Un an après avoir réservé la vente de vapes aux pharmacies, l’Australie fait face à un constat sans appel : le marché noir explose, les ventes légales s’effondrent, et même PMI jette l’éponge.

Des ventes légales dérisoires, et des officines désertées

Il y a tout juste un an, en juillet 2024, l’Australie prenait une mesure inédite dans le monde : elle restreignait la vente de cigarettes électroniques aux pharmacies. Finies les boutiques spécialisées, finis les pods dans les présentoirs de certains magasins, pour pouvoir se procurer une vapoteuse, il fallait se rendre en pharmacie, et souvent obtenir une ordonnance, sauf pour les produits éligibles sans prescription depuis octobre 2024, dont le taux de nicotine est alors limité.

Aujourd’hui, près d’une année après la mise en place de cette mesure, le Daily Telegraph, l’un des quotidiens les plus lus d’Australie, a mené sa petite enquête sur son impact. Grâce à la loi sur la liberté d’information, il a pu obtenir le nombre de ventes mensuelles de cigarettes électroniques dans les officines. Résultat : 5 932 ventes déclarées en moyenne, entre octobre 2024 et avril 2025.

Si ces chiffres ne concernent que les ventes directes en pharmacie, la Therapeutic Goods Administration (TGA) ne collectant pas le nombre de prescriptions faites par des médecins généralistes, ils ont de quoi interpeler. Car si la TGA n’a jamais rendu publiques de quelconques estimations sur le marché noir du vapotage en Australie, il suffit de s’intéresser aux saisies policières pour se faire une idée de son ampleur.
Rien qu’en septembre 2024, Mark Butler, ministre fédéral de la Santé, annonçait la saisie de 5,2 millions de vapoteuses illégales depuis le début de l’année. Sachant qu’il ne s’agit là que des cigarettes électroniques ayant été repérées par les forces de l’ordre, on peine à imaginer l’énorme quantité de produits qui a réussi à passer à travers les mailles du filet.

Et lorsqu’on compare ces chiffres aux 6 000 ventes mensuelles réalisées par les pharmacies du pays, on comprend rapidement qu’une grande partie des vapoteurs s’est dirigée vers le marché parallèle pour continuer de se procurer son matériel. Soulignons d’ailleurs que, sur les 5 900 pharmacies d’Australie, moins de 700 se sont montrées intéressées pour vendre des produits du vapotage.

Le commerce illégal prospère, et PMI abandonne

Interviewé par le Daily Telegraph, John Than, pharmacien à Seaforth, banlieue située au nord de Sydney, explique n’avoir vendu qu’une seule cigarette électronique en neuf mois. « Soit les gens ne savent pas qu’ils peuvent acheter des vapes en pharmacie, soit ils choisissent de les acheter illégalement ailleurs », explique-t-il. Avant d’ajouter qu’il a constaté l’ouverture de trois nouvelles supérettes dans son quartier, « prospérant grâce aux ventes illégales de vapes. »

Pour ne rien arranger, selon le quotidien, Philip Morris International (PMI), qui avait conclu un accord avec de nombreuses pharmacies pour vendre ses vapoteuses VEEV, a récemment annoncé qu’il se retirait du marché australien. Selon le média, le cigarettier aurait adressé un courrier à ses pharmacies partenaires, déclarant qu’il n’était « tout simplement pas possible » de répondre aux nouvelles normes techniques édictées par la TGA. Du moins, pas dans le délai qui lui était imparti, et que le régulateur aurait refusé d’allonger.

Un examen de l’impact de la législation mise en place par le gouvernement n’est pas prévu avant 2027. D’ici là, les vapoteurs australiens devront choisir : enfreindre la loi ou arrêter de vapoter. Pour un gouvernement qui prétend œuvrer pour la santé publique, le paradoxe est cruel.

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