis, la FDA a autorisé certaines cigarettes électroniques comme outil d’aide au sevrage tabagique, reconnaissant l’efficacité de ces dispositifs. En Angleterre, le National Health Service est allé encore plus loin, en autorisant les e-cigs en tant que prescriptions. Le besoin d’alternatives plus sûres est également mieux reconnu dans les pays à revenu faible ou moyen. Cette situation a forcé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à reconnaître qu’un nombre croissant de personnes dans le monde utilise la cigarette électronique pour arrêter de fumer. Mais l’OMS doit cesser son approche antagoniste de la réduction des risques liés au tabac car elle ne fait que nier les droits fondamentaux en matière de santé pour des millions de fumeurs.

Le meilleur de 2021 ?

Le GFN 2021 a résumé toutes les nouvelles tendances qui se sont dessinées en 2021.

Le pire de 2021 ?

La COP9 (Conférence des parties), qui a ignoré toutes les avancées internationales récentes, qu’elles soient politiques, réglementaires ou scientifiques. L’OMS y a une fois de plus donné la priorité à l’agenda des milliardaires plutôt que d’aider les millions de personnes qui essaient d’arrêter de fumer.

Selon vous, comment évoluera la situation dans les 12 prochains mois ?

Je m’attends à une meilleure perception des avantages des cigarettes électroniques comme outil d’aide au sevrage tabagique. La désinformation conduit à une incompréhension de ces produits et a stoppé toute amélioration de la réduction des risques liés au tabac dans le monde. Il est donc essentiel d’augmenter le nombre de recherches indépendantes, reproductibles et impartiales pour évaluer enfin le rôle potentiel des e-cigs en tant qu’outil de sevrage tabagique et fournir des données scientifiques incontestables. J’attends pour 2022 une mise en œuvre de méthodologies partagées au sein de la communauté scientifique qui fixera des normes communes sur la réduction des risques liés au tabac. L’année prochaine sera cruciale pour le CoEHAR, qui vise à devenir un pionnier dans la formulation et l’établissement de la normalisation des méthodologies pour la recherche scientifique sur les cigarettes électroniques.

Gillian Golden, présidente de l’Independent British Vape Trade Association (IBVTA)

On reviendra sur l'importance de l'indépendance, car de plus en plus de personnes se rendent compte des manœuvres de l'industrie du tabac.

Quel(s) événement(s) retenez-vous de l’année 2021 ?

Gillian Golden

Le rapport du Royal College of Physicians est l’un des événements positifs les plus significatifs de 2021. De plus en plus de services de sevrage tabagique fournissent directement des produits de vapotage à ceux qui souhaitent arrêter de fumer, et cette tendance va s’accélérer l’année prochaine. La révision de la réglementation après sa mise en œuvre a donné à l’industrie indépendante l’occasion de dire au gouvernement comment l’améliorer. Maintenant, nous attendons sa réponse. Le rebond de l’industrie indépendante au Royaume-Uni après une année très difficile en 2020 a été un moment de fierté pour le secteur. L’année 2021 a vu les ventes d’e-cigarettes jetables exploser, avec une croissance incroyable de leur popularité au Royaume-Uni. Bien qu’elles soient controversées, elles permettent d’augmenter le nombre de personnes qui tentent d’arrêter de fumer avec la vape.

Le meilleur de 2021 ?

La sortie du court-métrage Vaping Demystified du Yorkshire Cancer Research, une production de haute qualité utilisant les faits et la science pour dissiper les mythes sur le vapotage. Le lancement du nouveau site Web de l’IBVTA pour les fumeurs qui cherchent à arrêter de fumer et les professionnels du sevrage tabagique : vapesmokefree.co.uk.

Le pire de 2021 ?

Encore une fois, le rapport de l’OMS. Les entreprises britanniques qui font face à la concurrence de commerçants malhonnêtes qui importent et vendent des produits illégaux. Mais le plus important pour l’Europe est le rapport du SCHEER, incroyablement regrettable et inexact.

Selon vous, comment évoluera la situation dans les 12 prochains mois ?

Les nouvelles directives du NICE publiées le mois dernier vont accélérer le nombre de professionnels de la santé qui recommandent la vape aux fumeurs. Le prochain examen des données probantes par l’Office for Health Improvement and Disparities (Bureau pour l’amélioration de la santé et des disparités), qui faisait auparavant partie de Public Health England, démontrera que les craintes persistantes en matière de santé ne sont pas fondées. Le nouveau plan de lutte antitabac du gouvernement britannique pour l’Angleterre mettra davantage l’accent sur la promotion du vapotage afin d’atteindre les objectifs d’interdiction de fumer. Je pense également que l’on reviendra sur l’importance de l’indépendance, car de plus en plus de personnes se rendent compte des manœuvres de l’industrie du tabac pour tenter d’influencer les politiques.

Philippe Poirson, vice-président de Sovape et fondateur du blog Vapolitique

Les mesures antivape protègent le tabagisme dans l’UE.

Quel(s) événement(s) retenez-vous de l’année 2021 ?

Philippe Poirson

L’analyse des résultats de l’Union européenne (UE) Nicotine Users Survey* avec plus de 37 000 réponses, que j’ai coordonnée en 2021, montre que plus des deux tiers des fumeurs européens voudraient arrêter de fumer. Mais les mesures contre les produits à risque réduit sont des entraves majeures à l’arrêt pour une large part d’entre eux. Par exemple, près d’un tiers des fumeurs aimeraient essayer le SNUS, mais il est interdit dans l’UE, sauf en Suède.

Les taxes contre la vape, déjà en vigueur dans 15 pays de l’UE, sont un frein d’autant plus fort qu’elles sont élevées. 45 % des fumeurs désirant arrêter se disent bloqués par le coût de la vape dans les pays avec une taxe à plus de 2 €/10 ml, contre 17 % dans les pays sans taxe. Pendant ce temps, les interdictions d’arômes en Finlande, Hongrie et Estonie poussent une majorité des vapoteurs vers des sources parallèles.

Pourtant, 74 % des utilisateurs de SNUS et 84 % des vapoteurs de l’enquête ont arrêté de fumer, indice significatif du rôle joué par les moyens de réduction des risques face au tabagisme. En dépit de ces données, les offensives contre le vapotage se poursuivent. À l’été 2022, l’Allemagne va introduire une violente taxe contre le vapotage, et les Pays-Bas vont interdire les arômes autres que “goût tabac”. La vape était le moyen le plus utilisé pour arrêter de fumer dans ces deux pays.

Pire, la révision de la TED (Tobacco Excises Directive) pourrait imposer une taxe minimum sur la vape à toute l’UE et le Plan cancer européen s’apprête, au moment où j’écris, à demander une interdiction des arômes de vape “attractifs pour les jeunes” dans la prochaine TPD.

Le meilleur de 2021 ?

L’énorme chute de tabagisme en Nouvelle-Zélande suite à son intégration de la réduction des risques.

Le pire de 2021 ?

La COP9 antitabac de l’OMS, toujours aussi déconnectée des réalités du terrain.

*Rapports et données en anglais, français et allemand sur https://ethra.co/eu-survey

Pr Bertrand Dautzenberg, tabacologue à l’institut Arthur Vernes

Arrêtons cette confusion meurtrière entre vape et tabac chauffé qui va faire des ravages en 2022.

Quel(s) événement(s) retenez-vous de l’année 2021 ?

Bertrand Dautzenberg

En 2021, avec plus ou moins de frilosité toutes les sociétés savantes et agences de santé en France reconnaissent (enfin) que la vape peut être un outil de sortie du tabac. Bravo !
Plus aucune société ou agence ne continue à dire qu’il ne faut pas que les fumeurs qui le veulent en fassent un outil de remplacement ou de sortie du tabac. Bravo !
La seule restriction qui reste porte sur la femme enceinte à qui certains continuent à recommander de ne pas l’utiliser, même chez celles qui continuent à fumer alors qu’elles sont enceintes. Cette recommandation est dite “de prudence” devant le manque de données, mais si elle conduit à plus laisser les femmes fumer, cette recommandation est nuisible. Je ne suis pas d’accord.

Selon vous, comment évoluera la situation dans les 12 prochains mois ?

La confusion entre vape et tabac chauffé va continuer à gagner du terrain. Le bluff organisé des cigarettiers fait croire que la réduction du risque (fait non prouvé en vie réelle) est une solution. Le problème est ailleurs : le tabac chauffé a été volontairement construit pour délivrer des shoots rapides de nicotine, donc induire une forte addiction et maintenir les profits du tabac. À l’opposé, la vape délivre la nicotine régulièrement et permet de faire baisser d’un tiers par mois les besoins de nicotine, faisant de la vape un produit de sortie de la dépendance quand elle est utilisée seule. Une voiture automatique a deux pédales, mais la pédale de frein produit un effet inverse à celle de l’accélérateur. Confondre l’une et l’autre, c’est aussi dangereux que de confondre la vape et le tabac chauffé. Arrêtons cette confusion meurtrière entre vape et tabac chauffé qui va faire des ravages en 2022.

Sébastien Béziau, vice-président de Sovape et créateur de Vap’you

Les shops physiques auront besoin de tous pour se défendre.

Quel(s) événement(s) retenez-vous de l’année 2021 ?

Sébastien Béziau – ©Jean-Romain Pac

La COP9 de la CCLAT, la commission BECA au Parlement européen, la réglementation dans des pays européens, au Canada, aux USA… 2021 a été riche de mauvais signes pour le vapotage et la réduction des risques en général.

Le prétexte des jeunes obnubile les décideurs politiques. Alors que des millions de fumeurs ont réussi à s’en sortir grâce au vapotage, toutes les décisions s’orientent avec l’idée fixe que les jeunes (qui ne fument pas) pourraient un jour fumer à cause du vapotage. Pourtant, ils ne représentent même pas 1 % des consommateurs (les 99 % autres sont des fumeurs en danger) et toutes les données indiquent que le tabagisme juvénile baisse plus dans les pays où son essor est le plus fort.

Comble de l’irrationnel, le plan cancer européen donne des directives sur le vapotage alors qu’aucune étude scientifique n’indique que cette pratique pourrait être une cause de cancer. Sovape, l’Aiduce et l’ETHRA se sont beaucoup démenées en fin d’année pour faire entendre raison à la commission en adressant des courriers. Plus de 100 médecins français ont même signé un appel visible sur le site Web de Sovape.

Le meilleur de 2021 ?

Quand la Nouvelle-Zélande a lancé une campagne de publicité mainstream, TV, radio, affichage pour inciter les fumeurs à essayer le vapotage.

Le pire de 2021 ?

Quand en France, régulièrement, sur le groupe auto-support Info Vape (sur Facebook), je dois rassurer une femme enceinte qui vapote (et ne fume plus) parce que son gynéco lui recommande d’arrêter le vapotage quitte à refumer quelques cigarettes.

Selon vous, comment évoluera la situation dans les 12 prochains mois ?

D’années en années, la science avance, toujours plus rassurante. Malgré des milliers d’études sur le vapotage, aucun méfait n’est avéré. Cela devrait inciter les décideurs à agir et à se servir du vapotage pour lutter massivement contre le tabagisme.

Mais ça n’arrive pas, je ne vois malheureusement aucun signe de changement, bien au contraire. Je crains vraiment la suppression des arômes et l’arrivée de taxes sur la vape. Ces mesures “pour protéger les jeunes” réduiront l’attrait du vapotage pour ceux qui fument. On est en train de piétiner un miracle qui pourrait peut-être résoudre la première cause de morts évitables alors que plus de 1,3 milliard de personnes fument, 20 % de la population mondiale.

Serge Le Faurestier, chargé de communication de La Vape Du Cœur

Il serait dommage qu’une décennie de recul du tabagisme soit mise en péril par une réglementation abusive sur la vape.

Quel(s) événement(s) retenez-vous de l’année 2021 ?

Serge Le Faurestier

Alors que les preuves s’accumulent quant à l’infiniment moindre dangerosité de la vape par rapport au tabac, l’OMS s’entête à ne voir en la vape qu’un énième complot des industriels du tabac et interdit tout débat sur ses propres positions envers la vape. La COP9 de l’OMS s’est tenue à La Haye, début novembre, et force est de constater l’absence de considération pour la réduction des risques. Devant autant d’impéritie, cent experts ont écrit une lettre ouverte à l’OMS avant l’ouverture de la COP ; lettre aussitôt contrée par le CNCT avec une argumentation pour le moins contestable. Tout cela ne semble pas affecter le monde médical, comme le montre le nombre de nos actions lors du Mois Sans Tabac. En revanche, le monde politique et les décisions qui en découlent restent influencés par cela.

Le meilleur de 2021 ?

Le retour du Vapexpo en octobre après deux ans d’absence. Nous avons pu enfin revoir tous nos partenaires professionnels de la vape et nouer de nouveaux contacts.

Le pire de 2021 ?

La COP9 de l’OMS, dans laquelle la guerre contre la vape et son incompréhension, volontaire ou non, restent particulièrement prégnantes dans l’organisation. Force est de constater que la simple notion de réduction des risques n’est toujours pas entendue par l’OMS.

Selon vous, comment évoluera la situation dans les 12 prochains mois ?

J’ai les plus grandes craintes sur l’avenir du vapotage en Europe. La TPD 3 a été repoussée à 2024, mais le spectre de la suppression des arômes et de la surtaxation des e-liquides plane toujours et reste d’actualité pour la vape à travers le BECA (plan de lutte européen contre le cancer), dont les décisions se prennent en marge de la TPD. Certains pays de l’Union européenne ont d’ores et déjà supprimé tous les arômes sauf tabac et menthe. Toutefois, on commence à voir poindre quelques avis plus favorables au vapotage au sein du comité BECA de l’Union. Je ne sais pas ce que nous réservent les 12 prochains mois étant donné la lourdeur du rouleau compresseur administratif de Bruxelles, mais il convient de rester très vigilant quant à la suite des évènements.

Stefan Didak, président fondateur de Not Blowing Smoke

En 2022, il y aura un plus grand nombre de mesures prises par les États et les municipalités pour interdire les arômes et combler les lacunes des produits à base de nicotine synthétique non réglementés.

Quel(s) événement(s) retenez-vous de l’année 2021 ?

Stefan Didak

Cela a été une année remarquablement mauvaise pour le vapotage aux États-Unis, où le meilleur et le pire événement de l’année sont également les plus significatifs : le refus de commercialisation par la FDA de presque tous les produits de vapotage aromatisés, l’absence d’approbation de tout e-liquide au menthol ou au tabac, et l’autorisation de commercialisation de l’ancien Vuse Solo. C’est bien qu’un produit de la vape ait obtenu l’autorisation. C’est moins bien que tous les autres ne l’aient pas obtenue.

Le meilleur de 2021 ?

Le GFN et le GTFN, à égalité.

Selon vous, comment évoluera la situation dans les 12 prochains mois ?

Je soupçonne qu’en 2022, nous pourrions voir quelques autorisations pour des systèmes fermés aromatisés au tabac, une poursuite des procès de l’industrie indépendante, et un nouveau déclin de la variété des produits et de l’accès légal par les canaux de vente au détail nationaux. L’année 2022 sera également marquée par un plus grand nombre de mesures prises par les États et les municipalités pour interdire les arômes et combler les lacunes des produits à base de nicotine synthétique non réglementés.

Tim Phillips, directeur général d’ECigIntelligence.com

Que la FDA reconnaisse que la vape a un rôle à jouer dans la réduction des risques liés au tabagisme est une avancée ÉNORME.

Quel(s) événement(s) retenez-vous de l’année 2021 ?

Tim Phillips

L’événement le plus important : l’autorisation par la FDA (Food and Drug Administration) américaine de la vente d’un produit de vapotage (le Vuse de RJ Reynolds) aux États-Unis par le biais de la Premarket Tobacco Application (PMTA), le jugeant “approprié pour la protection de la santé publique”. C’est un grand pas en avant : si un produit peut obtenir une autorisation, d’autres le peuvent aussi. La FDA a “déterminé que le bénéfice potentiel pour les fumeurs qui changent complètement ou réduisent significativement leur consommation de cigarettes, l’emporterait sur le risque pour les jeunes”. Je sais que le produit Vuse provient d’un fabricant de tabac et qu’il s’agit d’un système fermé (et d’un ancien modèle) et que la FDA a rejeté des millions de demandes de PMTA, qui émanaient de demandeurs ayant dépensé des millions de dollars pour fournir des données détaillées. Mais reconnaître que la vape a un rôle à jouer dans la réduction des risques liés au tabagisme est une avancée ÉNORME de la part d’un organisme de santé mondial extrêmement influent.

Le meilleur de 2021 ?

L’approbation par la FDA d’un produit de vapotage par le biais de la PMTA (voir ci-dessus).

Le pire de 2021 ?

La décision de l’OMS d’éviter de discuter des nouveaux produits du tabac, y compris le vapotage, lors du sommet COP9 qui s’est tenu virtuellement en novembre.

Selon vous, comment évoluera la situation dans les 12 prochains mois ?

Je pense que la PMTA sera encore incertaine, et que nous ne résoudrons pas la situation juridique aux États-Unis. Cela signifie une croissance continue des produits jetables dans le monde entier, car les consommateurs trouvent que les produits sont faciles à utiliser et deviennent moins chers. La nicotine synthétique va se développer aux États-Unis, mais je m’attends à ce qu’elle soit réglementée, soit dans le cadre du processus des PMTA, soit pire, comme médicament. Le Parlement européen approuvera un plan qui pourrait restreindre les produits de vapotage aromatisés dans l’Union européenne, mais il commence à reconnaître le potentiel de réduction des risques de la vape et d’autres nouveaux produits à base de nicotine. La Chine fournira plus de détails sur la manière dont elle gérera un marché réglementé du vapotage, et précisera si les fabricants privés peuvent ou non jouer un rôle sur le marché intérieur chinois, qui connaît une croissance rapide. Enfin, de nouveaux marchés tels que le Moyen-Orient continueront à se développer et à prendre de l’importance.

Vincent Gagnon, directeur scientifique de l’Association québécoise des vapoteries

Au Canada, nous sommes à la croisée des chemins.

Quel(s) événement(s) retenez-vous de l’année 2021 ?

Vincent Gagnon

Du côté du Canada, il est clair que le dépôt de deux nouveaux règlements venant limiter l’offre de produits de vapotage est l’événement marquant de 2021. Le premier règlement a pris effet le 23 juillet et est venu interdire la vente de liquides avec un taux en nicotine supérieur à 20 mg/ml. Ce choix de limiter le taux maximal fut tout de même salué par plusieurs dans l’industrie car la vente libre dans les dépanneurs (supérettes) se faisait bien souvent sans considération des besoins des fumeurs, et le manque de contrôle dans ces endroits fut exploité par des acheteurs à peine majeurs (18 ans) qui approvisionnaient des mineurs sur le marché noir avec des taux de 35 à 50 mg/ml. Le deuxième règlement consiste en l’interdiction des arômes autres que tabac et menthol. Ce règlement est encore au stade de proposition, il est en analyse suite à une consultation pancanadienne. Si ce règlement entrait en application, cela signifierait la fin de l’industrie du vapotage au Canada et la montée en force du marché noir.

Le meilleur de 2021 ?

La solidarité de l’industrie, des organisations et associations pour défendre le vapotage.

Le pire de 2021 ?

Le dépôt d’un projet de réglementation visant à interdire les arômes autres que tabac et menthol.

Selon vous, comment évoluera la situation dans les 12 prochains mois ?

Au Canada, nous sommes à la croisée des chemins. Suite à la proposition d’un règlement venant interdire tout arôme autre que tabac et menthol, toute l’industrie est sur le qui-vive. Si Santé Canada décide d’aller de l’avant malgré plus de 100 000 avis de la part de consommateurs, d’organismes et de regroupements, cela va signifier la mort rapide du vapotage au pays. La seule voie restante pour les consommateurs sera la fabrication par soi-même ou l’approvisionnement par des vendeurs itinérants sur le marché noir. Il serait dommage que près d’une décennie de recul du tabagisme soit mise en péril par une réglementation abusive sur le vapotage. De nombreux laboratoires ont pris des mesures pour assembler des produits dans des conditions exemplaires en suivant des protocoles rigoureux, cette expertise serait alors perdue au profit de manufacturiers sans cadre et sans scrupule.

Les bilans des années précédentes

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