Vous êtes ici : Vaping Post » Etudes sur la cigarette électronique » La nicotine absorbée par le « vapotage passif » est minime et sans répercussion sur la santé

La nicotine absorbée par le « vapotage passif » est minime et sans répercussion sur la santé

Mis à jour le 21/02/2024 à 16h47
    Annonce

Une étude espagnole publiée en septembre conclut que l’entourage du vapoteur serait exposé à la nicotine. Alors que ce genre de conclusion pourrait facilement venir renforcer les craintes d’un vapotage dans les lieux publics, le chercheur grec Konstantinos Farsalinos prend les devants et critique fermement les résultats de cette étude. Voici ses propos.

L’entourage du vapoteur serait exposé à la nicotine. Quels risques cela pose-t-il ?

Voici les propos traduits de l’anglais du Professeur Konstantinos Farsalinos :

Nicotine : La vape ne présenterait pas de risque véritable risque pour l'entourage selon l'interprétation d'une récente étude.

Nicotine : La vape ne présenterait pas de risque véritable risque pour l’entourage selon l’interprétation d’une récente étude.

Une nouvelle étude évaluant le vapotage passif a récemment été publiée dans le journal Environmental Research [1]. Cette étude s’est penchée sur les taux de nicotine présents dans les domiciles des vapoteurs et des fumeurs de cigarettes traditionnelles (par rapport aux non-fumeurs) et a mesuré les niveaux de cotinine salivaire et urinaire chez les non-fumeurs exposés au tabac et aux cigarettes électroniques dans leur habitation.

Le point principal qui ressort de cette étude est que le « vapotage passif » entraine une absorption de nicotine chez ceux qui ne fument ni cigarette de tabac, ni cigarette électronique, à des taux identiques à ceux des personnes exposées à la fumée de tabac. Les personnes exposées à plus de 7 cigarettes de tabac par jour avaient des niveaux de cotinine plus élevés (par conséquent, la nicotine a été absorbée suite à une exposition passive).

Tout d’abord, le fait que la nicotine soit libérée dans l’air ne surprend personne. Etant donné qu’un volume important de vapeur est exhalé, et compte tenu du fait que l’absorption de nicotine est moindre que lorsque l’on fume du tabac, la nicotine est probablement exhalée par le consommateur (j’emploie le mot « probablement » car nous avons besoin de plus de preuves pour en être sûr). Cependant, nous devrions évaluer les répercussions sur la santé de l’exposition à de tels niveaux de nicotine.

Est-ce que cela signifie que le vapotage passif puisse conduire à une dépendance à la nicotine ?

Est-ce que cela signifie que la nicotine est absorbée à des niveaux tels qu’elle pourrait s’avérer nocive pour l’entourage ?

La réponse à ces deux questions est NON. L’exposition passive aux cigarettes électroniques s’est traduite par un taux moyen de cotinine salivaire de 0.24ng/ml alors que dans le groupe de contrôle (non-exposé aux cigarettes de tabac ou aux e-cigarettes), ce taux était de 0.05ng/ml.

Chez les fumeurs, le taux de cotinine salivaire dépasse les 300ng/ml, en particulier chez ceux qui consomment plus de 20 cigarettes par jour. Par conséquent, le taux de cotinine chez les « vapoteurs passifs » est approximativement 1200 fois moins élevé que chez les fumeurs actifs. Le même groupe de recherche avait déjà relevé il y a quelques années un taux de cotinine de 146ng/ml chez les fumeurs consommant 15 cigarettes par jour. Ce qui est 610 fois plus élevé que le taux décelé chez les « vapoteurs passifs ».

[…] le vapotage passif entraine une consommation journalière de nicotine de 0.025mg. Un tel niveau est non seulement inoffensif mais n’a absolument aucun effet biologique, même d’après les plus strictes définitions règlementaires. -K. Farsalinos

Etant donné que la cotinine est directement associée à la dose totale de nicotine absorbée quotidiennement, et si l’on part du principe que les fumeurs de 15 cigarettes par jour consomment 15mg de nicotine et affichent un taux de cotinine de 146ng/ml, alors nous pouvons déduire que le vapotage passif entraine une consommation journalière de nicotine de 0.025mg. Un tel niveau est non seulement inoffensif mais n’a absolument aucun effet biologique, même d’après les plus strictes définitions règlementaires.

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), a défini pour la nicotine la dose la plus faible pour laquelle on observe un effet indésirable (LOAEL). Cette limite a comme effet toxicologique d’accélérer le rythme cardiaque, ce qui est faux car l’accélération du rythme cardiaque n’implique pas d’effet indésirable à long-terme [ndlr : Konstantinos Farsalinos est cardiologue].

D’après la définition, NOAEL (qui correspond à un niveau bien inférieur au LOAEL) est défini comme : « Un taux d’exposition auquel il n’existe aucune augmentation significative en termes statistique ou biologique de la fréquence ou de l’intensité des effets indésirables entre la population exposée et son contrôle approprié. Certains effets pourraient être observés à ce niveau mais ils ne sont pas considérés comme indésirables ni comme précurseurs d’effets indésirables ».

[…] le taux de nicotine absorbé par le « vapotage passif » est non seulement inoffensif mais ne produit même pas d’effet biologique. -K. Farsalinos

Ainsi, d’après la définition de l’EFSA, il ne s’agit pas d’un LOAEL (ni même d’un NOAEL), mais bien moins que cela. La dose fixée par l’EFSA est de 0.008mg/kg de poids corporel pour l’ingestion, taux dérivé des calculs liés aux injections intraveineuses de nicotine, qui ont montré qu’administrer 0.0035mg/kg de poids corporel entrainait une forte accélération du rythme cardiaque. Pour un être humain de 75kg en moyenne, cela correspond à 0.26mg (10 fois plus que les 0.02mg/jour relevé suite à l’exposition passive à la cigarette électronique).

[…] il n’existe aucune donnée scientifique qui pourrait interdire les e-cigarettes dans les espaces publics. -K. Farsalinos

En conclusion, le taux de nicotine absorbé par le « vapotage passif » est non seulement inoffensif mais ne produit même pas d’effet biologique (ni même d’accélération du rythme cardiaque). Si l’on envisage la possibilité qu’autoriser la consommation de cigarettes électroniques dans les lieux publics puisse motiver les fumeurs à passer à l’e-cigarette, il n’existe aucune donnée scientifique qui pourrait interdire les e-cigarettes dans les espaces publics.


[1] : Cigarettes vs. e-cigarettes: Passive exposure at home measured by means of airborne marker and biomarkers – Montse Ballbè et Al. DOI: 10.1016/j.envres.2014.09.005

Traduit de l’anglais d’après l’article original sur Ecigarette research