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Clive Bates : un guide de lecture pour les études sur “l’effet passerelle”

Mis à jour le 15/09/2022 à 14h44
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Clive Bates propose un guide d’évaluation en huit points pour décrypter les études qui suggèrent ou semblent démontrer l’existence d’un « effet passerelle » du vapotage vers le tabagisme et mettre en évidence les motivations politiques qui se cachent souvent derrière.

1. Définir “l’effet passerelle”

Pour analyser les études qui abordent la question de la passerelle de la vape vers le tabac, il est nécessaire de disposer d’une définition. Clive Bates suggère celle qu’il utiliserait : il y a un effet passerelle nocif, si des jeunes qui n’auraient pas fumé se mettent à vapoter et si, parce qu’ils ont vapoté, ils développent un tabagisme consolidé qu’ils n’auraient pas développé autrement.

passerelle

Avec cette définition, la question posée est celle du vapotage qui induit le tabagisme. Elle pose la question de ce qu’il se serait passé en l’absence d’e-cigarettes ? Quelque chose de bien difficile à prévoir, selon le britannique, et qu’aucune étude à ce jour n’a réussi à faire, on ne sait pas comment elles le pourraient.

2. Vérifier avec la réalité

Si la cigarette électronique crée réellement un effet passerelle vers le tabagisme, où sont alors les nombreux jeunes fumeurs qui devraient apparaître de l’autre côté de cette passerelle ? Avec le constat du déclin plus rapide du tabagisme, le scepticisme devrait prévaloir affirme le britannique.

Il revient sur les dernières données américaines, car dans les faits, aux Etats-Unis, le recul du tabagisme des adolescents s’accélère.

Le tabagisme décroitrait-il encore plus vite sans la cigarette électronique ? Le taux de déclin entre 2013 et 2015 est le plus important dans les données disponibles et il coïncide avec la montée de l’e-cigarettes : ce taux aurait il été encore plus élevé sans la présence du vaporisateur ? Quelle théorie pourrait expliquer la chute du tabagisme si les e-cigarettes avaient un effet passerelle ? questionne encore le blogueur anglais.

3. Expérimenter la cigarette avant l’e-cigarette ou l’inverse, importe peu

passerelle-pont-arts-jeunesL’ancien directeur de ASH insiste sur la consolidation des habitudes. Pour lui, l’ordre d’expérimentation de l’e-cigarette ou de la cigarette importe peu. Il est préférable de raisonner sur la période précédant la consolidation des habitudes. La question de la passerelle ne se pose que si l’habitude de vaper provoque celle de fumer, et si cette dernière ne serait pas apparue autrement.

4. Définir les “fumeurs” et les “vapoteurs” ?

Une enquête qui considère qu’un jeune est vapoteur ou fumeur dès lors qu’il admet avoir pris au moins une fois une bouffée d’une e-cigarette ou d’une cigarette ne produit aucune information sur les habitudes de consommation mais exclusivement sur l’expérimentation explique Clive Bates.

Une approche réaliste devrait s’intéresser à l’habitude de vapoter ou de fumer associée à une utilisation fréquente – plusieurs fois par semaine ou par jour. Mesurer l’expérimentation est inutile ajoute Clive Bates car l’utilisateur peut s’en tenir là et ne poursuivre ni avec l’un ni avec l’autre des produits. En ne mesurant que l’expérimentation, les auteurs n’ont aucune idée sur les utilisateurs réguliers.

5. Les e-cigarettes utilisées contiennent-elles de la nicotine ?

La plupart des théories de la passerelle s’appuient sur certains modèles de la dépendance à la nicotine. Elles sous-tendent que les adolescents deviendraient accros à la nicotine avec la cigarette électronique puis continueraient avec la cigarette qui leur apporterait un meilleur “shoot” de nicotine.

nicotineCependant, seule une petite minorité d’adolescents rapporte utiliser de la nicotine dans les cigarettes électroniques. Selon une enquête de l’Université américaine du Michigan 22% utilisent des e-liquides nicotinés. Pour Clive Bates, si l’étude n’a pas vérifié l’utilisation de nicotine, elle n’apport pas grand chose au débat.

6. Liens de causalité, de corrélation et confusion

Admettons qu’une étude révèle une association marquée entre deux comportements A (par exemple vapoter) et B (par exemple fumer) et qu’elle constate que quelqu’un qui vape ou a vapé dans le passé, fume ou a fumé dans le passé. Trois mécanismes peuvent expliquer ce phénomène.

  • A provoque B : c’est l’«effet passerelle» ;
  • B provoque A : l’utilisation de l’e-cigarette ne se produit que chez ceux qui ont fumé, causalité inversée ;
  • C (un troisième ou un ensemble de facteurs) provoque à la fois A et B : peut-être que les mêmes choses qui incitent les adolescents à fumer les incitent à vapoter, comme par exemple le tabagisme parental, la nature rebelle, le groupe de pairs…  Plus généralement, cet effet est connu comme “confusion”. C’est pour le britannique l’option qui fait le meilleur sens pour expliquer une forte corrélation entre le vapotage et le tabagisme.

7. La “prédisposition à fumer” peut-elle être mesurée avec fiablité ?

Certaines études tentent de surmonter le problème de la “confusion” en introduisant le concept de «prédisposition» à fumer ou vapoter, celui-ci dépendrait de caractéristiques personnelles. Si un grand nombre de personnes, non-prédisposées à fumer, passent de la vape au tabagisme, alors l’étude aura peut-être trouvé des preuves d’un effet passerelle.

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La façon habituelle d’évaluer une prédisposition est de demander aux jeunes s’ils ont l’intention de fumer à l’avenir. À moins qu’ils ne répondent «non, jamais», ils sont considérés comme “prédisposés”. Néanmoins, les changements d’avis sont courants chez les adolescents dont l’attitude vis à vis du tabagisme peut être radicalement influencée avec de nouveaux amis par exemple.

Pour évaluer l’intérêt de mesurer la “prédisposition”, il faudrait savoir combien de personnes prédisposées vont effectivement fumer. Si la fraction est modeste, l’utilisation dans l’autre sens n’est sans doute pas meilleure pour montrer que des adolescents «non prédisposés» vont vaper ou fumer.

8. La “passerelle vers la sortie” du tabagisme est-elle étudiée ?

exit-passerelleL’étude s’intéresse-t-elle aux personnes qui ont fumé et qui vapent ? Tous les chemins possibles entre tabagisme et vapotage sont ils explorés ?  Présenter seulement le changement de comportement des vapoteurs et des non fumeurs crée une forte distorsion dans la description des interactions entre tabagisme et vapotage.

Pour Clive Bates, il est clair que ne traiter que d’une partie des transitions possibles entre les produits de la nicotine est un aveu implicite de la partialité des chercheurs.

Conclusion

Selon le professionnel de santé anglais, il y a trop de papiers académiques partiaux qui rendent des conclusions fondées sur des données et des méthodes qui, en réalité, ne décrivent pas d’effet passerelle.

Les données actuelles sur le tabagisme des jeunes montrent un déclin rapide et à un rythme plus rapide depuis que le vapotage augmente. En réalité, le tableau complet des informations disponibles est bien plus compatibles avec l’hypothèse d’une passerelle de sortie du tabagisme.

Si les militants anti-tabac, les législateurs et les politiciens réalisaient que la vape est bien plus susceptible de réduire le tabagisme chez les adolescents que de l’augmenter, ils pourraient être moins enclins à empiler à l’extrême réglementations et coûts sur ces produits. Ces charges et restrictions compromettent les options disponibles pour les adultes pour qu’ils embrassent le vapotage .

 


D’après l’article de Clive Bates : How not to be duped by gateway effect claims