L’AP-HM, Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille , est dans une phase d’expérimentation pour une méthode d’arrêt du tabac très technologique : l’arrêt en réalité virtuelle. Une méthode à la pointe de la recherche psychiatrique ou un gadget new age ?
La réalité virtuelle ?
Plutôt qu’un e-cigarette, achetez-vous plutôt une Playstation ? Pas si simple.
La psychiatrie et la psychologie prennent en charge depuis longtemps le traitement des phobies et savent que la confrontation du patient avec l’objet de sa peur est une étape indispensable. Jusqu’à l’arrivée de la réalité virtuelle, le patient traité passait directement de la phase « théorique » à la phase grandeur nature. Ainsi, un arachnophobe se trouvait mis en présence d’araignées après quelques séances.
L’inconvénient de ce traitement de choc était que le stress provoqué par l’attente de cette confrontation ralentissait le processus de guérison. L’arrivée des environnement virtuels fut donc vécu par la profession comme le chaînon manquant permettant de simuler la confrontation du patient avec sa phobie avant la mise en présence réelle.
Très vite, les médecins se penchèrent plus avant sur les différentes applications que pouvait avoir cet environnement. Au centre de leur attention, les dépendances.
Un jeu vidéo pour arrêter la clope ?
Concrètement, donc, comment est-ce que ça se passe pour l’arrêt du tabac ? Le patient, puisque, se trouvant dans un service hospitalier, il devient un patient, a le droit tout d’abord à quelques séances avec un médecin, où le processus de son addiction est analysé et déconstruit.
Parenthèse : vous avez remarqué à quel point les psy et leurs clients aiment ce vocabulaire ? « Je me suis déconstruit pour mieux me reconstruire ». C’était pas médecine, qu’il fallait faire, mais maçonnerie. Bref. Fermez la parenthèse.
Surtout, ces séances portent sur des processus de relaxation, qui doivent aider le patient à affronter sereinement les crises de manque.
Enfin, le moment venu, le patient se trouve donc placé dans un environnement de réalité virtuelle, avec un casque sur la tête, donc, où on lui fait vivre des situations stressantes ou tentantes. Le patient décrit alors à haute voix son ressenti, si il a du mal à gérer la situation, et le thérapeute le guide vers la solution.
Théorie et pratique
L’ensemble du processus se déroule à raison d’une séance de trois quart d’heure par semaine pendant deux mois, puis un suivi est réalisé à six mois et un an.
Cela peut fonctionner : certaines personnes désireuse de se libérer du tabac ont en effet surtout un problème de stress à gérer et peuvent se montrer réceptives.
Mais le discours de l’AP – HM laisse dubitatif sur un certain nombre de points. Leur motivation, tout d’abord : si ils reconnaissent volontiers que des méthodes efficaces existent, mais laissent à désirer sur le long terme, leur vidéo de promotion ne fait nullement mention de la vape. On se demande alors quelle est leur position vis à vis de cet outil et, surtout, si la tentation ne risque pas de se faire jour de lui mettre des bâtons dans les roues à fin de promouvoir leur propre solution.
Surtout, les responsables de ce services vantent une réussite à long terme. Or, on remarquera que les Hôpitaux de Marseille n’en sont qu’à la phase expérimentale et n’ont donc pas de statistiques propres à offrir. De surcroît, si l’arrêt du tabac par réalité virtuelle est connu et utilisé depuis 2015, force est de constater que, durant ces deux ans, personne n’a jailli de sa boîte en criant « Eureka ». Des résultats, donc, oui, mais stupéfiants, pas forcément.
On peut donc émettre la supposition que cette méthode est certainement efficace pour certains, mais ne constitue, finalement, qu’un moyen parmi d’autres d’arrêter, et peut-être pas la solution miracle tant attendue. Si vous avez expérimenté cette méthode, vos témoignages seront les bienvenus.