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L’exposition à la vapeur d’e-cigarette altère les réponses immunitaires chez la souris selon une étude

Mis à jour le 3/05/2017 à 17h00
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Une nouvelle étude montre que la vapeur d'e-cigarette peut avoir des effets négatifs sur les réponses immunitaires pulmonaires des souris.

Une nouvelle étude montre que la vapeur d’e-cigarette peut avoir des effets négatifs sur les réponses immunitaires des souris.

“Nos résultats suggèrent que les e-cigarettes ne sont pas neutres en termes d’effets sur les poumons”, explique le docteur Shyam Biswal (Phd), professeur au Département des sciences de santé environnementale à l’École Bloomberg (Baltimore, Maryland, États-Unis).

“Dans notre étude [1] nous avons observé que la vapeur des cigarettes électroniques peut augmenter la prédisposition aux infections respiratoires chez la souris. Cela justifie une étude plus approfondie chez les personnes sensibles, tels que les patients atteints de BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) qui sont passées de la cigarette à l’e-cigarette ou pour les utilisateurs de cigarettes électroniques qui n’auraient jamais fumé auparavant”.

Biswal et ses collègues ont placé un groupe de souris dans une chambre d’inhalation où elles ont été exposées à de la vapeur d’e-cigarette dans une proportion similaire à celle d’un vapotage humain qui aurait duré deux semaines. Un second groupe de souris a été placé dans une chambre d’inhalation différente où elles ont été exposées à l’air. Après une exposition à l’air ou à la vapeur, chaque groupe de souris a été divisé en trois sous-groupes. Un sous-groupe a reçu  des gouttes nasales avec la bactérie Streptococcus pneumoniae, le second groupe ont reçu gouttes nasales par le virus de la grippe A, et le troisième groupe n’a reçu aucun virus ou bactérie.

Les souris qui ont été exposés à la vapeur ont montré des réponses immunitaires amoindries par rapport à celles qui ont été exposées à l’air, à la fois pour le virus de la grippe A (Influenza A) et la bactérie (Streptococcus pneumoniae) utilisés dans l’expérience.

Certaines des souris exposées à la vapeur d’e-cigarette sont également décédées à la fin de l’étude en raison de leur système immunitaire affaibli. L’équipe de recherche suggère que l’effet de la vapeur d’e-cigarette sur le système immunitaire soit probablement dû aux «radicaux libres», des toxines hautement réactives contenues dans la fumée de cigarette et la pollution de l’air, et qui peuvent provoquer la mort cellulaire en endommageant l’ADN et d’autres molécules trouvées dans les cellules.

La vapeur produit de légers effets sur les poumons, y compris l’inflammation et des dommages sur les protéines”, a déclaré le Dr Thomas Sussan, un scientifique adjoint au département des sciences de la santé environnementale à l’École Bloomberg qui a participé à l’expérience. “Cependant, lorsque cette exposition a été suivie par une infection bactérienne ou virale, les effets nocifs de l’exposition e-cigarette deviennent encore plus prononcés. L’exposition à la vapeur d’e-cigarette inhibe la capacité des souris à éliminer la bactérie de leurs poumons, et l’infection virale entraînée s’accompagne d’une augmentation de la perte de poids et peut causer la mort par une réponse immunitaire altérée.”

(Ces propos alarmistes sont renforcés par le Medical Daily qui rappelle bizarrement l’étude de 60 Millions de consommateurs l’année dernière.)

Les chercheurs expliquent que la fumée de cigarette contient 1014 radicaux libres par bouffée. Bien que la vapeur e-cigarette contient beaucoup moins de radicaux libres que la fumée de cigarette – environ 1% – leur présence dans les e-cigarettes suggère encore des risques potentiels pour la santé qui méritent une étude plus approfondie, disent les chercheurs.

“Nous avons été surpris par la façon dont ce nombre était élevé, étant donné que les cigarettes électroniques ne produisent pas de combustion,” dit Sussan dans un communiqué. “Certes, c’est 100 fois plus faible que la fumée de cigarette, mais c’est toujours un grand nombre de radicaux libres qui peuvent potentiellement endommager les cellules.”

Absence de contexte

Pour le Professeur John Britton, directeur du Centre Britannique de Lutte contre le Tabagisme qui commente cette étude sur l’Independent, le point le plus important c’est que les risques pour les poumons sont inférieurs avec une cigarette électronique qu’avec une cigarette de tabac.

«Le poumon est un organe délicat. Aucune personne de bon sens ne croira qu’inhaler de la vapeur chaude plusieurs fois par jour est inoffensif”. “Ce qui importe, ce n’est pas la comparaison des effets de la vapeur avec rien, mais bien la comparaison des effets de la vapeur avec ceux de la fumée de tabac”.

“Les dommages aux poumons seront moindres avec les cigarettes électroniques qu’avec des cigarettes de tabac. Tout fumeur qui ne peut pas arrêter de fumer, et ne trouve pas de médicaments efficaces, serait bien avisé d’essayer la cigarette électronique.”

Jacques Le Houezec commente de son côté sur Facebook : “Les conditions d’exposition sont loin de refléter l’exposition humaine. Et il manque surtout la comparaison avec la fumée de cigarette. De plus le calcul des radicaux libres est loin d’être clair. Même si leur mesure est exacte, la concentration est 150 fois moindre que dans la fumée de cigarettes. Les résultats ne sont pas clairs non plus. Ils ont trouvé des effets négatifs sur certaines mesures, mais pas sur d’autres. Ils ont trouvé un impact sur l’infection microbienne ou virale, mais pas d’impact sur les facteurs d’inflammation.”

Nous suivrons ici le débat scientifique si cette étude en soulève un.

Mise à jour 05 février 2015, 21h15

Commentaire de Konstantinos Farsalinos

En ce qui concerne la réponse pulmonaire, le seul effet qui était statistiquement significatif était une élévation des cellules inflammatoires dans le lavage broncho-alvéolaire. Les médiateurs inflammatoires sont élevés dans le groupe “e-cigarette” par rapport au groupe “témoin”.

En ce qui concerne l’infection, le groupe “e-cigarette” a montré une altération dans l’éradication des agents infectieux et une récupération plus lente. La mortalité a été élevée dans le groupe “e-cigarette”, mais n’était pas statistiquement différent du groupe témoin.

En ce qui concerne les radicaux libres, les auteurs ont constaté 7×1011 tours / bouffée par rapport à 1014 tours / bouffée aux fumeurs (autres rapports ont mesuré jusqu’à 1017 tours / bouffée pour fumer). C’est environ 150 fois plus faible par rapport aux cigarettes de tabac.

Au final, quelle information fournit cette étude ? Très peu, je dois dire. Tout d’abord, les conclusions des auteurs ne sont pas pertinentes au regard de la conception et des résultats de l’étude. Les auteurs écrivent: «En conclusion, l’exposition aux e-cigarettes entraîne des effets immunomodulateurs similaires à ceux observés après l’exposition à la fumée de cigarette. Or les exacerbations bactériennes et virales sont des facteurs importants de la progression de la BPCO, cette étude soulève une préoccupation que les patients souffrant de BPCO qui passent de la cigarette à l’ecig peuvent ne pas observer d‘amélioration substantielle de la progression de la maladie “. Ceci n’est pas pertinent parce qu’ils n’ont pas évalué le passage du tabac à l’e-cigarette.

Il faudrait exposer un groupe de souris à la fumée de cigarettes de tabac, sélectionner ensuite au hasard la moitié d’entre elles, les faire passer à l’e-cigarette pendant que les autres continueraient à être exposées à des cigarettes de tabac. Ils ne l’ont pas fait.

Ils n’ont même pas inclus un groupe de souris exposées à des cigarettes de tabac à titre de comparaison. Je suis sûr que nous aurions vu des différences impressionnantes. Ainsi, les informations fournies par cette étude sont limitées et sans pertinence avec la conclusion présentée.

Il semblerait que les chercheurs aient encore du mal à réaliser que les e-cigarettes soient utilisées comme des substituts à la cigarette de tabac. Par conséquent l’étude de populations de non-fumeurs en bonne santé (humaines ou animales) afin d’évaluer les effets de l’exposition à la vapeur des e-cigarettes est d’une valeur limitée.

Pour finir j’ai de sérieux doutes sur les conclusions concernant les radicaux libres dans la vapeur d’e-cigarette. Les études évaluant la fumée de cigarette ont confirmé que les radicaux libres sont dérivés de catechol (dans la phase gazeuse de la fumée) et de l’hydroquinone (dans la matière particulaire de la fumée). Récemment, nous avons évalué 21 e-liquides de la présence de phénols, y compris le catéchol et l’hydroquinone. L’hydroquinone n’a pas été trouvé dans aucun des liquides, tandis que le catéchol était présent dans seulement deux e-liquides, et à d’infimes quantités (l’étude est en cours de révision pour publication).

Les seules conclusions qui peuvent être tirées de cette étude sont que les cigarettes électroniques ne doivent être utilisés que par les fumeurs comme un substitut au tabac et qu’elles sont de loin moins nocives que les cigarettes de tabac (basées sur cette hypothèse d’émission de 150 fois moins de radicaux). Les autres conclusions sur les effets probables liés à l’utilisation d’e-cigarettes sur les patients atteints de BPCO sont totalement hors de propos.

Traduit de l’anglais d’après l’article original A new study in mice provides no information for smokers but verifies e-cigarettes are less harmful

Mise à jour 6 mars 2015

Les chercheurs Alexey G. Mukhin Jed E. Rose (Center for Smoking Cessation, Duke University Medical Center) critiquent cette étude en apportant des informations sur les niveaux de cotinine et le nombre de bouffées. Pour faire une comparaison “un homme ou une femme devrait en effet prendre 11 à 13 bouffées de cigarette électronique par minute (soit 11 000 à 13 000 bouffées par jour), soit approximativement une bouffée par respiration. A lire : L’étude sur les souris une nouvelle fois critiquée

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[1] Exposure to Electronic Cigarettes Impairs Pulmonary Anti-Bacterial and Anti-Viral Defenses in a Mouse Model – Biswal & Al. PlLOS – One February 4, 2015 – DOI: 10.1371/journal.pone.0116861