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La crise politique du vapotage en France

Le projet de loi de finances 20261, récemment présenté par le gouvernement, prévoit plusieurs mesures impactant directement le secteur du vapotage. L’article 23 introduit notamment une nouvelle taxation des e-liquides, fixée à 0,03 € par millilitre pour ceux contenant moins de 15 mg/ml de nicotine, et à 0,05 € au-delà de ce seuil.

Le texte propose également d’interdire la vente en ligne des produits du vapotage, tout en restreignant leur commercialisation physique aux seuls buralistes et aux « établissements agréés par l’administration », c’est-à-dire des points de vente disposant des moyens nécessaires pour collecter l’accise et gérés par des personnes répondant à des critères stricts d’honorabilité, de probité, de capacité juridique et de formation, qui seront définis par décret en Conseil d’État.

Situation actuelle : le projet de loi de finances 2026 est en discussion à l’Assemblée nationale. Les discussions sur l’article 23 ne devraient pas démarrer cette semaine.

Agenda des différentes étapes législatives

Suivez l’avancement législatif de l’article 23 du projet de loi de finances 2026.

Dépôt du projet

27 septembre 2025 — Dépôt initial du projet de loi de finances à l’Assemblée nationale (transmission technique obligatoire avant le 1er octobre, conformément à la Constitution et à la loi organique relative aux lois de finances (LOLF).

Présentation du projet

14 octobre 2025 — Présentation officielle du texte en Conseil des ministres, puis dépôt définitif à l’Assemblée nationale (enregistrement n° 2310).

Examen en commission

20 octobre 2025 — Début de l’examen en commission des finances durant lequel un amendement ramenant à zéro la taxation des e-liquides a été voté. Par la suite, l’ensemble du budget ayant été rejeté2, c’est la version initiale du gouvernement qui a été transmise à l’Assemblée nationale, sans amendement, donc.

Débats à l’Assemblée nationale

24 octobre 2025 — Ouverture des débats en séance publique à l’Assemblée nationale (première partie du budget).

Passage au Sénat

Novembre 2025 — Examen du texte par le Sénat.

Adoption

Décembre 2025 — Adoption définitive par l’Assemblée nationale après navette et éventuelle commission mixte paritaire.

Important : l’article 47 de la Constitution3 permet au gouvernement de mettre en vigueur les dispositions du projet de loi de finances par ordonnance, dans le cas où le Parlement ne se serait pas prononcé 70 jours après son dépôt. Bien que cet article n’a jamais été utilisé pour un budget complet sous la Ve République, le gouvernement pourrait faire adopter son budget par ce biais. Le Parlement doit donc se prononcer avant le 23 décembre. ⏳ Chargement des données...

Un article explosif dans le projet de loi de finances

Le 14 octobre 2025, le projet de loi de finances 2026 a été officiellement présenté.

Parmi les trente articles qu’il contient, plusieurs concernent la suppression de niches fiscales et l’augmentation des impôts des personnes et des entreprises les plus fortunées. D’autres mesures sont présentes, comme le doublement de la taxe sur les panneaux solaires pour les centrales mises en service avant 2021, ou encore la mise en place d’une taxe sur « les articles de faible valeur destinés à des particuliers ». Cette dernière, d’une valeur de deux euros par article, aurait pour objectif de couvrir les coûts des contrôles douaniers, mais également de faire face à l’accroissement du nombre de commandes réalisées par les Français, dans des pays d’Asie.

L’article 23 quant à lui, s’attaque à la fiscalisation de « l’ensemble des produits à fumer. » Parmi les mesures souhaitées par le gouvernement :

  • La taxation des e-liquides à hauteur de trois à cinq centimes d’euro par millilitre, en fonction de leur taux de nicotine ;
  • L’interdiction de la vente en ligne pour les produits du vapotage ;
  • Un changement de statut des boutiques spécialisées, qui serait calqué sur les bureaux de tabac.

« À contre-courant de l’intérêt général et de la santé publique, le projet de loi, tel qu’il est écrit, vise à exterminer la filière indépendante et freiner l’essor du vapotage auprès des fumeurs. », s’est émue la FIVAPE dans son communiqué de presse. Avant d’indiquer mobiliser, dès maintenant, « tous ses moyens pour le retrait de l’article 23 du projet de loi de finances. »

La vape transformée en tabac

C’est l’article L. 314-4 qui permettrait à la France d’assimiler produits du vapotage et produit du tabac. Il précise ainsi : « Un produit est regardé comme susceptible d’être fumé si, en l’état ou après une manipulation ou une transformation autre qu’industrielle, à l’issue d’un processus de chauffage, de combustion ou d’activation, par réaction chimique ou un autre moyen dédié, il émet un aérosol susceptible d’être inhalé par le consommateur final. »

La taxation des e-liquides

Au sujet de la taxation des e-liquides, celle-ci dépendra du taux de nicotine, dont la différenciation sera faite à partir de 15 mg/ml. Le projet de loi de finances précise ainsi :

« La catégorie fiscale des produits du vapotage faiblement nicotinés comprend les produits pour lesquels la teneur du liquide en nicotine est comprise entre zéro et quinze milligrammes par millilitre. La catégorie fiscale des produits du vapotage fortement nicotinés comprend les produits pour lesquels la teneur du liquide en nicotine excède 15 milligrammes par millilitre. »

À retenir : la taxe retenue par le gouvernement est de 0,03 €/ml pour les e-liquides contenant moins de 15 mg/ml de nicotine, et 0,05 €/ml pour un taux de nicotine supérieur. À titre d’exemple, un flacon d’e-liquide dosé à 18 mg/ml de nicotine, et vendu habituellement 5,90 €, pourrait passer à 6,40 € si la taxe est entièrement reportée sur le consommateur.

L’interdiction de la vente à distance

L’article L. 3513-18-4 interdit quant à lui la vente à distance des produits du vapotage pour tous les particuliers. Il est inscrit :

« La vente à distance à une personne physique qui agit à des fins qui n’entrent pas dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole et l’acquisition à distance, par une telle personne, à l’intérieur, à destination ou en provenance du territoire national des produits mentionnés à l’article L. 3513-18-1 sont interdites. »

À retenir : la vente en ligne de tous les produits du vapotage sera interdite, ce qui représente environ un tiers du marché actuel.

Le changement de statut des boutiques spécialisées

L’article L. 3513-18-2. précise que la vente des produits assimilés au tabac (dont feront partie les produits du vapotage selon l’article L. 314-4, ne sera autorisée que dans les conditions suivantes :

  • Par un débitant de tabac au sein du débit de tabac régi par l’article L. 3512-14-3 ;
  • Dans un lieu de vente du tabac, de produits du tabac ou des ingrédients définis à l’article L. 3512-2 et situé dans les collectivités régies par l’article 73 de la Constitution ;
  • Dans un ou plusieurs établissements agréés par l’administration, disposant de moyens humains et matériels propres à collecter l’accise, exploités par des personnes physiques qui répondent aux conditions d’honorabilité, de probité, de capacité juridique et de formation déterminées par décret en Conseil d’État et qui ne sont pas situés dans des lieux où la vente de tabac est interdite en application de l’article L. 3512-10. »

À retenir : les boutiques spécialisées (vape shops), ne pourront pas poursuivre leur activité sans avoir été, au préalable, « agréées par l’administration ». De lourdes contraintes administratives et financières pourraient être imposées auprès des exploitants, en ayant des répercussions désastreuses sur le commerce physique du vapotage en France, qui représente environ 50% du marché. Nous détaillerons ces implications prochainement.

Dans l’exposé des motifs, le gouvernement justifie ces mesures ainsi :

« La présente mesure a pour objet, dans le cadre du plan national antitabac 2023-2027, de préciser le régime fiscal pour les produits à fumer […] En ce sens, il prévoit, d’une part, l’exclusion de principe du taux de TVA de 5,5 % des produits à fumer. Il prévoit, d’autre part, un niveau d’accise adapté à chaque produit à fumer en fonction des risques qu’il présente pour la santé. En particulier, il définit un tarif d’accise de 3 c€/ml pour les produits contenant jusqu’à 15 milligrammes de nicotine et 5 c€/ml au-delà. Afin de pouvoir percevoir l’accise au-delà du réseau des buralistes, il est proposé la mise en place d’un dispositif d’agréments administratifs de la chaîne de distribution de ces produits ne contenant pas de tabac. »

Si les vape shops sont contraints au même cadre réglementaire que les bureaux de tabac, cela aurait des répercussions désastreuses sur le réseau national spécialisé. Un agrément d’État impliquerait une véritable mise sous tutelle du secteur physique et étouffera complètement le marché indépendant en faveur des bureaux de tabac. Nous préciserons dans les prochains jours le détail de ces implications.

L’entrée en vigueur de ces mesures est prévue au second semestre 2026.

Comment agir pour défendre la cigarette électronique ?

L’article 23 du Projet de loi finances 2026 a provoqué un véritable cataclysme dans le monde du vapotage français. Première à réagir, la Filière française de la vape (FIVAPE) a lancé une pétition qui a dépassé les 100 000 signatures en moins de 72h. En plus d’inscrire votre nom à ce document, vous pouvez agir de plusieurs manières afin de défendre le vapotage et faire entendre votre voix.

Signer et partager la pétition

En date du 29 octobre, plus de 160 000 personnes ont signé la pétition « Vaper n’est pas fumer. Lettre à nos élus. », lancée par la FIVAPE à la mi-octobre.

Si ce n’est pas déjà fait, vous pouvez signer cette pétition, et la partager. Pour ajouter du poids à votre signature, sachez qu’avant sa validation, il est possible d’écrire un commentaire ou de publier une vidéo pour l’accompagner.

Avec sa portée symbolique, une pétition est un message puissant envoyé à nos représentants politiques. Contribuez dès maintenant à la défense de la vape en suivant ce lien :
Je signe la pétition

Écrire à votre député

Le site internet de l’Assemblée nationale permet de rechercher le ou les députés qui vous représentent, par commune ou par département. Chacun d’eux possède une adresse e-mail par le biais de laquelle vous pouvez lui faire part de vos inquiétudes concernant l’article 23. Nous mettons à votre disposition un modèle (à compléter avec vos informations), rédigé par nos soins, que vous pouvez utiliser en cas de besoin.

Rechercher votre député

Trouver votre député — Effectuez une recherche sur le site de l’Assemblée nationale afin de trouver le député qui vous représente en fonction de votre localité.

Télécharger notre modèle de courrier

Préparer votre texte — Si vous le souhaitez, vous pouvez utiliser notre modèle de courrier en le personnalisant avec votre propre histoire, argumentaire, etc., afin de demander le retrait complet de l’article 23 du projet de loi de finances 2026.

Envoyer votre courrier

Par la Poste ou par e-mail — Une fois correctement rédigé, envoyez sans plus attendre votre courrier par voie postale ou électronique grâce aux informations de contact que vous avez récupérées sur le site de l’Assemblée nationale.

Manifester

Plusieurs manifestations sont en train d’être organisées en France par le collectif Ne tuez pas la vape. Les 4 et 5 novembre 2025, les vapoteurs se regrouperont dans plusieurs grandes villes de l’Hexagone.

Le 4 novembre

  • Bordeaux – 10h/13h – Place Pey Berland, au niveau de la statue de Jacques Chaban-Delmas

Le 5 novembre

  • Aix-en-Provence – 10h/12h – Place de l’Hôtel de Ville, coté rue Vauvenargues
  • Cherbourg – 10h/12h – Place du Général de Gaulle, au niveau de la fontaine Mouchel
  • Lille – 12h/14h – Place du Général de Gaulle, Grand Place
  • Orléans (incluant Paris) -11h/13h – Place Sainte-Croix, face à la cathédrale
  • Strasbourg – 10h/12h – Place Kléber, au niveau de la statue du Général Kleber
  • Vannes – 10h30/12h30 – Quai Eric Tabarly, rive droite, entre la Pl. Gambetta et l’Esplanade Simone Veil

Contacter les médias

Grâce à la forte mobilisation des vapoteurs français, et au travail des associations de défense du vapotage, comme la FIVAPE ou l’AIDUCE, les médias généralistes se font régulièrement écho du combat mené par les utilisateurs de cigarettes électroniques. Vous pouvez tenter de contacter les journaux de votre région afin de leur proposer votre témoignage. Raconter votre sevrage tabagique grâce au vapotage peut participer à humaniser le débat et ainsi défendre l’outil de sevrage tabagique.

Sources et références

1 Projet de loi de finances pour 2026
2 Budget 2026 : le rejet du texte par la commission des finances fait craindre une impasse dans l’Hémicycle
3 Texte intégral de la Constitution du 4 octobre 1958 en vigueur