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Pour le Dr Glantz l’e-cigarette représente une passerelle vers le tabagisme chez les jeunes

Mis à jour le 15/09/2022 à 14h45
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La conclusion de la dernière étude du Dr. Glantz sur les cigarettes électroniques n’est qu’une science de pacotille selon Michael Siegel, Université de Boston. Voici sa critique.

Stanton Glantz, un médecin américain directeur du "Center for Tobacco Control Research and Education" cumule les études très négatives à l'égard de l'e-cigarette

Stanton Glantz, un médecin américain directeur du “Center for Tobacco Control Research and Education” cumule les études très négatives à l’égard de l’e-cigarette

Une nouvelle étude publiée en ligne ce mois-ci dans le « Journal of the American Medical Association Pediatrics » (JAMA), prétend offrir des preuves qui montrent que les cigarettes électroniques « aggravent l’épidémie de tabac parmi les jeunes ».

Cette étude publie les résultats d’un échantillon transversal d’adolescents interrogés en 2011 et 2012 dans l’enquête nationale sur le tabagisme des jeunes (« National Youth Tobacco Survey »). Il fut demandé à ces jeunes de donner leur statut de fumeur ainsi que leur utilisation des cigarettes électroniques, qu’ils aient déjà fumé ou qu’ils soient des fumeurs réguliers (au moins une fois au cours du dernier mois).

Cette étude révèle que l’utilisation de cigarettes électroniques est associée au statut de fumeur. En outre, l’utilisation d’e-cigarettes est associée à un tabagisme plus prononcé et à des périodes plus courtes d’abstinence tabagique.

L’étude conclut en affirmant que « l’utilisation de cigarettes électroniques aggrave plus que n’améliore l’épidémie de tabac parmi les jeunes ».

(Voir: Dutra LM, Glantz SA. Electronic cigarettes and conventional cigarette use: a cross-sectional study. Publié en ligne le 6 mars 2014. JAMA Pediatr. doi:10.1001/jamapediatrics.2013.5488.)

Les auteurs de cette étude ont commis une des plus graves erreurs de l’épidémiologie

Ils ont ignoré le principe qui veut que « corrélation ne veut pas dire relation de cause à effet ».

Dans leur étude, ils ont trouvé une corrélation entre l’utilisation des cigarettes électroniques et des niveaux plus élevés et soutenus de tabagisme. Mais en raison du fait qu’il s’agit d’une étude transversale, ils ne peuvent pas déterminer ce qui vient en premier. En d’autres termes, quelle est la direction du lien de causalité ? L’utilisation de cigarettes électroniques précède et incite au tabagisme ? Ou bien le tabagisme précède et incite à l’utilisation de cigarettes électroniques ?

Le problème est que dans cette étude transversale, il n’y a aucun moyen de déterminer la direction du lien observé.

Les auteurs admettent cela dans leur étude : « Il s’agit d’une étude transversale qui nous permet d’identifier que des associations, pas de liens de causalité ».

En outre, ils renforcent plus concrètement ce point plus loin dans le document : « la nature transversale de notre étude ne nous permet pas d’identifier si les adolescents commencent à fumer en utilisant des cigarettes traditionnelles puis passent (généralement double usage) aux cigarettes électroniques ou vice-versa… ».

Par conséquent, les auteurs reconnaissent volontiers qu’il est impossible de déterminer à partir de cette étude si la cigarette électronique incite à fumer ou si le tabac incite à expérimenter la cigarette électronique.

Quoi qu’il en soit, ceci n’a pas empêché les auteurs de tirer une conclusion. Ils concluent, malgré leur incapacité avouée de tirer une telle conclusion que : « l’utilisation de cigarettes électroniques aggrave plutôt que n’améliore l’épidémie de tabac parmi les jeunes ».

En d’autres termes, bien qu’ils aient reconnu qu’ils ne peuvent pas dire en se basant sur leur étude si l’utilisation de cigarettes électroniques précède le tabagisme ou si c’est le tabagisme qui précède l’utilisation de cigarette électronique, ils ont tout de même tiré la conclusion que l’utilisation de cigarettes électroniques précède le tabagisme.

A mon avis, il n’existe qu’une seule explication à cela : Le Dr. Glantz ne respecte plus les règles de la science. Il est désormais investi d’une mission, à savoir détruire l’industrie de la cigarette électronique et éliminer la cigarette électronique comme une option à disposition des fumeurs pour arrêter de fumer. Il a apparemment tiré la conclusion prédéterminée que les cigarettes électroniques aggravent l’épidémie de tabac parmi les jeunes et il ne s’arrêtera devant rien pour tirer cette conclusion et la faire circuler au public.

Apparemment, la science n’a plus d’importance. Vous pouvez reconnaitre qu’une étude ne vous permet pas de déterminer la direction d’une relation mais vous pouvez cependant tirer une telle conclusion quoi qu’il en soit. Honnêtement, c’est de la science de pacotille, et c’est aussi mauvais que les raisons pour lesquelles nous avons attaqué l’industrie du tabac par le passé.

Savoir si l’utilisation de cigarettes électroniques précède le tabagisme ou vice-versa est une question cruciale mais c’est une question à laquelle il faut répondre par des recherches longitudinales. Nous avons besoin d’études qui suivent la trajectoire du tabagisme chez les jeunes / utilisation de cigarettes électroniques au fil du temps. C’est la seule façon de déterminer ce qui vient en premier.

Le problème avec ce que le Dr. Glantz a fait est qu’il a déjà fait circuler la « réponse » à cette question très importante sans même avoir effectué des recherches. Cela évite d’effectuer ces recherches car il est trop tard. La réponse a déjà été circulée et elle aura un impact sur d’importantes politiques publiques ainsi que des décisions cliniques.

Un autre problème avec ce qu’a fait le Dr. Glantz est que son étude est fondamentalement malhonnête. En fait, il a menti au public sur la science en matière de cigarettes électroniques. Il sait pertinemment bien – comme il l’a reconnu – que cette étude n’offre aucun élément de réponse quant à savoir si les cigarettes électroniques précèdent et incitent au tabagisme ou si les jeunes, qui sont des fumeurs plus chevronnées et plus dépendants, sont plus susceptibles d’expérimenter avec des cigarettes électroniques. Quoi qu’il en soit, il affirme au public qu’il a répondu à cette question et que la réponse est que l’utilisation de cigarettes électroniques précède et incite au tabagisme. Ceci revient à mentir au public.

C’est ce que faisait l’industrie du tabac. Ce n’est pas la façon dont nous, qui sommes engagés dans la lutte antitabac, devrions faire notre travail.


Traduit de l’anglais depuis l’article original : http://tobaccoanalysis.blogspot.co.uk/2014/03/conclusion-of-new-glantz-study-on.html