The conservation, un journal indépendant Australien financé par des universités, a évoqué ce 8 juillet les relations complexes entre tabac et cigarettes électroniques dans la version britannique de son édition. Sous le titre « Big Tobacco est-il en train d’abandonner la cigarette pour l’e-cigarette ? » l’article de Becky Freeman propose une grille de lecture du marché plutôt intéressante.
Une opportunité à saisir
Si le vaporisateur personnel n’était pas vraiment connu du grand public il y a encore 5 ans, celui-ci est désormais très médiatisé, et les industriels du tabac ont pris conscience du formidable potentiel que pourrait lui offrir ce marché. Néanmoins, celui-ci ne s’élevait l’an passé qu’à environ 3 milliards de dollars par an, alors que le marché du tabac générerait actuellement pas moins de 800 milliards de dollars sur la planète.
Les motivations des industriels seraient multiples en devenant acteurs de la production et de la vente d’e-cigarettes : il s’agirait peut-être pour eux de profiter de l’accroissement du nombre de vapoteurs ou tout simplement d’éviter que les entreprises indépendantes deviennent de menaces trop importantes pour leur activité principale. Par ailleurs, il existe de véritables enjeux politiques pour Philip Morris International (PMI), British American Tobacco (BAT) ou encore Japan Tobacco International (JTI). Ces grands groupes connaissent de plus en plus de difficultés à promouvoir leurs produits auprès des consommateurs.
Les pouvoirs publics interdisent la consommation de tabac dans les lieux publics et les industriels perdent de plus en plus de places sur les paquets de cigarettes pour attirer une nouvelle clientèle. Pour Becky Freeman la cigarette électronique est une opportunité que sont en train de saisir les cigarettiers pour revenir sur le devant de la scène.
Passer par la porte de service
Etre présent sur le marché de l’e-cigarette pourrait aider ces mastodontes à gagner en visibilité pour distribuer toute leur offre, vaporisateur personnel et tabac compris. En outre, leur influence pourrait se faire grandissante dans le processus de réglementation. En effet, les pouvoirs publics pourraient laisser plus de place à ces entreprises qui proposent désormais des produits à nocivité réduite et par conséquent les inclure un peu plus dans les processus de réglementation.
La journaliste de The Conversation pose finalement la question : les cigarettes électroniques représentent-elles une distraction pour les politiciens en charge des lois sur le contrôle du tabac ? La division politique qui s’opère depuis quelques années sur la réglementation du produit ne profiterait-il pas indirectement à l’industrie du tabac ? Pour Freeman, moins on porte d’attention à ce marché qui pèse encore 800 milliards de dollars et mieux il se portera.
Référence : https://theconversation.com/is-big-tobacco-abandoning-smokes-for-e-cigarettes-28328