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À la rencontre de Claire Dixsaut, chroniqueuse e-liquide

Mis à jour le 20/11/2023 à 22h39
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D’un point de vue technique Claire est une vapoteuse comme les autres. En ayant troqué ses cigarettes de tabac contre un vaporisateur, elle a rejoint les 2 millions de vapoteurs français. Mais Claire a une passion pour les saveurs et un talent bien particulier pour les décrire. Après avoir rédigé des ouvrages gastronomiques, elle se lance désormais au travers de son site internet www.liquidlove.fr dans les chroniques e-liquides. Des histoires d’arômes et de volutes qui vont réveiller le vapoteur mondain qui est en vous …

Parcours, profession, vie privée … Claire, qui êtes-vous ?

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Depuis 2007, j’écris des livres de cuisine sur le cinéma. Je décortique les films, je regarde ce qu’on y mange et j’élabore les recettes. L’assiette de James Bond et celle des Tontons flingueurs n’ont plus de secrets pour moi. Pour tout ce que je n’ai pas la place de raconter dans mes livres, il y a mon site, cinemiam.com .

J’écris également des guides de voyage gastronomiques. L’objectif : faire voyager vos papilles, du camion à sandwiches jusqu’aux tables de rêve.

Donc, mon métier, c’est de trouver les mots qui racontent les saveurs. Liquid Love, c’est le prolongement de mon travail sur la gastronomie, par d’autres moyens.

Mon parcours ? Après des études littéraires, je deviens « diffuseur », c’est-à-dire productrice dans des chaînes de télévision. Arte, Canal +, puis le groupe américain Turner-Time Warner. À la suite de ça, je prends la direction des contenus internet de Microsoft France. C’était en 1997, vous n’étiez pas né.

Plus tard, je monte ma boîte de production de contenus culturels pour internet. Je travaille alors pour de beaux clients, Warner Music, France 5, la Ville de Paris. J’ouvre des bureaux à Séoul et Tokyo.

Changement de secteur : je deviens rédactrice en chef d’un magazine sur le scénario, La Gazette des Scénaristes. J’en profite pour créer un prix du scénario de court métrage à Cannes.

Aujourd’hui, parallèlement à Liquid Love et à mes livres, j’enseigne la prise de parole en public auprès des professionnels de l’audiovisuel.

Votre activité de “critique e-liquide” s’inscrit-elle dans une démarche professionnelle ?

Citation extraite du site www.liquidlove.fr

Citation extraite du site www.liquidlove.fr

Je suis chroniqueuse, plutôt que critique : j’essaie de sortir de l’abominable « j’aime / j’aime pas ».

En dehors de passer l’aspirateur et d’arroser mes géraniums, à peu près tout ce que je fais s’inscrit dans une démarche professionnelle…

Plus sérieusement, j’ai commencé Liquid Love sur la suggestion d’amis qui aimaient bien mes chroniques de liquides, sur le forum www.ecigarette-public.com . L’écriture, c’est mon métier. Donc en ce sens, oui, il y a démarche professionnelle, puisque j’apporte autant de soin à mes chroniques de liquides qu’à mes textes culinaires.

Mais le but est ailleurs. Si je peux aider quelques vapoteurs à trouver leur bonheur dans le labyrinthe des liquides, je n’aurai pas perdu mon temps. C’est avant tout une démarche de partage.

Qu’est-ce que le terme “vapologie” vous inspire ?

Un gros éclat de rire, pour être franche. Je ne sais pas de quoi on parle.

Nous sommes dans une industrie jeune. Il y a des professionnels : chimistes, parfumeurs, assembleurs… Et des consommateurs, parfois très éclairés. Tout le monde est en phase de découverte, d’expérimentation. Tout le monde avance en même temps. Ne nous prenons pas trop au sérieux, sous peine de tomber dans le ridicule.

Le public vapoteur compte de très bon spécialistes du matériel. J’ai voulu faire entendre une voix qui dirait : pour les liquides aussi, on peut développer une approche sérieuse et informée. Parce que le gars qui passe 13 minutes sur YouTube pour me dire que le liquide framboise a un goût de framboise, ou que tel autre jus est « difficile à décrire », j’ai envie de lui envoyer mon microcoil à la tête.

Pour autant, se prendre au sérieux serait insoutenable. J’essaie d’écrire des articles divertissants, même pour ceux qui vapent depuis des années un liquide que j’ai découvert la semaine dernière.

Existe-t-il des modes dans les saveurs de e-liquides ?

(Je pense par exemple au fameux RY4 si souvent copié mais qui semble se faire doucement oublié … Une tendance fruit rouge mentholé (Red Astaire et Snake Oil) peut être ?)

Vous avez raison, il y a des tendances. Pour l’instant, ces courants se bornent à associer des goûts déjà populaires en solo. Les fruits rouges et la menthe, le tabac et le caramel vanillé.

On peut s’attendre à d’autres permutations de ces saveurs grand public.

Mais en parallèle, je crois remarquer l’apparition d’ingrédients à la mode. 2014 me semble bien partie pour être l’année du concombre ! Il tient la vedette dans des nouveautés chez Suicide Bunny, Five Pawns et The Fuu. Les Anglo-saxons sont également très friands en ce moment du marrube blanc, une herbe à la saveur entre thym et romarin qui fait fureur, notamment en DIY.

Pourquoi pas ? C’est inventif, ça réveille les papilles.

Diriez-vous qu’il y a vraiment une touche française dans les e-liquides fabriqués sur le territoire ?

Vous avouerez qu’il est difficile de ranger dans le même panier un VDLV et un E.senses, un D’lice et un Vaponaute.

Le point commun de ces enseignes, c’est je pense une recherche de goûts naturels pour les saveurs fruitées et végétales. Par opposition aux liquides américains qui s’enrobent dans toutes sortes de sucres, les jus français, même très complexes, rechignent à vous fourguer du bonbon. Leur idéal, c’est le fruit frais mûri sur l’arbre. Et c’est drôlement plaisant à vaper.

A l’instar d’une certaine cuisine, craignez-vous que les e-liquides finissent par tous avoir le même goût ?

Disons que je crains plutôt un diktat de la mode. La crème anglaise, ça m’ennuie en cuisine, ça ne m’excite pas plus que ça à vaper. Je sais que je vais perdre des points de like auprès de mes lecteurs en disant ça. Mais il y a tellement d’autres arômes et de combinaisons à essayer que je me contente difficilement d’un goût aussi banal et monochrome.

Et sinon, non, je ne redoute pas une uniformisation du goût. Je crains plutôt que la phase de sophistication à tous crins dans laquelle nous sommes entrés vire au grand n’importe quoi, aux mélanges sans queue ni tête qui ne brillent que par leur packaging. Ça peut durer quelques années.

Pas grave. Ça permettra de faire le tri entre les gens sérieux, qui mettent des mois à élaborer un mix harmonieux, et les profiteurs qui mélangent tout avec n’importe quoi pour se positionner en haut de la gamme.

La nicotine dénature-t-elle le goût des liquides ? Si oui, quel taux préférez-vous pour rédiger vos chroniques ?

La nicotine apporte son goût, c’est indéniable.

Il me semble qu’à partir du moment où un fabricant met sur le marché un liquide nicotiné, une partie de son engagement, c’est que le liquide soit bon à vaper, quel que soit son taux de nicotine, par ceux qui sont habitués à ce taux. Au fabricant de se débrouiller pour que la nicotine trouve une place harmonieuse dans son mix.

Je n’achète pas de liquides spécifiquement pour mes tests. J’achète des liquides pour les vaper, je suis d’abord consommatrice lambda. Je prends mes jus entre 6 et 12 mg/ml de nicotine, selon l’humeur.

De là, je peux juger si j’ai plus ou moins de goût et de hit que chez le voisin, à taux constant. Je ne perds de vue ni le facteur « plaisir » ni le facteur « sevrage ». Les deux doivent être au rendez-vous.

E-liquide premium : mythe ou réalité ? (le prix fait-il vraiment le goût ?)

On en parlait tout à l’heure : nous sommes entrés dans l’ère de la complexité. Une recette complexe, c’est très long à élaborer. Les vapoteurs qui ont essayé de concocter du DIY avec plus de trois arômes savent de quoi je parle. Donc, si c’est long, ça coûte cher. Normal.

Après, il y a de tout, dans ce petit monde. Des vrais liquides premium, très riches, élaborés avec soin à partir d’arômes recherchés. Et à côté, du joyeux n’importe quoi.

Le prix ne fait pas le goût. À l’heure actuelle, le prix fait le positionnement marketing. Mais ça n’a qu’un temps : si le plaisir n’est pas de qualité supérieure, le retour de manivelle, sous forme de bouche-à-oreille déçu, sera exponentiel.

Pour finir, quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait mieux connaitre son palais de vapoteur ?

Je lui conseillerais… de ne surtout pas écouter les conseils ! Il faut faire ses propres armes. Trouver une bonne boutique, et s’il n’y en a pas, réunir quelques amis de vape. Ouvrir plusieurs flacons, goûter à tout. Et surtout, goûter à ce qui, sur le papier, ne vous attire pas.

Moi qui vous parle, au début de ma vape, je n’aimais que les fruités et les épicés. À l’heure actuelle, je suis dans une grande phase boisée-fleurie. Et je sens que les sirènes des liquides gourmands vont bientôt me faire craquer. Pourquoi pas ? C’est toujours davantage de plaisir.

Si conseil il y avait, ce serait de ne pas se poser de limites. J’ai fait fondre d’amour pour la fleur de cerisier des amis qui ne vapaient que de l’anis, j’ai converti des fans de menthol aux amandes caramélisées. La vape, ce ne devrait pas être dogmatique, il ne faut jamais dire « fontaine ». La vape, c’est l’aventure.

Retrouvez toutes les aventures gustatives de Claire Dixsaut sur son site internet www.liquidlove.fr